Du pilot au silo, de sel

Le pilot c’est le tas de gros sel récolté par les sauniers, qu’ils édifient jour après jour sur leurs marais pendant l’été.Pilot de sel - Ile de Ré - septembre 2015Le silo c’est l’endroit où les sauniers entreposent le sel qu’ils ont récolté pendant la saison, en prévision de la commercialisation de leur produit. Pour la soixantaine d’adhérents de la Coopérative de l’île de Ré, le lieu se situe dans l’enceinte d’Ars.Silo de sel - Coopérative Ars-en-Ré - septembre 2015

Du pilot au silo : entre ces deux étapes un travail important de manutention est réalisé, c’est le charroi du sel. Chaque année, début septembre, le gros sel est mis à l’abri même si la météo peut permettre parfois de tirer encore du sel dans les marais dans le mois qui vient. Ce ne semble pas être le cas cette fois-ci. Les marais ont vu la pluie, et pas mal de pluie cette semaine !

Saint-Clément - Charroi de sel - 10 septembre 2015

Les sauniers coopérateurs parlent aussi d’entraide. Selon un planning pré-établi, ils vont d’un marais à l’autre prêter main forte à leurs semblables, qui à leur tour, viendront leur rendre le même service. C’est aussi l’occasion de se rencontrer et d’échanger entre collègues, car pendant toute la saison le saunier est la plupart du temps seul face à son marais.

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En général le charroi de sel dure une quinzaine de jours, le temps nécessaire pour faire le tour de l’ensemble des marais salants, tous situés au nord de l’île de Ré, des Portes à La Couarde. Cette année il a débuté le 7 septembre.

Les éléments climatiques prévisionnels n’étant pas vraiment favorables, c’est une course de vitesse qui s’est engagée. Il a fallu mettre le turbo ! Dimanche 13 septembre, à 22 heures, le charroi était terminé et les silos bâchés à la Coopérative. Ouf ! même si plusieurs tracteurs se sont malencontreusement embourbés sur les bosses des marais, en raison des rafales de pluie tombées en fin de semaine.

« Décider de la date du charroi est souvent problématique. Quand on démarre on est toujours dans l’incertitude, on ne sait jamais si on a fait le bon choix. Nous avons eu de la chance de pouvoir agir, sans interruption pendant une semaine et de pouvoir boucler. Cela a représenté un gros travail et a demandé beaucoup de sérieux de la part de tous. En plus le sel est beau, aucun n’a été déclassé » explique Guy Leprince, président de la Coopérative.

Sachant qu’une remorque peut être chargée d’environ 7 tonnes, il aura fallu 250 allers et retours des marais à la coopérative pour arriver à cet énorme tas de sel.

Merci à Cathy, compagne de saunier, pour m’avoir confié quelques unes de ses photos.

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Pour passer du pilot au silo, le gros sel doit aussi franchir plusieurs épreuves : poids, humidité et qualité. Avant d’être déchargée, chaque remorque est pesée, avant et après dépose. Un échantillon de sel est prélevé, puis flashé afin de vérifier sa blancheur.

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Tenue hygiénique exigée pour décharger le sel : bottes, charlotte sur la tête, combinaisons bleues, ne s’approcher du silo que si équipé, le cahier des charges est précis.


Verdict : la récolte 2015 de gros sel est plutôt bonne, 1700 tonnes. Le grand ensoleillement et le vent d’est dominant de l’été ont produit leurs effets. Le tonnage est plus de 4 fois supérieur à celui de 2014, une année maigrichonne en sel, qui restera longtemps gravée dans les mémoires des sauniers avec ses 400 tonnes.

Cependant ils ne crient pas victoire pour autant. Il leur en faudrait encore plus, à la fois pour couvrir les besoins pour fournir la grande distribution, et aussi pour compenser les décevants résultats financiers constatés l’année dernière.

Du producteur au consommateur. Voir le sigle des sauniers de l’île de Ré en signature des conditionnements de leur sel, mettre un galet de sel dans l’eau de sa soupe, c’est aussi penser à toutes ces étapes pour en arriver là !

 

Une réflexion sur « Du pilot au silo, de sel »

  1. Une Rétaise de souche m’a gentiment fait remarquer que le mot « pilo », qui désigne le tas de gros sel sur le marais salant, se prononce « pilote », il doit donc s’écrire avec un « t » à la fin, l’orthographe exacte serait  » pilot ». En effet, les Rétais ont toujours marqué le « t » au bout des mots. C’est ainsi que sont prononcés un « canote » pour dire un canot, et un « sote » pour dire un sot. Respectons donc l’usage. Mea culpa, le titre de cet article aurait dû s’intituler « Du pilot(e) au silo, de sel. Et merci à Yvonne pour l’info de l’orthographe de ce mot ! Maryline

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