La plage de la Conche des Baleines est une des plus belles de l’île de Ré. Il n’y a pas si longtemps de cela, le petit train passait sur la dune. Vous imaginez le bonheur d’une balade un peu dolente, sous le soleil, avec une telle vue ? La Conche s’étend sur cinq kilomètres, jusqu’à Trousse-Chemise.
Le problème de l’érosion se pose aujourd’hui sur près de trois kilomètres, et de nouveau à la Patache, aux Portes-en-Ré, ça recommence. Le pas de Zanuck à Saint-Clément des Baleines a souffert cet hiver. Les assauts des marées, en particulier celle de fin décembre 2012, et les coups de vent ont une nouvelle fois décapé la plage. Encore heureux qu’il n’y ait pas eu de grosses tempêtes ! En mars dernier, la commune en a fermé l’accès en prenant un arrêté. Depuis, la zone est impraticable et interdite au public.
« En trois ans, trente mètres ont été mangés, plus quinze mètres de nouveau cet hiver » assure Gilles Duval, le maire de cette commune du canton nord de l’île de Ré, en se désolant que rien n’ait pu bouger jusqu’à lors.
L’érosion éolienne est implacable partout en France, et pas seulement dans l’île de Ré. Elle n’est pas reconnue par l’Etat dans le cadre des PAPI (Programmes d’Action et de Prévention des Inondations), qui ne sont validés que pour la reconstruction des digues.
Ça me serre le coeur de voir ces racines de tamaris à nu…
Il y a un an, l’AVSCB (Association de Valorisation de Saint-Clément des Baleines) avait lancé une pétition, recueillant plus de 5000 signatures. Elle alertait les pouvoirs publics sur la dégradation de la Conche, et les nécessaires défense et protection.
Ces jours-ci ça bouge !
Trois chantiers débutent sur la Conche, sur trois sites endommagés par la marée de décembre. Les dossiers de validation des travaux ont été acceptés par la DREALE et la Commission des sites. L’écotaxe rétaise, perçue par les passages du pont de l’île de Ré, tout comme l’écotaxe communale attribuée à Saint-Clément des Baleines, vont être utilisées afin d’effectuer les premiers pansements en prévision de l’été.
Au Pas de Zanuck, l’intervention a débuté mardi. L’escalier sera tout neuf vers le 15 juin.
A l’accès des bateaux, vers la Pyramide, même topo. Un arrêté municipal, en mars dernier l’a également fermé. Cependant certains l’ont ouvert, à leurs risques et périls. La descente longue de 35 mètres, va être refaite à l’identique à partir du 20 juin. Les travaux vont durer quinze jours. Il en y a pour 40 000 €. A sa droite, l’épi de protection a été entièrement refait à neuf en avril.
Le chemin qui mène à la Pyramide va retrouver une surface plus plane et plus confortable pour les promeneurs. Du calcaire va y être ajouté sur les 200 mètres de sa longueur
Des panneaux d’information, crées par l’ONF (Office National des Eaux et Forêts), vont être posés un peu partout afin de sensibiliser le public à la protection des dunes. Ne pas marcher dessus, ne pas se faire glisser du haut en bas et pourtant c’est tentant, même pour l’adulte que je suis… Ces dunes, dames séculaires, sont vulnérables !
On le sait tous, mais cela va nous être rappelé :
Ce n’est qu’un début. Les grandes stratégies commencent. La Communauté de Communes a signé une convention avec l’ONF, établissement public lui-même missionné par le ministère de l’Ecologie et de l’Environnement durable, afin de mener à bien un programme ambitieux : trouver des solutions pérennes au problème de l’érosion éolienne. Même si l’on sait que le sable est une matière vivante et mobile.
Inventaire, état, description des lieux et réflexions seront menés au préalable des actions. A terme, la dune de la Conche des Baleines devrait être ré-alignée afin que le cordon dunaire se prête le moins possible à l’érosion marine. L’entrée de plage du Pas de Zanuck sera peut-être déplacée. Il ne s’agit plus là de défense de côtes, mais d’adaptation au phénomène… En fin d’année, des solutions seront proposées. L’écotaxe rétaise dédiée, 500 000 € au total pour toutes les actions, servira au financement du programme.
Plusieurs blockhaus sur la plage seront sans doute supprimés. Progressivement les blockhaus, construits par les Allemands pendant la Guerre de 39-45 en haut de dune, ont glissé sur la plage. Ils constituent un effet dit « Venturi », qui accélère le vent autour d’eux, en butant dessus. Ils ont servi au tournage du film « Le jour le plus long » de Darryl Zanuck, de septembre à décembre 1961, il y a donc 52 ans. Le pas a été construit pour les besoins du tournage, en permettant l’accès à la plage pour les hommes et le matériel. Le nom du réalisateur lui a été donné par la suite.
A La Patache, aux Portes-en-Ré, du 10 au 14 juin, des travaux de consolidation vont être également entrepris par l’ONF. Géo-textile et ganivelles devraient retenir le sable qui s’y est déposé cet hiver. Et à La Couarde, au Peu Ragot, des ganivelles vont être posées. Elles viennent en complément des travaux réalisés dans l’urgence, après qu’un arrêté de péril ait été signé en janvier par madame le Préfet, afin de sauver la dune qui fait office de dune-digue, en protégeant les habitations situées juste derrière.
En attendant de trouver les solutions, que les Rétais souhaitent rapides et durables, afin de préserver tous ces endroits bien précaires.