Le faucon pèlerin venu de Suède

Avez-vous déjà eu la chance de trouver un faucon pèlerin épuisé, de prévenir la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux), de l’emporter chez vous, et de passer 48 heures tranquillement en face à face avec le rapace ?

C’est l’aventure pas banale qui est arrivée ce week-end à David Casseron, habitant de Saint-Clément les Baleines. Faucon pèlerin - 12 janvier 2015

« Samedi après-midi, je me promenais dans la forêt avec mes chiens. Sous un pin, j’ai vu gros un oiseau couché sur le dos, j’ai compris que c’était un faucon. J’ai cru qu’il était mort, mais quand je l’ai attrapé, il m’a lacéré les mains avec ses serres. Je porte encore les marques de ses griffes ! » raconte David.

48 heures après, je confirme que les traces sont encore bien visibles…

« J’ai constaté qu’il portait des bagues. J’ai pris un morceau de bois, le faucon l’a agrippé, et j’ai pu ainsi saisir l’oiseau. Il avait l’air fatigué, il était tout maigre, il crevait la dalle. A la maison, je lui ai donné mon bifteck coupé en petits morceaux, il a mangé comme quatre ! J’ai bien cru qu’il était apprivoisé, car pendant deux jours il est resté chez moi, à voleter, à se poser sur le bar ou sur la table du salon. Je lui ai donné à manger à la main, il s’est laissé caresser facilement. Je pense lui avoir sauvé la vie ! Quand la LPO est venue le chercher, j’étais triste de m’en séparer, j’ai eu du mal à le donner car je m’y étais déjà attaché. Je ne sais pas si c’est un mâle ou une femelle, donc je l’ai appelé Karola, car le nom peut convenir aux deux… ».

Une bien jolie histoire ! Effectivement, en consultant internet, j’ai appris que ce faucon se domestiquait facilement.

Mais d’où vient-il ? Hervé Roques de la LPO, est allé hier soir le chercher pour l’apporter à la maison du Fier aux Portes-en-Ré. En 48 heures, l’oiseau s’est déjà refait une santé, mais il est encore un peu faible.

Hervé Roques, LPO Ile de Ré

Hervé m’a expliqué que, chaque année, un ou deux faucons pèlerins sont observés pendant l’hiver à l’île de Ré. C’est la première fois qu’il en tient un en mains. Généralement l’oiseau niche en Scandinavie, en bord de mer, sur les falaises maritimes. Celui-ci porte la bague du Muséum d’Histoire naturelle de Stockholm et une seconde qui indiquerait qu’il a été bagué au nid. De plus, ce rapace paraît être un juvénile. 

Ses yeux et son plumage sont magnifiques.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

 

Cet oiseau présente une particularité : il est le plus rapide du monde, ses ailes pointues sont aérodynamiques. Il ne se nourrit que d’oiseaux en se jetant sur ses proies en plein vol. Ses piqués peuvent atteindre 250 à 350 km/heure. Ce rapace a-t-il percuté un arbre alors qu’il était en chasse ? A moins qu’il n’ait heurté un oiseau ? A cette vitesse, il est une véritable catapulte. David l’a retrouvé sous un pin, à plat dos…

Ce diaporama nécessite JavaScript.

L’île de Ré est pour lui un véritable garde-manger, il adore les bécasseaux, les barges, les pluviers…

Ses serres m’ont impressionnée. Ne pas y mettre les doigts ! Quand il tient une proie, pas question de la lâcher !

Dans les années 60, l’espèce était menacée en raison des pesticides utilisés en agriculture. Aujourd’hui on le trouve régulièrement en Bretagne, en Normandie, dans les Pyrénées, dans les Alpes et dans les Vosges. A l’île de Ré, il n’est pas sédentarisé, ceux qui sont observés sont des migrateurs.

Le rapace est parti aujourd’hui pour se refaire une santé complète à l’île d’Oléron, au centre de soins des oiseaux à Dolus. D’ici quelques semaines, il sera vraisemblablement relâché sur le littoral charentais.

LPO - Bande pour le transport d'oiseaux

 

J’en ai profité pour demander des nouvelles du vautour percnoptère, découvert très affaibli, en novembre dernier dans un jardin du nord de l’île. Il va très bien, il est toujours en Vendée dans le centre de soins auquel l’a confié la LPO. Au printemps il devrait être relâché, sans doute dans les Pyrénées. Il retrouvera alors ses congénères lorsqu’ils reviendront de leur migration en Afrique, où ils sont actuellement au chaud.

 

 

 

4 réflexions au sujet de « Le faucon pèlerin venu de Suède »

    1. Bonjour, la LPO, aux Portes-en-Ré a transmis le numéro de bague au Muséum d’histoire naturelle de Paris, qui traite ce dossier. Affaire à suivre…, nous aurons prochainement des nouvelles de la provenance du faucon. Pour ma part, je n’ai pas le numéro de bague et ne peux donc vous la transmettre. Cordialement Maryline Bompard

  1. des articles bien passionnant , et enrichissant sur la faune sauvage de l’ile, je searais avec des amis photographes sur St Clément en Avril , et vos articles me plaisent d’autant plus
    merci pour ces partages
    cordialement
    Jacques

Laisser un commentaire