Luce Clavel-Davignon, mémoire des Paradis de Sainte-Marie

Luce Clavel-Davignon est intarissable sur le chantier de la nouvelle salle culturelle et associative de Sainte-Marie de Ré, dénommée Espace des Paradis. Elle en a suivi toutes les étapes pendant quinze mois.

L’artiste-peintre qu’elle est, s’est passionnée pour les coulisses. Luce Clavel-Davignon - 29 mars 2017

L’aventure a débuté en février 2016, au moment des fondations. Elle s’est terminée ces dernières semaines, les ouvriers ayant maintenant replié leur matériel.

Chaque mercredi, Luce a été présente aux réunions de chantier. Elle a pris près de 700 photos : détails, gestes, plans serrés, plans larges, visages. Elle en a fait des collages dans des albums et sur de grands panneaux.

Elle aussi peint des toiles à partir de ce qu’elle a observé, et elle a réalisé des dessins. Un style pictural bien à elle, qui utilise différentes techniques.

Photos et peintures se font écho. Une véritable mémoire du chantier, pour aujourd’hui et pour demain. “ C’est le futur patrimoine des enfants du village ” dit-elle.

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La dame est tonique, curieuse, ouverte. Ses yeux, de couleur kaki, sont aiguisés. Des yeux d’artiste habitués à saisir au vol la moindre bribe pittoresque, ou digne d’intérêt.

Derrière chaque photo, Luce a une anecdote à relater. Elle est incollable sur le chantier, dont elle connaît les moindres recoins : “ J’ai vu et revu ce que personne ne verra plus ! Tous les jours ce chantier me hantait. J’ai mieux compris ce milieu, j’ai eu envie de le faire connaître ”.

Elle s’anime au souvenir des ouvriers qu’elle a eu plaisir à côtoyer, d’un visage qui l’a frappé, des métiers qui se sont succédé au fil des jours. Et du jargon qui va avec. Volubile, elle vous raconte l’hélicoptère, l’engin “ qui descend du ciel de la rue pour déposer des matériaux ”.

La résine coulée sur le sol, les ferrailles pour le béton armé, l’hélicoptère, et même les bandes rouges et blanches de protection, ont été sources d’inspiration pour ses toiles.

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Comment l’idée de s’intéresser à l’Espace des Paradis de Sainte-Marie lui est-elle venue ? “ En 2006, lorsque le Rokia Delmas s’est échoué sur les côtes de l’île de Ré, j’ai réalisé plus de cent peintures de sa carcasse. Je les ai exposées ici à Sainte-Marie, à La Rochelle, à Paris et en Suisse. Elles ont surpris et bien plu. 

Le naufrage du Rokia Delmas m’a ensuite poussée à partir à bord d’un porte-containers en direction du canal de Suez. J’ai fait ce voyage pour comprendre la manière dont vivait le personnel de bord et dans les terminaux.

En 2013, j’ai fait des photos, des croquis et des peintures de la déconstruction et de l’effacement de l’ancienne salle des fêtes de la place d’Antioche, toute proche de chez moi. Six mois plus tard, j’ai exposé une centaine de toiles dans la salle construite provisoirement. Je me suis fait alors une étiquette d’artiste-peintre de chantier ! 

Et fin 2015, Gisèle Vergnon, maire de la commune, m’a proposé : “ Pourquoi pas faire le contraire, en vous intéressant à la construction de la nouvelle salle ? « . J’ai dit oui, en ne sachant pas que cela allait durer des mois et des mois ”.

Le 24 juin, l’Espace des Paradis sera officiellement inauguré.

Actuellement, Luce prépare activement l’exposition de ses oeuvres : 27 mètres de panneaux photos et 30 tableaux.

Les toiles et collages sont de format carré : 60 X 60, ou quasi carré : 50 X 60.  Pourquoi ? “ J’ai récupéré des plaques d’isolation du chantier. Elles m’ont servi de supports sur lesquels j’ai placé mes toiles, en souvenir. En plus, le matériau est solide et léger ”Luce Clavel-Davignon - Expo chantier salle des Paradis - 29 mars 2017

De ce que j’en ai déjà découvert, en allant la visiter dans son atelier de Sainte-Marie, le résultat d’ensemble devrait être étonnant. L’expo s’annonce singulière, unique, et graphiquement très vivante.

Le jour de l’inauguration, nous pourrons les découvrir dans le nouvel Espace des Paradis. Puis jusqu’en juillet, dans la salle provisoire de la place d’Antioche. “ J’espère que cette exposition suscitera de la curiosité auprès des Maritais, et pourquoi pas des Rétais, en particulier les jeunes, sur ce qui se passe sur leur territoire. Et dira aussi que les bâtiments publics sont un morceau de patrimoine  » confie l’artiste.

L’humain est souvent présent au coeur de ses toiles. “ Mon idée, c’est de valoriser le travail des gars ”.

En interprétant des pièces de matériel de chantier, elle semble les détourner de leur fonction primitive. A l’exemple des palplanches de coffrage des murs de la salle.Luce Clavel-Davignon - Expo chantier salle des Paradis - 29 mars 2017

De cette expérience inédite, elle en fait un livre, tiré en quelques exemplaires. Son titre, Construction. Il fait le pendant du précédent, Déconstruction, qu’elle avait édité lors de son expo de la déconstruction de la salle d’Antioche. Luce Clavel-Davignon - Déconstruction, Construction- 28 avril 2017

Outre peindre, Luce Clavel-Davignon aime transmettre. Sans doute des restes de vingt années de professeur d’arts plastiques, dans le Jura, au Maroc, à Lyon, à Annecy, au cours desquelles elle a tenté de donner le goût du dessin, “ à 600 élèves par semaine ! ” précise-t-elle.

Son attirance pour ce tout ce qui est savoir-faire, lui vient vraisemblablement de son passé de chef d’établissement scolaire du lycée technique du Bois dans le Jura. Son rêve secret, aurait été d’embrasser le métier d’architecte.

Et de 2002 à 2009, elle a été présidente de l’association Ile, Arts & Culture, de Sainte-Marie. Là, elle a initié adultes et enfants aux Arts en général.

Luce Clavel-Davignon - Expo chantier salle des Paradis - 29 mars 2017

 

“ A un moment, toutes vos expériences se rejoignent pour ne faire qu’un, en toute logique ” sourit-elle.

 

 

Voici une vidéo dans laquelle Luce Clavel-Davignon dévoile en avant-première quelques une de ses toiles :


Luce Clavel-Davignon - 28 avril 2017

 

Avec un brin de nostalgie, elle a désormais rangé son casque de chantier.

 

 

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