Le mystère de l’Abbaye des Châteliers est le titre d’un livre paru il y a quelques semaines. Cette ancienne abbaye à La Flotte détiendrait-elle des secrets ? Catherine Salez et Jean-Jacques Vergnaud, les auteurs de ce roman historique, auraient-ils eu vent de ce mystère ?
Plonger dans leur livre, c’est s’immerger dans le Moyen-Age. De quoi en apprendre beaucoup sur ces lointaines années, tout en passant un moment divertissant.
Les auteurs ont effectué deux ans de recherches dans différentes Archives. « Tout ce qui est écrit sur cette époque est vrai. Nous avons souhaité la réhabiliter, car beaucoup ont tendance à penser à Jacquouille la Fripouille, alors que la population connaissait le savon pour se laver. Des tas de légendes courent, elles sont entièrement fausses, voire ridicules, comme c’est le cas à propos du droit de cuissage ou de la ceinture de chasteté. Ils avaient un sens de l’honneur élevé et ils respectaient les femmes… C’était une belle époque, en dépit bien sûr de la guerre de Cent Ans » précise Jean-Jacques Vergnaud.
Le roman est construit autour de l’histoire d’un adolescent, Thibaut-Marie-Vergne, né en 1409, près de Saint-Léonard de Noblat, dans le Limousin. Il est malingre, boiteux en raison d’un mauvais coup de sabot de vache. Taiseux, il a « un visage d’ange tombé du ciel ». « C’était un enfant pas comme les autres, considéré par ses frères et soeurs comme un gaguélu, une sorte d’attardé, un simple d’esprit » lit-on dès les premières lignes.
Il a un don, le dessin, et « une intelligence nourrie par un sens de l’observation inné, doublé d’une nature curieuse de tout », qui vont le mener loin.
On suit son parcours depuis la ferme familiale, jusqu’à Vérone où il devient un peintre célèbre.
Le roman nous entraîne de la Collégiale cistercienne Saint-Pierre de Chauvigny dans le Poitou où l’adolescent rejoint l’atelier de relieurs et d’enlumineurs. On le suit dans ses navettes régulières entre la Collégiale et l’Abbaye de l’Etoile située à une distance de 4 lieues, où il restaure les peintures fanées par le temps. Puis, en 1425, à son arrivée à l’Abbaye Sainte-Marie, à l’île de Ré, implantée sur les terres des Mauléon, qui deviendra ensuite Notre Dame des Châteliers. « On s’embarquait alors au Fief du Plomb, en Vendée. On y accostait sur l’île au port Chauvet, une dépression au sud du port de la Prée, aujourd’hui occupée par des bassins ostréicoles ». Là, il restaure des peintures du monastère, endommagé par les pillages anglais.
Arrivée à la moitié du livre, et prise par le suspens et la puissance du récit, j’ai interrogé Jean-Jacques : cette histoire est-elle réelle ? « Oui, ce jeune homme a bien existé. Il est parti du Limousin, il est arrivé à l’île de Ré. Ensuite sa trace s’est perdue, les archives ayant disparu dans des incendies. A Vérone, j’ai découvert un artiste célèbre, malingre, boiteux, taiseux. La similitude est troublante et j’ai fait l’amalgame. Il est mort en 1504, à l’âge de 95 ans, riche célèbre, connu sous le nom de Zoppolinoda Verona (le petit boiteux de Vérone), ou plus familièrement Il Zoppo. Ce qui est important, c’est que quand on a la niaque, on peut arriver quelque part, il ne faut pas pleurnicher et se contenter de ça tombe tout cuit. Il en est la preuve, et ce gosse a une âme »
Ce roman est merveilleusement écrit, les mots sonnent juste. Il est facile à lire, et diablement intéressant. Dès le décor planté, on a envie de connaître la suite de l’histoire. Au fil des pages les images s’imposent. La crainte des paysans face aux godons, surnoms donnés aux Anglais. comment les gens étaient vêtus. Les us et coutumes culinaires. La santé. Les traversées dans les bois, avec parfois la rencontre avec des loups, car à l’époque les voyages étaient courants : « De quelque horizon qu’on soit, on allait et venait quand la nécessité l’exigeait ». La vie dans les monastères et ses rituels. Le faste des autorités religieuses. Les écrits qui codifient les concessions entre les abbayes et la population. Et bien d’autres choses encore, très détaillées et passionnantes…
La traversée épique sur le petit bateau, grée d’une voile, qui emporteThibaut-Marie sur notre île, c’est comme si le lecteur la vivait. Il y a là l’Evêque qui n’a pas envie de se mouiller les pieds, et le fidèle bourricot du héros, Trottemenu, qui a peur de monter à bord. C’était par un jour de vent de fort vent de Norois et de mer agitée « pas un temps pour nonnettes ou enfants de chœur ».
Le livre est riche d’anecdotes humoristiques, de pages replacées dans le contexte politique de l’époque. Deux chapitres sont consacrés à des digressions philosophiques « Tempête sous un crâne – Réflexions intempestives d’un adolescent trop mature » : rôle de Dieu, de l’argent, comportements humains, hauteur de vue, Amour, Art, sens de l’honneur, entre autres. « C’est tout ce que je pense de la vie ! » affirme Jean-Jacques.
L’Abbaye des Châteliers a un mystère, que je ne dévoile pas, bien évidemment. Il fait partie intégrante de l’histoire de cette bâtisse rétaise. Une légende se raconte de bouche à oreille depuis 400 ans, est-elle vraie ?
Le roman a été écrit à quatre mains par les deux auteurs, qui vivent à l’année à Rivedoux, comme l’a été le précédent, 1870 l’Année terrible, consacré à Napoléon III.
Ce livre de 400 pages, est vendu 25 € dans toutes les librairies et maisons de la presse de l’île de Ré. Il est édité par Geste Editions.
Prochaines dédicaces des auteurs : En JUILLET :- Ars Presse, place de l’église : demain mardi 26 juillet – 10h30 à 13 h
- La Flotte, Presse du marché : mercredi 27 juillet – 10h à 13h
- Rivedoux Presse : vendredi 29 juillet – 10h à 13h
- Sainte-Marie Presse, place d’Antioche : dimanche 31 juillet – 10 h à 13 h
- La Flotte, Presse du marché : mercredis 10 août, 17 août, 24 août et 31 août – 10h à 13h
- Loix Presse, place du marché : jeudis 11 août et 25 août – 10h30 à 13h
- Rivedoux, Galerie du port : vendredi 12 août – 10h30 à 13h et de 16h30 à 19h30. Et à la Presse, vendredi 26 août 10 h à 13 h.
- Sainte-Marie Presse, place d’Antioche : dimanches 14 août et 21 août – 10h à 13h
- Ars Presse : mardi 19 août et samedi 30 août – 10h30 à 13h
L’été est propice à la lecture, profitons-en pleinement !