Anti-submersion de Loix, travaux presque finis…

Prémunir nos villages de l’île de Ré contre la submersion marine ne se fait pas en claquant dans les doigts. En amont, la formulation des projets, les procédures administratives, puis leur acceptation ça prend un temps fou. Et concrètement,  les voir aboutir définitivement, c’est long aussi.

Lorsque j’ai commencé à m’intéresser au sujet, je n’avais aucune idée des délais nécessaires. En allant régulièrement sur le terrain et en faisant des reportages sur les digues, j’ai beaucoup mieux compris pourquoi.

Ainsi la protection du village de Loix n’est aujourd’hui pas tout à fait terminée. Souvenons-nous du lancement des travaux, le 27 février 2016, en présence du préfet et de Dominique Bussereau, président du Conseil départemental.  Il faudra presque trois années concrètes de reconstruction pour que l’intégralité du système anti-submersion arrive à son terme.

LE BATARDEAU DU PORT.

Lors de la tempête Xynthia, en février 2010, la mer est passée par le port, qui s’est avéré un point faible. Lundi 24 septembre 2018, un premier essai d’installation du batardeau a été réalisé.

Port de Loix - 1er essai batardeau - 24 septembre 2018
24 septembre 2018.

Ce batardeau est composé de lattes d’aluminium, qu’il convient d’empiler les unes sur les autres pour constituer une sorte de mur anti-submersion. Il y a au total 55 lattes à monter, à raison de 5 lattes X 11 panneaux .

Au bas mot il faut compter deux bonnes heures pour installer le tout, poteaux + lattes.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Au pied de la première latte, celle qui repose sur le sol, il y a un joint noir pour empêcher l’eau de passer. Et sur le bord de chaque latte, il y a également un joint d’étanchéité. La technologie est allemande, l’entreprise qui les conçoit est à Düsseldorf.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Lundi dernier, il s’agissait du premier essai, mené par le Groupement Guintoli/NGE GC, à qui, en son temps, a été confié le marché de la construction de la protection de Loix. Les services de la maîtrise d’oeuvre et de la maîtrise d’ouvrage du Département étaient présents pour s’assurer de la bonne exécution.

Rien ne peut être bien évidemment validé tant que tout n’est pas correctement au point. Le batardeau du port de Loix doit encore faire l’objet d’ajustements, tant au niveau de la rectiligne du sol qu’au niveau de l’implantation des poteaux qui supportent les lattes d’aluminium.

Une fois ce premier essai terminé, l’ensemble a été démonté dans la foulée. Pour que le batardeau ne soit définitivement opérationnel, des éléments sont donc à revoir. Cela va prendre encore un petit temps. Néanmoins, il devrait être  en place avant le prochain hiver.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Ce n’est qu’à l’issue de la validation de l’ensemble du dispositif de protection du village que la digue pourra être  définitivement livrée par le Département à la Communauté de Communes. Laquelle pourra alors assurer son suivi et son entretien dans le cadre de la compétence GEMAPI (Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations). En parallèle, une convention devra être signée entre la CDC et la commune de Loix afin que la manoeuvre d’installation du batardeau lui soit déléguée.

Les employés communaux de Loix seront alors sollicités pour monter le batardeau, si une alerte submersion était lancée par la Préfecture. Lundi, ils étaient à pied d’oeuvre pour commencer à apprendre la manip.

Le batardeau mesure 32 mètres. Sa hauteur est à la cote Xynthia + 20.

Vraisemblablement, une partie de la structure, six ou sept panneaux, devraient rester en place pendant l’hiver, en laissant toutefois le passage pour les véhicules et les bateaux des utilisateurs du port. Et dès le printemps, la structure devrait être entièrement démontée.

Port de Loix - 1er essai batardeau - 24 septembre 2018
24 septembre 2018.

 

DEUX AUTRES PORTES ANTI-SUBMERSION.

L’une est à l’entrée de la piste cyclable derrière le moulin à marées. Elle est installée depuis mars.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Et une autre, positionnée en haut des marches qui descendent de la digue, en face de la Fosse de Loix, est encore en finition.

Port de Loix - Porte anti-submersion digue - 24 septembre 2018
Digue de la Fosse de Loix – 24 septembre 2018.

La partie dite OUEST MOULIN, du côté des marais, a fait l’objet d’un chantier particulier de protection. Depuis que des palplanches en acier ont été fichées dans les sols, la végétation naturelle commence à reprendre sa place.

Protection Loix - Devant les marais - 24 septembre 2018
24 septembre 2018.

D’ici quelques mois, le rideau de palplanches devrait être complètement habillé par les plantes sauvages, ainsi que le croquis, daté de 2013, le prévoyait.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Pourtant, les travaux, à cet endroit, ont été particulièrement délicats. Au bord des marais, le sol est vaseux. Les équipes ont travaillé dans des conditions pas toujours faciles. Nous pouvons que saluer la performance réalisée.

