Bernard Borit miniaturise les églises rétaises

Quel est le point commun entre les modèles réduits des églises d’Ars et de La Couarde, et la crèche de La Couarde ? Toutes trois sont façonnées à partir de galets.

Et qui a réalisé ces petites merveilles ? Bernard Borit, un paroissien, habile de ses dix doigts, et résolument créatif.

Bernard Borit - 14 décembre 2016

Bernard Borit apprécie la marche. Là où ses pas le portent, à l’île de Ré ou ailleurs, il ouvre grand les yeux, à l’affût du moindre petit bidule qui traîne. Il ne rentre jamais de promenade sans un caillou dans sa poche, sans un bout de coquillage ou un petit morceau de verre ou de bois…

« J’aime les choses originales qui reflètent le pays où je me balade. J’avais entendu dire qu’autrefois une chapelle bretonne avait été recouverte de coquillages. C’est ainsi que m’est venue l’idée de réaliser l’église de La Couarde, le village où j’habite, à partir de petits galets ».

En 2013, il s’attelle au projet. Six mois plus tard, la miniature d’église est terminée.

Dans le moindre détail, elle est l’exacte réplique de l’original. « Lorsque j’ai déposé ma maquette dans l’église, j’ai eu le doute sur la réaction des gens. Finalement, elle n’a jamais quitté cet endroit. Ça m’a fait plaisir qu’elle reste à demeure ». 

Les galets sont bien blancs, plats, réguliers. J’imagine combien de kilomètres cet homme patient a dû effectuer pour arriver à dénicher LE galet qui allait parfaitement côtoyer les autres !

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Lorsque les paroissiens d’Ars l’ont découverte, ils ont eu un petit pincement au coeur. Pourquoi ne pas avoir aussi notre miniature d’église ? « Emile Gaudin m’a sollicité. Celle d’Ars est très compliquée, elle est pleine de recoins. J’y ai passé du temps, heureusement je ne compte pas mes heures, cela me ferait peur…» sourit-il. « Je l’ai offerte à Ars, l’année dernière à Noël ».

Elle est vraiment magnifique. La dentelle du clocher est bien restituée. Il y a même les horloges ! Les proportions sont parfaites.

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Bernard Borit lève le voile sur ses secrets d’élaboration : « Je vais d’abord sur place pour relever les mesures, à l’oeil et au crayon comme autrefois. Puis je travaille à partir d’images. Je construis les armatures et la charpente du toit, en bois. Après je colle les galets, je les monte comme on fait pour un mur. Ça m’évade… Si je rencontre une difficulté, j’arrête, et le lendemain ça repart bien ».

Dans son atelier, les cailloux sont classés par tailles. Certains ont des formes spéciales, ils feront l’affaire pour des détails particuliers.

Eglise d'Ars-en-Ré en galets - Décembre 2014

 

Dans quel matériau sont fait les tuiles  ? « J’utilise des pots de fleurs. Je les congèle pour que la poterie soit friable, et je la casse au marteau avec précaution ». 

Ah, comme tout cela est ingénieux !

 

EGLISE DE sAINT_martin de Ré - 20 décembre 2016

 

L’église de Saint-Martin est la prochaine sur sa liste. Déjà il en a pris les mesures. « Je l’ai en tête » dit-il. La barre est haute. Cette église imposante est plutôt tarabiscotée. Elle comporte plusieurs tours, et elle a du vécu : « Les ruines du dessus vont être intéressantes à reproduire, je vais bien trouver une idée ». 

Je lui fais remarquer qu’après cette troisième, il en aura sept autres à construire…

L’histoire ne s’arrête pas là. « En 2013, il fallait quelqu’un pour actualiser la crèche de La Couarde. Le Père Michel Cottereau m’a désigné d’office ! J’ai mis trois semaines pour l’élaborer, mais elle vieillissait mal. L’année suivante, j’en ai réalisé une seconde, en cailloux et en coquillages, j’y ai  monté des maisonnettes au-dessus et j’ai inventé l’auberge. Mon cousin germain Marc Fabre, qui est mon chef électricien, a installé des lumières à l’intérieur, l’agencement est sophistiqué. Et cette année, j’ai complété l’ensemble, en y rajoutant un phare ».

Durant 35 ans, Bernard Borit a exploité sa ferme marine à La Passe, à La Couarde. Palourdes, crevettes impériales, huîtres haut de gamme, ont été son lot quotidien. Ce qui explique son penchant naturel pour le monde ostréicole, et la ré-interprétation qu’il fait des coquillages.

Cette crèche est étonnante. Chaque détail compte. Les coquilles d’huîtres, de saint-jacques, de vanets, de pétoncles, de palourdes prennent une grande place dans le décor. Des bouts de verre, usés par les vagues, sont devenus vitraux.

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Il y a trois ans, j’avais écrit un post à propos de ces crèches rétaises. Elles sont plus belles les unes que les autres. Depuis, elles ont encore évolué. Derrière ces ouvrages, se cachent d’incontestables talents d’artistes.

Affiche Parcours des crèches - Décembre 2016Je ne peux que vous engager à pousser la porte des églises de l’île de Ré. L’Ensemble pastoral de l’île de Ré a d’ailleurs édité une affichette qui invite au parcours des crèches.

 

Une dernière question à Bernard Borit : qu’est ce qui vous a poussé à réaliser cette crèche de La Couarde ? « Je suis croyant. C’est pour moi une sorte de prière. J’essaie de faire rentrer des gens dans les églises où ils ne viennent pas souvent, et les pousser ainsi à la curiosité. Après, chacun fait ce qu’il veut. Ça se passe entre soi et le Bon Dieu ».

Bernard Borit est 100 % Rétais. Un Rêta, comme on dit. Couardais par son père, Boitais par sa mère. « Mon père et mon grand-père étaient maçons. Mon père a creusé le trou du tabernacle de l’église de La Couarde ». Cette saga familiale pourrait aussi s’intituler Quand la boucle se boucle.

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