Les Amis d’Arbollé, toujours impliqués

L’association rétaise, dédiée à Arbollé village de brousse du Burkina Faso, poursuit inlassablement ses actions. Dimanche dernier, 25 octobre, les bénévoles ont proposé à la vente un vaste choix d’objets artisanaux rapportés lors de leur dernier séjour au Pays des hommes intègres, et des tricots et ouvrages confectionnés par les mains expertes des mamies de l’île de Ré.Amis Arbollé - Vente à Ars - 25 octobre 2015

Trois membres des Amis d’Arbollé viennent de rentrer d’Afrique. Dans leurs bagages ils ont certes rapporté de l’artisanat d’une incroyable créativité, mais surtout plein de souvenirs de rencontres et d’échanges chaleureux.

Le voyage a duré trois semaines, du 25 août au 11 septembre. Ce sont ne sont pas les dates auxquelles habituellement un séjour sur place est organisé par l’association. C’est une saison éprouvante physiquement pour nous Européens. C’est presque la fin de l’hivernage, qui désigne la saison des pluies, il fait une chaleur torride, 40° en moyenne, à peine supportable. Chaque jour apporte son lot d’orages, d’une violence extrême, cependant les ciels sont splendides. Et les moustiques s’en donnent à coeur joie, en raison de l’humidité ambiante.

Ce séjour restera marquant. Oh c’est vert partout ! Les images ne sont pas celles qui sont habituellement rapportées en janvier-février, lorsque tout est grillé par le soleil et le manque criant d’eau.

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Au village, femmes et hommes vaquent aux occupations de la période : sarclage dans les plantations de mil, de sorgho, de maïs, de coton, qui sont déjà bien hautes. Si la pluie continue de tomber, la récolte promet d’être bonne. Partout les moutons et les vaches ont de quoi paître, sous la bonne garde des petits bergers. C’est la fin de la récolte des noix de karité. Le soir les familles burkinabé sont bien fatiguées, dès le lever du soleil, à 6 heures, il faut recommencer. Pluie + soleil, fait pousser bonnes et… mauvaises herbes.

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Des mésaventures arrivent parfois aux Français : la pluie d’orage est soudaine, il faut ne pas oublier de fermer les fenêtres de la maison ! Résultat : 5 cm d’eau dans les chambres, leurs matelas sont trempés. « La pluie est tellement forte, elle donne l’impression que l’on reçoit des seaux d’eau. Et quand le vent se lève, c’est encore pire » raconte René Chaussin, président de l’association.

Le Magic Bus et l’ambulance sont toujours au village. Mais ils sont momentanément en panne. Les pneus du Magic Bus, convoyé en février 2014, ont fini leur vie sur les pistes rouges défoncées. Et pourtant il avait trouvé son utilité pour conduire la population pour se rendre aux marchés éloignés, pour les fêtes, les enterrements et les manifestations en tous genres.

Quant à l’ambulance, offerte par le SDIS 17, et acheminée sur place en février 2011, elle a transporté moults malades, blessés de la route, femmes prêtes à accoucher, vers l’hôpital de Yako, à une trentaine de kilomètres, lorsque les soins ne peuvent pas être dispensés au centre médical d’Arbollé. Les pneus et les amortisseurs sont morts, la réparation coûte 900 000 FCFA, soit 1400 €, une somme astronomique pour là-bas. Le montant devrait être pris en charge par la mairie d’Arbollé, sous la tutelle de la Préfecture. L’ambulance pourrait retrouver son efficacité, incessamment sous peu.

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Comme il se doit, quand on arrive à Arbollé, une des premières visites est celle à Majesté Naba Koom, chef coutumier, un moment toujours empreint de respect et d’amitié. « L’accueil burkinabé est légendaire, c’est comme si nous nous étions vu la veille » se remémore René Chaussin.

Cette année, la situation est un peu particulière. Suite à la Révolution d’octobre 2014, il n’y a plus ni maire, ni conseil municipal dans tout le pays. Un gouvernement de Transition a été mis en place. A Arbollé, les affaires quotidiennes sont réglées par une délégation spéciale de 45 membres. La visite à monsieur le Préfet est importante, il est le représentant de l’Etat, et pendant la période de transition il gère la commune. En réunion et dans les rencontres avec les uns et les autres, bien des paroles s’échangent.

