Loix, 1ères pierres pour la nouvelle digue

Après la digue du Boutillon, la digue des Doreaux, la protection du port de La Flotte, un nouveau et vaste chantier de reconstruction de digue a débuté fin janvier, à Loix. Il s’intègre dans le PAPI (Programme d’Actions de Prévention contre les Inondations), contractualisé entre l’Etat et la collectivité rétaise.

Loix - Chantier de la digue - 3 février 2016
3 février 2016.

Dans un post de juillet 2014, j’ai décrit le projet. Les travaux consistent à reprendre la digue existante, et à faire des enrochements.

Au total, 75 000 tonnes de cailloux vont être acheminées, en plusieurs phases, à raison de 400 tonnes par jour. Ne soyons donc pas surpris de croiser quotidiennement, des camions chargés d’énormes pierres sur la route de l’île de Ré et de les voir tourner à droite au rond point de La Passe, en direction de Loix. Ils viennent du continent.

Les pierres sont du granit et de la diorite : 50 000 tonnes de granit, 25 000 tonnes de diorite. Les deux sont dures et solides, elles ont sensiblement la même densité : 2,7. Le granit, plus clair, sera utilisé pour les sections Cul d’Ane et Petite Tonille de la digue. Et la diorite pour la Grande Tonille, partie du site plus fortement soumise à la houle. 

Pierres pour la digue de Loix
Granit, à gauche – Diorite, à droite.

Le choix des cailloux, leur couleur, leur texture, leur dimension, tout est savamment défini en amont par les bureaux d’études. Les éléments sont validés par la DREAL (Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) qui est l’échelon régional du ministère de l’Ecologie, par l’Inspectrice des sites, et par l’Architecte des Bâtiments de France.

D’où viennent ces pierres ? De deux carrières de Vendée. 

Aller voir de près les pierres de la future digue de Loix, extirpées du ventre de la terre, est pour le moins saisissant. 

Le granit est extrait de la carrière de la Gombetière, à Aizenay, exploitée par l’entrepriseTraineau, près de La Roche-sur-Yon.

 

 

Comme vous le savez, le granit est une roche à grains, lourde, résistante à l’usure, de couleur claire, avec des éclats un peu brillants. Les pierres sont lourdes… Cela devrait suffire à faire peur à la méchante houle qui attaque la Fosse de Loix !

Dans la carrière de l’entreprise Traineau, une fois la roche explosée à la dynamite, les pierres sont rassemblées et triées par taille. 

Les cailloux sélectionnés pour la digue de Loix ne doivent pas être trop volumineux. Ils pèsent néanmoins de 300 kg à 1 tonne. Ce choix est lié à l’exposition du site à la mer. La taille des pierres est imposée par le marché qui a été passé.

Carrière Traineau - Boule d'acier - 18 janvier 2016

 

Lorsque les cailloux de la carrière s’avèrent trop gros, une boule d’acier de 9 tonnes est projetée du haut d’une pelle, afin de les réduire. 

Attention à ne pas recevoir la boule sur le pied, ça peut faire bobo !

 

Le granit n’est pas friable, ce qui en fait un matériau de choix pour la digue de Loix. La résistance des pierres aux chocs est aussi testée. Les blocs sont amenés à supporter plusieurs manipulations : lorsque les camions les bennent pour être stockés près de la digue, et lorsqu’ils sont mis en place au moyen des grappins. Ils ne doivent pas se casser. « Un caillou fracturé est un potentiel point de rupture. Nous devons être vigilants sur toute la chaîne, de l’élaboration jusqu’à la mise en oeuvre » explique Philippe de Bleecker, responsable de la mission maîtrise d’oeuvre du Département.

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Avant que les pierres soient expédiées vers l’île de Ré, un contrôle de poids et de forme s’effectue sur 140 échantillons. Ce sont des cailloux-étalons. Le laboratoire interne à la Direction des Infrastructures du Conseil départemental de la Charente-Maritime valide les informations, transmises par un laboratoire extérieur, agréé. Rien n’est laissé au hasard…

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La diorite est extraite de la carrière du Peux, à Antigny, exploitée par l’entreprise CGMO, au nord de Fontenay-le-Comte. La digue de Loix, comme celles de l’île de Ré, apporte incontestablement du nouveau business aux entreprises du continent. Pour CGMO, c’est le premier chantier d’enrochements d’une telle envergure.

