La seiche, noire ou blanche

Voilà un animal marin, un mollusque céphalopode, qui migre sur nos côtes au printemps. Il a besoin de conditions climatiques très particulières. Cette année, son arrivée est bien timide. Si le vent vient du sud-est, un vent de sudet, c’est pas bon. Si le vent vient du nord, c’est mieux. Mais avec un vent du nord glacial, c’est pas bon du tout. La bête se laisse désirer ! Elle a besoin d’un peu de chaleur et d’une mer plutôt calme, ce qu’il faut bien constater, n’a pas été le cas ces dernières semaines. Pêche de seiche

Les habitants d’Ars se nomment traditionnellement les Casserons, car les seiches y ont pullulé, un temps… jadis…. Le mot seiche vient du mot latin « sepia », il se traduit par « encre« , tant prisée par les peintres ou les calligraphes. Les Italiens disent « neiro di sépia ».

La pêcher est tout un art. Certains partent à pied, espérant la trouver nageant entre deux eaux. D’autres mettent des filets au large. En Bretagne et en Normandie on la pêche plutôt au casier, dans lequel une femelle est posée en appât pour attirer les mâles. Savez vous reconnaître un mâle d’une femelle ?

Pêche de seiche
A gauche la dame, à droite le monsieur. Il a des stries blanches sur sa robe.

Certains pêcheurs racontent qu’elles migrent, afin de se reproduire sur le lieu où elles ont été elles mêmes pondues. La seiche a un cycle court. Elle se reproduit et meurt pas longtemps après, entre un an et deux ans. « On ne sait pas trop quand elle arrive, et quand elle repart on ne le sait pas plus. Du jour au lendemain, elle n’est plus là » explique Hugues Moinard, un des deux pêcheurs professionnels de l’île de Ré.

J’aime bien cet animal, non seulement il est beau, mais il est  étonnant. De gros yeux, des tentacules, des couleurs irisées qui changent dans la mer, une poche d’encre qu’il libère lorsqu’il se sent attaqué, un déplacement rapide par à-coups.

Et en plus, c’est terriblement bon à manger ! A voir le nombre de personnes qui se précipitent pour l’acheter sur le port d’Ars, à peine les seiches sorties du bateau de pêche Le P’tit Jules, ce doit être vrai. Généralement les consommateurs préfèrent le blanc de seiche, tout prêt.

Avez-vous déjà essayé  de dépecer et d’éplucher une seiche ?

Récupérer l’encre est assez compliqué. En manipulant le mollusque, pratiquement à tous les coups  la poche d’encre éclate. Alors là c’est la bérézina assurée, votre évier est repeint noir, quand ce ne sont pas vos vêtements ! Et pour enlever la tache c’est du sport, car c’est de l’encre véritable, de l’encre marine. On peut essayer l’eau de javel, si le vêtement est blanc, sinon il est bon à jeter. Une fois que vous êtes bien battu avec l’animal, et ça dure un bon bout de temps, le rouleau de papier ménage y est aussi passé. Je ne vous parle de vos ongles qui gardent la trace noire pendant quelques jours, en souvenir…

Mais quelle récompense lorsque vous partagez, en famille ou avec les amis, des pâtes ou un risotto à l’encre de seiche.

Pêche de seicheRentré au port, le bateau est tout noir.

Dans la seiche, tout se mange. Les bords d’ailes, coupés en petits morceaux et fricassés dans la poêle avec ail et persil, à l’apéro c’est un régal ! Les tentacules ajoutées à un plat de pâtes sont un délice. Le rostre, l’os au milieu, fait le bonheur des becs des oiseaux. Il paraît que certains le pilent pour le saupoudrer sur les aliments en guise de calcium. Ça, je ne l’ai jamais essayé.

J’ai goûté ce week-end les premières seiches. Hmmm….

Pêche de seiche

Et vous, la seiche vous la préparez comment ?

 

 

Une réflexion sur « La seiche, noire ou blanche »

  1. Hello. Je fais la seiche de deux façons. Quand j’ai pas le temps, juste revenue dans du beurre avec du colombo et du lait de coco. Et bien sûr en ragoût. Faire revenir avec de l’ail et du safran, puis vin blanc et sauce tomate et un peu de sucre. Aux Antilles nous avons un plat qui ressemble à celui-ci, mais avec du lambri, le même goût que celui de ma grand- mère rethaise. Mes deux grand-mères devaient faire le même plat à 5000 km de distance. J’adore l’idée. Mille mercis pour ces reportages de poissons. Je suis allée les voir nettoyer les seiches, cela me rappelle mes oncles et l’odeur et le noir. C’est peut-être pour cela que je dessine à l’encre de Chine.

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