Peut-être avez-vous déjà croisé un énorme camion jaune sur les routes de l’île de Ré, un poids lourd de 18 tonnes, une jeune femme de 25 ans au volant ? Il ne passe pas inaperçu… Mathilde Longy l’utilise pour transporter ses chevaux lorsqu’elle se rend en compétition, il comporte aussi un appartement dans lequel elle vit lorsqu’elle est en concours CSI, Concours de Saut International.
De sa passion des chevaux elle en a fait son métier qui accapare 100 % de son temps. Depuis quatre ans, au lieu-dit La Caille à Loix, elle a créé son écurie, Ré L, où elle élève et entraîne ses chevaux de concours et où elle prend également d’autres chevaux en pension à l’année ou pendant les vacances.
Tout a démarré lorsqu’elle avait 4 ans. Sa soeur, Marie-Cécile, aujourd’hui ostéopathe installée à Loix et elle-même bonne cavalière, lui a inculqué le virus du poney. Après tout s’est enchaîné : shetland, pony games, concours complets à poney, cheval, Mathilde n’a jamais arrêté, avec un objectif bien ancré dans sa tête : faire de la compétition en saut d’obstacles et tutoyer les sommets…
Depuis trois ans elle est passé dans le circuit professionnel, où elle se mesure à d’autres qui ont 20 ou 30 d’ans d’expérience. Et depuis novembre 2013, elle est rentrée dans le classement Pro 2.
Pour comprendre ce monde particulier de la compétition équestre, il y a des codes, un langage. L’année dernière Mathilde a été sélectionnée au « 2 étoiles » à Barbaste près d’Agen et à Blaye. Les fameuses étoiles sont fixées par la hauteur des barres d’obstacles et les difficultés techniques. Le niveau « 5 étoiles », 1,60 mètre, est celui du Championnat du Monde qu’elle espère bien atteindre, à condition d’avoir les chevaux ad-hoc. Elle se donne dix ans… Il suffit de se placer à côté des barres d’obstacles pour se rendre compte que c’est bien haut !
Mathilde est une compétitrice née. « Trois week-ends par mois je sors en concours » indique la jeune Loidaise. A Dinard, en mai 2013, elle a fini 3ème du Grand prix CSI Lady avec un cheval de dix ans, Quatuor de Beauvoir, celui avec lequel elle fait équipe. En septembre 2013, au Master Pro 3 de Fontainebleau, épreuve du Championnat de France, elle est passée à deux doigts de la sélection finale. Elle ne se décourage pas pour autant ; au contraire, on a l’impression que ça la galvanise. Ces jours-ci elle affiche un large sourire : le week-end dernier 26 et 27 juillet, au concours international de Dinard 1 étoile, Quatuor, a sauté le Grand Prix 1,40 mètre, c’était la première fois. L’année prochaine elle envisage d’aller concourir en Norvège et au Portugal.
Parmi ses trois chevaux de selle français, elle n’a pas de chouchou : « Je les aime tous, mais Quatuor est celui de tête, c’est lui qui participe aux grandes épreuves. Souvenir a 8 ans, il est encore jeune, il est en train d’acquérir de l’expérience. Tanucci a 7 ans, on l’appelle l’Italien ! ». Pour les compétitions futures elle prépare actuellement deux chevaux de 5 ans, Vendetta et Vivaldi, et un de 4 ans Avatar. « Ça se prépare à l’avance, il faut toujours avoir un piquet ! ».
Les chevaux-athlètes sont gâtés et bichonnés. Un tapis roulant installé dans l’écurie leur sert pour la préparation physique. Elle leur fait travailler l’endurance et la répétition sur les terres rétaises, où de bon matin, on peut la croiser. Elle monte ses chevaux à tour de rôle pendant au minimum quatre heures chaque jour. « C’est comme un pianiste, je fais mes gammes ».
Afin d’améliorer sa forme, Mathilde nage à la piscine de Saint-Martin de Ré et elle pratique le Taï-chi à La Couarde-sur-Mer. Elle est coachée depuis deux ans par Vincent Blanchard, un spécialiste de Niort, reconnu dans le milieu équestre : « Avec lui je progresse beaucoup sur le travail d’obstacles ». La Caille à Loix s’avère être un bon lieu : « Les chevaux y sont au calme entre les concours, et l’air est vivifiant ».
Sa famille l’entoure et lui donne les appuis nécessaires. Betty Longy, sa maman fait office de groom. En concours elle s’occupe du cheval et prépare les barres au paddock d’entraînement.
Il y a dix jours, un grand bonheur est arrivé à l’écurie. Paeva, sa toute première jument, a mis bas d’une splendide pouliche nommée Everdeen Ré L. Cette demoiselle est née avec une liste blanche sur la tête, c’est le mot pour dire une longue tache. Elle est déjà bien vive et tient sans doute du papa, un bel étalon répondant au nom de Gentleman IV qui a acquis des palmarès dans des concours internationaux.
Vous l’avez deviné, Mathilde est très déterminée et talentueuse. J’ai fait sa connaissance en 2010, elle avait déjà cette flamme qui l’anime. Son rêve était de participer à une Coupe du monde. Elle s’en donne aujourd’hui les moyens.
Allez Mathilde, on est tous derrière toi !
