Ce matin, la circulation était alternée entre le virage de Foirouse et le Martray, à Ars. Que se passe-t-il ? La digue de la Loge du Guet est bien brêchée, les équipes de Ré-TP la colmatent dans l’urgence.
Cette digue est longue de 800 mètres. Comme la plupart des digues de l’île de Ré, elle n’apprécie pas le vent de Sud-Est, dominant ces jours-ci. De plus, à cet endroit elle est très fragile, car bien vétuste. Elle est maçonnée, elle a été construite dans les années 1850-1870. C’est une vieille dame, d’au moins 160 ans !
La départementale est juste en contrebas, avec de l’autre côté les marais d’Ars-en-Ré. Le village est tout près, à vol d’oiseau. Si la brèche n’est pas comblée, la mer peut s’engouffrer en dessous, et qui sait peut-être traverser la route, la digue n’est bien pas épaisse…
Ce n’est pas malheureusement pas la première fois que cet édifice présente des signes de faiblesse. Déjà en janvier 2014, des énormes trous y avaient été rebouchés, suite aux assauts de la houle. De nouveau, ça recommence. Il faut intervenir rapidement avant que les dégâts ne soient plus avancés. Les anciennes plaques de béton sont dispersées un peu partout sur l’estran.
Hier matin, les équipes de surveillance des digues ont donné l’alerte, signalant le problème qui semblait sérieux. Ce n’est pas facile d’intervenir à cet endroit car le sol est argileux, les engins ont tendance à s’y enliser. Une première fois, du béton en godets a été coulé. Mais la mer était montante, le béton n’a pas eu le temps de sécher. La nuit dernière, les flots ont creusé encore plus, et sur une belle longueur de 20 mètres.
Ce matin, mercredi 30 décembre, c’est une course de vitesse qui s’engage. La centrale de béton, Unibéton, à Aytré près de La Rochelle, est fermée pendant les fêtes, elle a été spécialement ouverte pour faire venir cinq camions-toupies remplis de béton. En fin de matinée, six techniciens de Ré-TP arrivent sur place pour venir à bout de l’anfractuosité. Le coefficient de marée est de 73, la mer sera haute vers 19h30. Il faut que le béton marin ait le temps de prendre. Les rafales du vent sont fortes : 60 km/h.
A 14 heures, l’obturation du trou est terminée !
La digue de la Loge du Guet (ça se prononce Guette à la façon rétaise) est dans le prolongement de celle du Boutillon.
Sur place, ce matin, Lionel Quillet, président de la Communauté de Communes et vice-président du Conseil départemental, entouré de ses équipes techniques commente : « L’astreinte départementale a parfaitement fonctionné. Ré-TP est vite intervenu hier matin. Mais la nuit dernière, la mer a encore tapé, le vent de Sud-Est a arraché d’autres blocs de béton. Aujourd’hui, ils n’ont que trois heures devant eux pour tout boucher. Cette digue ne fait pas partie des PAPI en cours (Programmes d’Actions de Prévention contre les Inondations). Nous savons sa fragilité, elle est creuse en dessous. Elle sera intégrée en priorité dans le prochain PAPI. Cette intervention se fait hâtivement, en attendant les grands travaux ».
Depuis la tempête Xynthia de février 2010, des gabions ont été installés en haut de la digue qui n’est pas très haute. Malgré tout, il n’est pas rare de voir passer des paquets de mer par dessus, et s’éclater sur la route.
En deux temps trois mouvements, la nouvelle a fait le tour du village d’Ars. La population est sans aucun doute plus sur le qui-vive qu’avant Xynthia. Apprendre que le problème était pris en mains plutôt rapidement, a rassuré les uns et les autres.
Chacun sait que la mer n’est pas une fille sage… Depuis quinze jours, nous l’entendons rouler au loin. Et ce soir, le vent ne faiblit pas, il est passé à Sud-Sud Ouest.