La carrière est gigantesque, le gisement est très impressionnant. Imaginez-vous descendre dans des entrailles géologiques, d’une profondeur de 60 mètres par rapport au terrain naturel. De quoi donner le tournis ! Au fond de la carrière, le matériau est de grande qualité, car il a moins subi les eaux d’infiltration. La diorite est une roche massive, ça se voit à l’oeil nu…

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Comme pour le granit, les pierres pèseront de 300 kg à 1 tonne. Pour atteindre le poids idéal loidais, les trop grosses pierres sont morcelées au moyen d’un brise-roche hydraulique (BRH).

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Je vous propose de visiter en vidéo ces deux carrières. Et, avec les acteurs du terrain, de comprendre les enjeux environnementaux pour la digue.

Ce chantier est très important. Il y a là une belle longueur de digue à reconstruire. Depuis la digue dite du Cul d’Ane derrière le port, jusqu’à l’anse de la Petite Tonille, en passant par la grande Tonille, située devant l’ancienne ferme d’élevage de turbots.

Les premiers coups de pelle ont débuté dans deux sites : à la Petite Tonille et au milieu de la Grande Tonille.

Digue de Loix - Carte du chantier - Source Egis Eau - mai 2014

Avoir découvert d’où viennent les pierres de la future digue de Loix, et les voir ensuite, sur place, à l’île de Ré est assez déroutant. Au fur et à mesure des semaines, les tas de cailloux s’élèvent.

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A la Petite Tonille, un nouveau cheminement a été configuré pour que les ostréiculteurs puissent passer plus aisément avec leurs chargements. Momentanément, pendant les travaux, ils circuleront en haut, et non plus en contrebas de la digue. Un pas a été aménagé la descente vers les parcs à huîtres.

Quelle boue le 9 février, jour de tempête ! Malgré le mauvais temps, les engins du chantier s’activent, pour vite profiler un nouveau passage.

Le terrain de Loix est incroyablement meuble. D’un côté la mer, de l’autre côté les marais. Je ne connais pas le mot pour dire pire que gadoue, peut-être sacré bourbier…

Digue de Loix - Chemin des ostréiculteurs - 17 février 2016
17 février 2016.

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A la Grande Tonille, une partie des pierres acheminées est stockée en contre-bas de la vieille digue. Elles ne sont pas là pour faire obstacle à la mer, comme c’est le cas pour la digue des Doreaux à Saint-Clément. Là, elles sont simplement mises de côté et utilisées au fur et à mesure de l’avancement des travaux.

Un fossé d’un mètre est creusé afin d’assurer l’ancrage en profondeur. Dans le langage BTP, on appelle cela une bêche. Elle sert de fondation, sur laquelle est posé un géotextile. La pelle à petit bras vient ensuite installer les cailloux un à un.

L’assemblage de pierres est un véritable jeu de construction, un lego, qui demande une réelle habilité pour une imbrication parfaite des uns avec les autres. Et qu’ainsi ils fassent résistance à la mer. Les pelles sont grosses et pourtant l’encastrement et l’ajustage sont infiniment délicats. C’est vraiment bluffant.

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Pour l’acheminement des blocs de pierre vers la Petite Tonille, le petit pont a dû être aménagé… pour le ménager. Il est vieux ce petit pont. En parallèle donc, un deuxième pont, genre pont de la rivière Kwaï, a été construit. Avec toutes les sollicitations des passages de camions qui pèsent des tonnes, il l’a fallu solide. Il est renforcé dans sa base par des gros cailloux.

L’environnement de la digue de Loix est splendide. Vue sur la mer, vue sur les marais sauvages, vue sur le port, vue sur La Couarde…

L’air est vif. Les engins n’ont pas l’air pour autant de perturber les bernaches, elles font comme si de rien n’était, et vaquent à leurs nourritures habituelles.

Si vous voyez un panneau dans le village de Loix, indiquant base de vie, c’est là que se déroulent les réunions de chantier. En quelque sorte, c’est le PC de la digue.

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En vidéo, voici les premières arrivées de pierres, et les premiers enrochements. 


Samedi 27 février, Eric Jalon, nommé Préfet de la Charente-Maritime depuis quatre mois, vient à l’île de Ré pour la première fois. Ce jour-là, le chantier de la digue de Loix sera officiellement lancé.

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