Deux chèques au chevet de l’écluse Moufette

Mardi 14 novembre, double coup de pouce financier pour Moufette. Les Bières de Ré et le Lions Club ont remis deux beaux chèques à L’Amicale de Moufette l’association chargée de la préservation de l’écluse à poissons, située au pied du Phare des Baleines.

Moufette est particulièrement vulnérable. Exposée à la pression de la houle qui tape durement à cet endroit, ses murs brèchent régulièrement.

Saint-Clément des Baleines - Ecluse Mouffette - 20 juin 2017
20 juin 2017.

Moufette est sans doute la plus grande écluse à poissons de l’île de Ré. Autrefois d’autres écluses la bordaient. Elle est d’autant plus fragile, qu’aujourd’hui elle est la seule encore debout dans ce coin extrême du nord de l’île.

L’historien Pierre Tardy, dans son livre Les Ecluses à poissons dans l’île de Ré, a illustré celles qui existaient là. Moufette est la n° 3 sur le dessin.

Dessin écluses à poissons dans l'île de Ré - Pierre Tardy

Outre d’être des pièges à poissons lorsque la mer se retire, elles constituaient des remparts de défense des côtes. Elles créaient également du lien social entre les Rétais, entre les détenteurs des parts de l’écluse et la population, à laquelle ils distribuaient le poisson pêché. Une histoire de solidarité dans les temps de disette.

Des panneaux ont été posés tout près de l’écluse de Saint-Clément afin de sensibiliser le public à la nécessaire attention qui doit être apportée à ce témoignage du passé. Ils ont été conçus et réalisés par Patrimoine Océan, entreprise gestionnaire du site du Phare des Baleines.

En juillet dernier, Les Bières de Ré ont lancé une bière associative, la première du genre à l’île de Ré. Une bière blonde, fruitée et estivale, intitulée Les Ânes du Pertuis , a été spécialement brassée. En parallèle, l’entreprise de Sainte-Marie s’était engagée à reverser 0,40 € par bouteille vendue.

Mission accomplie. Fleur Gaspard-Huit, commerciale, et Matthieu Bertrand, maître-brasseur, sont venus remettre le chèque promis : “ Nous avons eu envie d’aider Moufette. Nous avons été ravis de participer à la conservation de ce patrimoine naturel et culturel de l’île de Ré. Au premier abord, cette bière est simple, mais de par l’assemblage du malt et du houblon, nous avons créé un produit unique qui dure dans le temps, autant dans la dégustation que dans le souvenir ”.

Le chèque de 1 800,40 € correspond précisément à 4 501 bouteilles déjà commercialisées à la fin du mois d’octobre. Un tout petit reliquat reste à venir, lorsque la totalité de la série spéciale des bières Ânes du Pertuis sera écoulée. Il vous reste quelques jours pour découvrir cette bière, après ce sera trop tard…Bières de Ré - Amicale de Moufette - 17 novembre 2017

Comment cette somme va t-elle être utilisée par les bénévoles-bâtisseurs de l’écluse à poissons ?

Pour sauvegarder ce patrimoine, il faut de la patience, des bonnes volontés, et surtout de bons bras, pour remonter régulièrement les murs bréchés et aller chercher les pierres rejetées au loin par la mer. Le travail de consolidation et de reconstruction ne peut se faire qu’à marée basse. Et surtout quand la mer se retire suffisamment de façon à pouvoir intervenir pendant trois ou quatre heures d’affilée.

Depuis un mois, Moufette présente de nouveau une brèche de dix mètres sur son mur Ouest. Le boulot de surveillance et de colmatage est permanent.

Clarence, l’antique tracteur vert, qui rend bien des services pour transporter les pierres sur l’estran, est un peu fatigué. “ Il va être équipé de pneus arrières neufs. Ses freins et son système hydraulique vont pouvoir être refaits. Et les bénévoles vont avoir de nouveaux gants ! ” remercie Claude Fourrier, président de l’Amicale de Moufette, en découvrant avec joie l’important montant.

Une similitude amusante : l’équipe des Bières de Ré raconte qu’un même vieux tracteur est utilisé pour assurer les transports sur le site de l’entreprise. “ L’âne de Ré est bien l’ancêtre du tracteur ! ” sourit Fleur Gaspard-Huit.

Ile de Ré -Amicale de Moufette - septembre 2017
Photo : Claude Fourrier – Septembre 2017.

Un bonheur n’arrive jamais seul.

Il y a presque deux ans, L’Amicale de Moufette a déjà fait appel au Lions Club de Saint-Martin de Ré. Attachés à la cause de la préservation du patrimoine, les membres du conseil d’administration avaient dit banco. Un don de 1000 € avait permis une partie de l’achat du tracteur Clarence, soit un tiers du montant du véhicule.

La semaine dernière de nouveau 800 € sont tombés dans l’escarcelle de Moufette. Cette somme va rembourser des gabions, sortes de casiers en grillages, acquis pour consolider certains endroits de murs de l’écluse à poissons. L’ADEPIR (Association de Défense des Ecluses à Poissons de l’île de Ré), à laquelle Moufette est adhérente a, de son côté, participé pour partie à l’achat des trente petits gabions dont Moufette avait besoin.

“ En ces temps de révision des PPRL, où l’on parle risque de submersion et aléas, nous savons combien les écluses ont sauvé la mise des Rétais pendant des décennies, voire des siècles. La vôtre, à Saint-Clément est seule en tête. Elle souffre  de n’avoir plus de voisins, elle prend tous les coups, du Nord, du Nord-Ouest, de l’Ouest. En dehors du tracteur qui vieillit, vous avez intérêt à recruter beaucoup de jeunes, car les bras vieillissent aussi ! Nous serons auprès de vous autant que possible ” a affirmé Gérard Marieau, président du Lions Club.

Pour signifier l’engagement sur le long terme, ce jour-là une convention a été co-signée entre les deux présidents, en présence de Gilles Duval, maire de Saint-Clément des Baleines. En fonction des projets soumis, un avenant sera annexé chaque année.

Saint-Clément des Baleines - Convention Moufette - 14 novembre 2017
Claude Fourrier, Gérard Marieau et Gilles Duval.

 

Et comme il se devait, la fin d’après-midi s’est terminée autour d’un verre de bière Les Ânes du Pertuis.

Pour terminer ce post, soulignons une singularité dans l’appellation de cette écluse :  elle se dit aujourd’hui Moufette. Certains l’écrivent avec 2 F et 2 T  : Mouffette. D’autres avec 1 F et 2 T : Moufette. Et d’autres encore avec 2 F et 1 T : Mouffet. Au fil du temps, les prononciations se sont déformées. Et quand bien même il n’y avait pas de “ e ” à la fin du mot, les Rétais prononçaient un “ ette ” bien marqué oralement.

Dans son livre, Pierre Tardy indique par ailleurs plusieurs noms, relevés dans différents documents anciens. Voilà qu’un “ L ” y apparaît : Mouflet, Moufflet. Elle s’est aussi appelée Mauffet ou Maufaite. Allez vous y retrouver dans tout cela !

Dans 100 ans, quel sera son nom et comment s’écrira t-il ? Souhaitons que l’écluse à poissons de Saint-Clément existe encore, et que la gorbeuille soit toujours bien pleine.

L’amicale de Moufette a un Facebook : Solidarité Ecluse Moufette Ile de Ré

 

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