Les bouquets de Jean Marie et d’Agnès

Je suis fan des bouquets que Jean-Marie et Agnès Viollet proposent sur plusieurs marchés de l’île de Ré. Leurs fleurs sont belles et subtiles, elles tiennent longtemps, leurs compositions sont quasi artistiques.Bouquet de fleurs des Salières - mars 2016

Je suis rentrée dans les coulisses de l’exploitation Les Salières, du couple d’horticulteurs du Bois-Plage. Aller à leur rencontre, c’est passer un carrefour, tourner à gauche, s’enfoncer dans le sous-bois, suivre un petit chemin cahoteux ensablé, se demander si je n’ai pas fait fausse route, rouler un bon moment, les oiseaux chantent, il fait un beau soleil, et enfin voir les serres. Oui, il me semble que je suis arrivée à bon port !

Et se laisser porter, à la découverte de leurs plantations.P1120710

Jean-Marie a débuté, il y a 35 ans, sur les terrains sableux de ses parents. Dix ans plus tard, Agnès l’a rejoint.

Leur métier demande beaucoup d’énergie et de ténacité. C’est non-stop toute l’année. Depuisla préparation et l’amendement des terres, les semis, les plantations, la cueillette, la vente, la gestion du personnel saisonnier, jusqu’à l’entretien des bâches de leurs dix serres, ils n’arrêtent pas souvent. La PME est familiale. En hiver ils sont trois à y travailler, en été ils sont dix y compris les saisonniers, des fidèles qui reviennent chaque année.

C’est le printemps, saison des anémones et des tulipes.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Les tulipes sont cueillies avec leurs bulbes. Elles sont enveloppées dans du papier, puis elles sont mises au repos pendant une journée, en chambre froide. Le matin de la vente les bulbes sont coupés. C’est sans doute, à travers ces différentes manipulations, que réside une partie du secret de la longévité de ces fleurs. Elles sont toutes fraîches. 

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Bulbes tulipes des Salières pour compost - mars 2016

 

 

Les bulbes ne sont pas réutilisés, car ils sont vides. Ils finissent entassés, et deviendront du compost.

 

 

Les renoncules commencent tout juste à pointer leur nez.

Serres des Salières - mars 2016

 

Puis ce seront les roses. Ensuite ce sera le tour des pivoines. Ils les ont plantées il y a trois ans. En dépit du terrain sableux, ils sont arrivés à faire pousser cette fleur. Ça été un peu une gageure, un vrai défi, car ce n’était pas gagné d’avance. Aujourd’hui, ils sont heureux d’en constater les résultats.

 

Les fleurs se succèdent. Maturité, éclosion, nouvelles pousses…

 

Depuis 35 ans, Jean-Marie a fait évoluer la technique de pousse. Les terrains des Salières sont sableux, donc pauvres. Il les amende de façon naturelle : calcium, caca de vache, lisier de cochon… Le petit-lait de chèvre empêche la formation de l’oïdium des rosiers, tout en renforçant les pieds. Les fongicides ne sont utilisés qu’à minima, mais c’est parfois nécessaire disent-ils. Le désherbage se fait à la main, quotidiennement. Des lampes à soufre permettent de limiter la prolifération des champignons, dûs à l’humidité ambiante sous la serre

Le sol de la serre des rosiers est recouvert de paillis de broyage, il permet de garder la fraîcheur de la terre tout en la bonifiant.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

A Jean-Marie, la partie technique et le matériel. Il investit régulièrement dans de nouvelles machines. Je suis restée coite devant la machine à vapeur qui stérilise la terre. « C’est une grosse chaudière. Elle chauffe le sol à 80°. C’est comme si on faisait bouillir de l’eau. Elle élimine naturellement les graines et les champignons. Dès que le sol est froid, une heure après, on peut planter » explique t-il.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Dans la serre à semis, les pois de senteurs sont prêts à être mis en terre… Il y a aussi des bébés cosmos, des bébés reine-marguerites, des bébés soleils, des bébés carthamus, des bébés clochettes irlandaises, des bébés bleuets et du bupleurum. Des fleurs délicatement colorées qui entreront dans la composition des bouquets.

La machine à semis est moderne, elle permet de gagner du temps. Les graines sont envoyées dans les alvéoles de pré-plantations. « Heureusement nous ne faisons pas tout à la main ! » souligne Agnès.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Autour des serres, les champs sont consacrés à la culture des feuillages pour les bouquets, à celle des dahlias, des bleuets…Il y a aussi des arums. Cette année n’a pas été terrible pour cette fleur. Une seule et unique nuit à -3° a suffi pour les faire geler, même dans la serre.

Au début, le couple exerçait le métier de maraîcher-horticulteur. Au fil du temps, ils ont abandonné tomates, poivrons et aubergines, au profit quasi exclusivement des fleurs. Toutefois, ils cultivent encore de la pomme de terre primeur, et de la pomme de terre toute l’année qu’ils vendent sur les marchés.Serre de pommes de terre des Salières - mars 2016

Les lapins ne sont pas vraiment les copains de Jean-Marie et d’Agnès. Autour et dans leur exploitation, ils prolifèrent et gambadent en pleine nature. Il y a des terriers partout… Hmm, un jeune pied de rosier, quelle aubaine ! Ces rongeurs adorent les tendres pousses. Au grand dam du couple, qui ne sait toujours pas comment faire pour se débarrasser de ces nuisibles. Il est certain que pour tous les agriculteurs de l’île de Ré, le lapin reste un véritable fléau !

A Agnès, les compositions florales. Elle est incontestablement sensible au beau, à l’esthétique. Son sens artistique lui vient de sa formation aux Beaux-Arts de Bordeaux. Outre être horticultrice, elle est artiste peintre et sculpteur sur bois. Elle travaille le pigment brut. Ses oeuvres sont exposées dans la galerie PromenArts à Saint-Martin.

Quand je vois tout le boulot que ça représente avant de finir dans un de mes vases, je ne peux être qu’admirative. Derrière les bouquets se cachent de la passion, de la pudeur, de l’énergie. Un quotidien rétais.

Les bouquets sont vendus dans le magasin de producteurs de Fétilly-La Rochelle, et dans l’antenne rétaise de ce magasin au Bois-Plage, tout près de la coopérative Uniré. Et également aux marchés de La Rochelle, de La Flotte, des Portes et de Loix.

J’ai pris ces photos il y a deux étés. Les fleurs sont différentes de celles que nous avons actuellement, mais elles sont tout aussi magnifiques.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Merci Agnès, merci Jean-Marie, je ne regarde plus vos fleurs de la même façon !Serres des Salières - mars 2016

 

Laisser un commentaire