Carnet de bagnard

Fin novembre, à l’issue d’un conseil communautaire, j’ai découvert un magnifique document ancien : un carnet de dessins réalisé par un bagnard, passé par la citadelle de Saint-Martin de Ré avant d’être embarqué pour l’île des Pins en Nouvelle-Calédonie.

Carnet du bagnard Joseph Marteau

Ce carnet faisait partie d’une vente aux enchères d’une bibliothèque privée, organisée par la Société Pierre Bergé et Associés. En amont, l’équipe du musée Ernest Cognacq de Saint-Martin de Ré avait repéré cette vente. La Communauté de Communes a acquis l’album du bagnard pour 2 200 €.

L’acquisition résulte d’une volonté partagée. « Elle a pu se réaliser grâce aux efforts conjugués et à la cordiale entente entre l’équipe du Pays d’Art et d’Histoire de la CDC, le Musée, et la bienveillance du président de la CDC. Elle s’est faite avec l’accord des élus de l’île de Ré »  commente Julia Dumoulin-Rulié, responsable du musée de Saint-Martin. « C’est un geste généreux » remercie-t-elle. « Jusqu’au bout nous espérions que ce carnet rejoigne nos collections. Le musée étant labellisé Musée de France, l’album rentre ainsi dans une collection publique. Idevient inaliénable et imprescriptible et ne pourra donc plus être vendu ». 

En fin d’année dernière, la CDC en a donc fait don au Musée.

Stéphanie Le Lay, responsable Patrimoine à la CDC

 

Les dessins sont délicats et particulièrement émouvants. Le carnet est précieux, il a près de 150 ans ! Il ne peut être feuilleté qu’avec des gants blancs…

Stéphanie Le Lay, responsable du service Patrimoine de la CDC explique l’origine de ce carnet de croquis et son contenu. 

« C’est un témoignage extraordinaire, car nous avons peu de documents de bagnards. Cet album vient enrichir le fonds d’archives sur le bagne que le musée de Saint-Martin a constitué au fil des années » indique l’historienne.

Le carnet comporte 46 feuillets, il a été réalisé par Joseph-François Marteau de 1872, date de sa condamnation, à 1880 date de sa libération. 34 dessins retracent son voyage et décrivent ses divers lieux de détention à Saint-Martin, à Quelem, puis en Nouvelle Calédonie.

Le détenu a utilisé le crayon, la plume et la sanguine. Certains dessins sont signés.

« Les esquisses sont formidablement intactes, malgré les années et les traversées des océans. En outre, elles nous offrent la chance de découvrir des détails d’intérieur des cellules de Saint-Martin ».

 

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Plusieurs pages sont consacrées à la vie

dans l’île des Pins :

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« Joseph-François Marteau a été accusé d’attentat contre le gouvernement en place,en participant aux événements de la Commune de Paris. Il était considéré comme anarchiste. Il a été condamné à la déportation simple et la dégradation civique, il n’était donc plus considéré comme citoyen français. Il est resté à l’île des Pins jusqu’à l’amnistie de 1880 ».

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Ces quelques photos sont un rapide survol du carnet de bagnard. II y a encore beaucoup d’autres dessins à découvrir.

L’album sera présenté dans le nouvel espace que le musée de Saint-Martin va consacrer au bagne et inauguré le 7 mars : Saint-Martin-de-Ré, antichambre des bagnes. Ce sera un lieu d’exposition permanente où côtoieront objets et oeuvres des collections du musée et récentes acquisitions. Il y a quatre ans, une très belle exposition de photos en noir et blanc, réalisées par Dominique Darbois, présentait des photos du bagne de Guyane. Ce sera aussi l’occasion d’en redécouvrir certaines.

Rappelons que Saint-Martin de Ré a été le lieu de transportation des condamnés de droit commun aux travaux forcés et des condamnés à la déportation politique. « Le seul et unique dépôt en France des condamnés aux bagnes des Colonies, à partir de 1873 » précise Julia Dumoulin-Rulié.

Merci au musée et merci à la CDC pour m’avoir autorisé à publier ces dessins.

4 réflexions au sujet de « Carnet de bagnard »

  1. Rochelo-lagordais et passionné par l’histoire des Bagnes, je découvre votre blog (il serait temps !…), grâce à mon épouse qui l’avait déjà parmi ses favoris.
    Votre article traitant de l’acquisition de cet album est passionnant et complète utilement mes visites (déjà anciennes) au Musée Ernest Cognacq, lors des expos et conférences sur le le Bagne.
    Au delà de ce thème qui m’est cher, je lève également le voile sur les différents sujets que vous abordez, tous aussi différents qu’intéressants et richement illustrés, pour qui aime l’Île de Ré…
    A coup sûr, nos prochaines virées en scooter, à 50 km/h à travers l’île, nous permettront d’avoir l’oeil encore plus aiguisé et de nous rendre tous 2 plus curieux encore… Grand merci à vous !

  2. Bonsoir et un grand MERCI pour tous vos récits que je suis avec beaucoup de plaisir depuis le sud car je ne suis qu’une amie de passage de l’île de Ré… bientôt en mai!
    Mais là juste un petit rectificatif… On ne dit pas l’île aux Pins, mais l’île des Pins!!!
    J’ai habité en Nouvelle-Calédonie quand j’étais ado et ça m’écorche un peu l’oreille… mais rien de bien grave bien sûr!
    Surtout continuez à nous faire connaitre et aimer votre belle île!
    MF

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