Lorsqu’on goûte un aliment pour la première fois, il paraît qu’il faut un faire un voeu. Dimanche dernier 19 avril, à l’occasion de l’apéro insectes organisé par l’Office de tourisme de Loix, j’ai croqué deux criquets et trois vers de farine déshydratés. Et j’ai fait un voeu, comme il se doit.
En langage savant, consommer des insectes s’appelle l’entomophagie. A priori ce geste ne fait pas partie de notre culture franco-gustative. Et pourtant. Aurons-nous besoin un jour de nous nourrir ainsi ? Devrons-nous passer par là pour alimenter toute la planète ?
Curieux, original, surprenant…, voilà quelques-uns des qualificatifs entendus parmi ceux qui ont testé les bestioles. Le résultat a été savoureux, tant dans les mots qu’au travers des grimaces. J’ai enregistré quelques Non, catégoriques, façon de dire que manger des insectes est inconcevable.
Criquets et vers proposés à la dégustation étaient offerts par l’Epicerie de l’île de Ré, une échoppe sympathique située sur le port de Saint-Martin. Les petites bêtes avaient été mises en scène sur des bois flottés, en les collant avec du miel de Aldo, de la Miellerie installée dans le village artisanal de la commune. Des vers étaient également posés sur une tomate, sur un chamallow, sur un macaron, sur la galette des marais confectionnée par Erick Martineau de la Place des Délices à Loix, histoire de les rendre plus appétissants et de montrer qu’avec un peu d’imagination ces petites bêtes peuvent s’accommoder, gustativement parlant avec pas mal de denrées. Et pour les réfractaires, il y avait fort heureusement des huîtres de Frédéric Voisin, du fromage de la chèvrerie Lefort et des grillons (de porc) proposés par l’équipe Slow Food de Saintonge.
Alors qu’officiellement l’Apéro Insectes ne devait démarrer qu’à 11h30, dès 10 heures déjà beaucoup se pressaient, venus de tous les villages de l’île, impatients d’expérimenter la chose. 500 ou 600 personnes ont goûté. C’est dire que les insectes sont une valeur sûre, ou à défaut, une interrogation.
Je me suis aventurée à acheter une boîte de vers, parfum soja impérial. « Pour profiter pleinement de la saveur du Molitor, saisissez une franche pincée » est-il écrit sur la boîte. La marque s’appelle Jimini’s, ça ne s’invente pas. Le goût de l’insecte reste longtemps en bouche, mais peut-être est-ce dû aux ingrédients ajoutés. Avec un petit verre de rosé (à consommer avec modération, cela va de soi), il me semble que ça passe mieux ! Par contre, attention, les allergiques aux crustacés doivent s’abstenir de les manger.
Il y avait aussi ce jour là un hôtel à insectes, auquel les enfants pouvaient apporter une petite touche personnelle. Des noms ont été suggérés : Insect Palace, Le monde des insectes, La Maison des petites bêtes… Dans les prochaines semaines il sera déposé au jardin de l’école de Loix.
Et pour parachever le tout, en fond sonore, Karoline, responsable de l’Office de tourisme de Loix avait sorti le haut-parleur pour faire écouter le grésillement du grillon. Mais il y avait tellement de monde, qu’on ne l’entendait qu’à peine !