Petit retour en arrière. Mi-janvier les sols ont été préparés, là où la ligne de palplanches doit être enfoncée.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Trois jours plus tard, le 22 janvier, ça y est, la première palplanche est fichée dans le sol. En langage technique BTP, on appelle ça “ battre les palplanches ”.

Protection Loix - Devant les marais - 22 janvier 2018
22 janvier 2018.

Cette première palplanche sert de témoin pour la suite du chantier. Avec d’infinies précautions, la machine tape dessus. Le sol tremble. Au fur et à mesure de l’enfoncement, un appareil mesure les vibrations. Il est muni d’une alarme en cas de dépassement du seuil vibratoire, celui tolérable pour les bâtiments des habitations proches. L’anticipation prévaut…

Ce diaporama nécessite JavaScript.

A cet endroit, la  vue sur les marais sauvages est particulièrement attractive.

Entre temps, quelques tamaris ont laissé un peu de leur peau. C’était prévu et inévitable. En amont, les prescriptions environnementales ont bien précisé de conserver tout ce qui était possible, et au pire d’arracher.

A la fin du chantier de nouveaux tamaris ont été replantés. Cela me sidère toujours de constater combien les équipes qui travaillent sur de tels lieux sont positives quant à l’évidente repousse de la végétation. Ces hommes et femmes ont l’expérience et l’habitude, alors que nous profanes, nous nous inquiétons.

Le décaissement du sol a découvert aussi quelques surprises. Ainsi de vieux morceaux de ferrailles ont été exhumés. S’agit-il des rails du petit train de l’île de Ré ? Pour autant, il ne passait pas par là ! Les Anciens ont sans doute utilisé de tels vestiges pour consolider le sol. Qui sait ? Et pourquoi ?

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Au total, 200 palplanches ont été fichées dans le sol, sur une profondeur de cinq mètres. La partie extérieure, visible, est d’un peu plus d’un mètre. Elle est en  conformité avec les éléments du PAPI (Programmes d’Actions de Prévention des Inondations), à la cote Xynthia + 20.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

L’entreprise Etchart, mandatée pour cette partie du chantier, avance très vite. Le 1er février le rideau de palplanches se dessine. Des soudures sont réalisées pour maintenir les éléments entre eux.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Le 9 mars, lorsque je reviens sur le chantier, je m’aperçois que les 216 mètres de protection sont terminées. Le mur ainsi édifié assure la continuité du système de protection. Il devrait permettre d’éviter un contournement des eaux en cas d’inondation.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Fin mars, des ganivelles ont été installées pour circonscrire l’endroit où ont été plantés les nouveaux tamaris.

Mi-juin, ça pousse bien ! Il est vrai qu’il a bien plu en avril et début mai. Cela a fort heureusement favorisé la reprise des plantations.

L’OUEST DU MOULIN A MARÉES – AVANT – APRES.

En vidéo, voici quelques images de l’important dispositif mis en oeuvre :

 

 

SUR LE PORT.

Le muret a été fini début février. Il mesure 65 cm de hauteur. Il a été recouvert de pierres blanches et son bâti a été peint.

Loix - Muret port - 17 janvier 2018
1er février 2018.

C’est au bout de ce muret que viennent s’accrocher les éléments du batardeau.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

LA DIGUE ELLE-MÊME

Elle est terminée. Cet été les piétons ont pu y circuler. Quant aux vélos, ils ont retrouvé leurs pistes cyclables préférées.

Loix - Digue - 24 septembre 2018
24 septembre 2018.

 

Pour les travaux de digue, proprement dits, je vous propose un petit retour en arrière.

Mi-janvier, les derniers cailloux qui n’ont plus d’utilité sont embarqués pour être stockés sur un terrain à l’île de Ré, appartenant au Conseil départemental. Les murets de la digue sont terminés. il reste encore à parachever quelques mètres du revêtement du cheminement destiné aux passages des engins d’entretien de la digue.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Toujours mi-janvier, le pas d’accès de la Grande Tonille, utilisé par les ostréiculteurs, il est en cours de finition. Toutefois les professionnels ont continué leur activité via un accès provisoire.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Quinze jours plus tard, le site retrouve une physionomie plus tranquille. Même le petit pont provisoire, édifié spécialement pour le passage de l’approvisionnement des grosses pierres de la digue, n’est plus.

Aujourd’hui, il reste encore à finir le revêtement de la piste cyclable, du côté de la Tonille. La piste cyclable va être fermée pendant un mois, le temps du séchage, de fin octobre à fin novembre 2018.

LA RÉFECTION DU PORT.

Tout ce qui précède concerne la protection de Loix elle-même. Cependant, en parallèle, d’autres travaux ont débuté sur le port en novembre 2017. Ce site n’est pas communal. Il appartient au Conseil départemental qui en assure l’entretien et la gestion.

Déjà depuis trois ans, des travaux y ont été engagés : la réfection de la passerelle, la réfection de la levée et du cheminement cyclable du port vers la Couarde, et l’électrification de la pelle du moulin à marées.