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Les femmes sont toujours aussi actives et courageuses. Outre les cultures, elles assurent les tâches domestiques quotidiennes. Souvent elles ont des activités complémentaires génératrices de revenus (AGR), qui leur permettent de subvenir aux finances de la famille, telle la scolarisation des enfants.

Oh, surprise ! le container qui a été acheminé en 2014 est entouré d’herbes vertes. Les clés de sa porte n’ont toujours pas été remises à l’association des femmes ALFA, comme cela est prévu depuis plus de deux ans. Leur activité principale est la transformation du karité et du neem. Les Amis d’Arbollé ont réglé la taxe d’enregistrement de la parcelle, cependant l’opération container n’est pas encore finalisée, au grand dam de l’association rétaise. Mais, tout finira bien par s’aplanir, le temps et les palabres arrangeront peut-être les choses…

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Et que font les enfants pendant ce temps ? La rentrée des classes a été reportée au 8 octobre sur tout le territoire burkinabé. Ils passent leur temps avec les Blancs, les Nassara comme ils disent, à discuter, à poser des questions, à lire, à écrire, à dessiner. Ravis d’avoir un peu de distraction, et surtout de quoi raconter le soir quand ils rentrent dans les cases de leur famille. « Finalement, nous avons beaucoup vu les enfants, bien plus que les adultes qui n’étaient pas disponibles et qui travaillent énormément dans les champs » révèle René. 

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Partir au Burkina Faso, c’est aussi faire encore plus ample connaissance avec le pays, avec ses habitants, ses paysages, ses scènes de rues, son style de vie. Chaque voyage apporte son lot de découvertes, que ce soit pour ceux qui y viennent pour la première fois, comme pour ceux qui ont déjà séjourné là bas à de nombreuses reprises.

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Les trois bénévoles des Amis d’Arbollé se sont posés à Paris-Roissy le samedi 12 septembre, aux aurores.

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Quatre jours plus tard, le 16 septembre, une tentative de putsch du Régiment de Sécurité Présidentielle (RSP) a mis le pays en ébullition. La perspective de nouvelles élections présidentielles et législatives agite les composantes politiques. Fort heureusement aujourd’hui, la situation s’est éclaircie. Sous la pression internationale et celle de la rue, les putschistes ont été arrêtés, la Transition poursuit la feuille de route qu’elle s’était fixée il y a un an.

« Nous avons passé un séjour tout à fait normal, sans difficultés. Nous savions que la période n’était pas facile pour eux, ils sont dans une période transitoire. Mais nous avons bien suivi les recommandations de sécurité et de discrétion données par l’Ambassade de France. Il était important pour nous de renouer des contacts directs sur place, après notre dernier voyage d’il y a un an et demi. Notre séjour de février 2014 avait été bien plus mouvementé ! Celui dont nous revenons avait un but de coopération humanitaire et sociale, mais il était aussi privé. C’était l’occasion faire découvrir ce pays que nous aimons tant à Estelle, que Pascal Goumard, son père, avait adoré ».

La période de Transition s’achève au Burkina. Les élections présidentielles et législatives auront lieu le dimanche 29 novembre. Un voyage en début d’année 2016 n’est pas envisagé. Toutefois les Amis d’Arbollé continuent leurs actions. Jour après jour, ils engrangent des fonds pour des projets d’intérêt communaux, au profit de la collectivité, qui leur ont été soumis par la population d’Arbollé.

Couverture Tam Tam 2015

 

 

En juillet dernier le n° 23 du Tam Tam est paru. En 18 pages, il raconte la vie quotidienne des bénévoles rétais, la vie au Burkina, et les projets. Il est en ligne sur le site de l’association.

 

 

 

L’association des Amis d’Arbollé aura 35 ans en 2016. Toutes ces années ont été riches en événements, en joies, en peines, en espoirs. « Pour mener à bien des projets, il faut prendre son temps. Le pays ne demande qu’à se développer, il faut y croire tous les jours. Et comme dit le proverbe burkinabé : si la danse familiale se mène dans un plat, chacun de la famille doit y mettre son pied » conclut René, en fin connaisseur de l’Afrique qu’il est.

Et si vous avez envie de rejoindre l’association, voici le téléphone de Flavie et René Chaussin, inlassables acteurs sur le terrain : 05 46 29 22 94.

Merci à Estelle Goumard, à Blandine Hulin et à René Chaussin pour leurs photos. Leurs belles images m’ont fait rêver, c’est comme si j’avais fait partie du voyage dans ce pays qui habite mon coeur. 

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