Ces nouveaux travaux  sont complémentaires. Le budget s’élève à 250 000 €. Mais ils ne font pas partie du PAPI de Loix.

Loix - Port - 24 septembre
24 septembre 2018.

Il y a déjà un bon bout de temps que chacun sait que ce port nécessitait une importante rénovation. Les murs de soutènement présentaient un bombement, par endroits il était de 40 cm. De plus ils étaient très dégradés. Le chantier a été confié à l’entreprise Etchart.

Mi-janvier, les grandes manoeuvres se sont poursuivies.

Loix - Travaux port - 17 janvier 2018
17 janvier 2018.

 

Comme pour la construction de la digue de Loix, il faut creuser une bêche, une travée, au pied des murs de soutènement. Le perré, la couverture, est en béton armé.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Lorsque la mer est haute, alors qu’il faut atteindre les côtés du port, une plateforme amphibie s’impose. Notamment pour déposer et reposer les pierres de taille du soutènement et pour piqueter les vieux joints.

Loix - Travaux port - 17 janvier 2018
17 janvier 2018.

 

Les couches de béton sont coulées les unes sur les autres.

Janvier est un mois généralement boueux. Chapeau aux équipes qui bossent sur le chantier ! Elles ne s’arrêtent pas, qu’il vente ou qu’il pleuve.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

L’Architecte des Bâtiments de France (ABF) a préconisé la réfection des parements en maçonnerie traditionnelle. La pierre blanche vient d’une carrière de Charente.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Début février le lieu est toujours boueux. Mais le chantier avance, même si les équipes doivent parfois reprendre ce qu’elles ont déjà fait, afin que la réalisation soit conforme aux préconisations et autorisations.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Les coefficients de marée de mi-avril sont propices à un nouveau moto-dévsage du port. Le passage du Mer d’Antioche, bateau du Conseil départemental, ne peut se faire qu’à marée descendante. Le dernier remontait à avril 2016.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Pendant la période de nidification, les travaux sont arrêtés. Nous sommes en site classé et Natura 2000. Donc, priorité aux oiseaux. Cette interruption explique aussi l’allongement du chantier en semaines, voire mois.

Loix - Travaux port - 30 mai 2018
30 mai 2018.

Début mai, les travaux peuvent reprendre. Et tant mieux, il fait beau. Le chantier avance plus vite.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Mi-juin, on peut apercevoir nettement les nouveaux contours du port.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Les maçonneries de l’escalier ne semblent pas neuves, alors que tout a été entièrement repris. Quelques marches anciennes ont été conservées.

Le radier de la cale ainsi que le mur de soutènement du terre-plein sont de nouveau bien droits, le bombement n’est plus qu’un vieux souvenir. Les pierres neuves s’intègrent dans les anciennes qui ont été conservées. L’ensemble a été rejointoyé avec un mélange chaux-ciment.

Sur la partie la plus avancée en mer, il reste aujourd’hui encore quelques pierres à poser. Ce n’est qu’une question de jours pour que l’ouvrage soit terminé.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Quant à  l’esplanade, elle doit être entièrement re-aménagée car la circulation est là de plus en plus intense. Le plan de circulation, y compris celui des vélos, et le plan de stationnement seront concertés avec l’Association des Amis du Port de Loix. Mais cela est une autre histoire, que j’aurai l’occasion de vous relater.

En haut du port, qui peut dire se lasser de la perspective vers la mer ?

Loix - Port - 24 septembre
24 septembre 2018.

A bientôt pour la suite du reportage.

 

3 réflexions au sujet de « Anti-submersion de Loix, travaux presque finis… »

  1. Bonjour,
    Comme beaucoup de locaux (en tant que lagordais, nous nous considérons comme tels), nous adorons ce petit port de Loix et en avons suivi par de fréquents passages l’avancement du chantier.
    Grâce à vous nous avons compris les raisons de cette durée, des interruptions… et nous sommes longtemps interrogés sur le batardeau du port.
    A la vue de ces images, une question demeure : lorsque l’on connait la pression de l’eau, comment peut-on être certain que l’ensemble (sur une telle longueur) résistera à la poussée de l’eau ?… Ne risque t-on pas un arrachage des poteaux ?… A vrai dire, le système me laisse très perplexe… Qu’en pensent les autres amoureux de Loix ?… Amicalement.

    1. Bonjour, je crois que nous devons faire confiance aux ingénieurs qui se sont penchés sur le sujet. En amont de la réalisation des digues, toutes sortes d’études sont menées, et notamment des études de danger. C’est, entre autres, à partir de cela que sont définis la forme du batardeau, le nombre de lattes et de poteaux, le matériau à utiliser, et l’emplacement même du batardeau, etc… Et puis il s’intègre dans un système, réfléchi globalement pour la protection du village. J’espère avoir répondu à votre questionnement, bien légitime toutefois. Amicalement maryline

Laisser un commentaire