Eglise d’Ars-en-Ré, encore bien des mystères

Les travaux de restauration de l’église d’Ars-en-Ré se poursuivent normalement. Toutefois lorsque l’équipe du chantier gratte les vieux enduits il lui arrive de découvrir des merveilles.

Cela est déjà survenu en octobre 2017 lorsque une fenêtre romane a été mise à jour, avec à l’intérieur des dessins de feuillages rouges et noirs.

Au début de cette année, un dessin peint directement sur un des piliers du vaisseau central a été révélé.

Ars - Travaux église - Blason - 10 janvier 2019
10 janvier 2019.

Serait-ce un blason peint sur une litre funéraire ? Cette hypothèse a été émise par Elsa Ricaud, l’architecte du Patrimoine, qui supervise les travaux en binôme avec son confrère Stéphane Berhault.

Entre la fin du 16e siècle et la fin du 18e siècle, une litre funéraire consistait à peindre ou à poser une bande d’étoffe de couleur noire à l’intérieur, et parfois même à l’extérieur d’une église, pour honorer un défunt. L’ornementation  était réalisée à l’occasion des funérailles d’une personnalité. Cette bande noire placée en hauteur était agrémentée de représentations du défunt et, le cas échéant, de ses armoiries.

Est-ce le cas ?  Les peintures sont encore nettes. On distingue des bandes rouges-rosées et de la couleur noire. Les angles de cette peinture sont droits.

En y regardant de très près, il y a même des poussières de dorures…

… et aussi des traces de dessins de cordages. Elles pourraient être assimilées à des pompons figurant un arbre généalogique. “ La description des armoiries, et à qui elles appartenaient pourraient nous aider à comprendre ce qui a été trouvé là ” souligne Elsa Ricaud.

Ars - Travaux église - Blason - 14 janvier 2019
14 janvier 2019.

L’enquête ne fait que débuter. Ce grand dessin est-il lié aux personnalités de l’île de Ré, enterrées dans le sol de l’église, et dont le nom figure sur la stèle en pierre située juste en dessous ?

L’équipe Patrimoine de la Communauté de Communes a été interrogée en parallèle des recherches menées par les architectes. A l’heure qu’il est, nous n’avons pas le résultat de leurs investigations.

Des couches et des couches d’enduits, il y en a à retirer ! Certains jours la poussière est terrible dans l’église. Elle provoque un brouillard blanc…

Par ailleurs, sur un des piliers du choeur, des vestiges très lacunaires ont été identifiés. Un motif floral bleu et un feuillage ocre-brun ont été exhumés. Les couleurs sont tendres et les dessins sont nettement marqués.

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En dessous le faux marbre rouge des piles apparaît. Qui a peint cela ? Et quand ?

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Il y a là aussi des trous. Ils devaient vraisemblablement être utilisés pour y ficher des étendards lors des cérémonies, ainsi que des morceaux de ferraille incrustés dedans pourraient le faire penser.

De quoi faire galoper l’imagination ! Par exemple, se représenter l’église pleine de bannières colorées…

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Les trous ont été rebouchés et l’ensemble a été protégé puis recouvert d’un badigeon, dans la teinte choisie pour l’ensemble de l’église.

Dernièrement, des traces de graffitis ont aussi été découverts sur trois piliers du vaisseau central. Les dessins ne se distinguent pas bien. Depuis le début des travaux de l’église, il y a eu plusieurs découvertes de ce type… 

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Et puis deux autres croix de consécration ont été mises à jour. Une à l’entrée gauche de l’édifice, et une autre au fond à gauche dans le choeur. Elles feront l’objet d’une restauration par Lucie Roques, comme cela a été le cas jusqu’à présent.

A quoi peuvent bien faire allusion les deux sculptures taillées dans la pierre du haut des voûtes ? Elles se sont révélées lors du grattage des enduits.  L’une représente un visage. L’autre ressemble à une femme enceinte.

Voilà donc encore de belles trouvailles. De quoi approfondir et compléter ce que l’on connaît déjà de cette église rétaise.

En fait, la rénovation de l’église d’Ars, se compose de plusieurs chantiers dans le chantier. Ils sont menés en parallèle.

Début novembre, de nouveau des échafaudages ont été montés dans le choeur et dans le vaisseau central.

Le travail de l’équipe des Compagnons Réunis se poursuit inlassablement, des jours et des jours durant. La surface est grande !

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Il consiste à faire tomber les vieux enduits, à reprendre les murs pour combler ce qui était abîmé, faire de nouveaux enduits à la chaux, et à ensuite badigeonner, toujours à la chaux, dans les couleurs choisies.

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Au plus haut du chantier sous les voûtes, la hauteur est de neuf mètres. Il ne faut pas avoir le vertige !

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Une fois les échafaudages retirés, l’élégance du bâti est évidente. Les nervures des voûtes sont superbes.

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Désormais des détails d’ornements se distinguent parfaitement bien. C’est très beau et très élégant.

La statue du Christ Ressuscité a retrouvé les étoiles en cuivre qui l’entourent. Fichées dans la voûte du choeur, elles ont été nettoyées une à une, puis repositionnées.

LES VITRAUX DU VAISSEAU CENTRAL

De loin on pourrait les croire en, à peu près, bon état.

Ars-en-Ré - Travaux église - 2ème série vitraux - 8 octobre 2018
8 octobre 2018.

Ils datent du 19e siècle. Ils sont composés de trois panneaux sur la largeur et de six panneaux en hauteur.

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Lorsque les rayons de soleil les traversent, leurs couleurs se projettent sur les murs et les sols de l’église.

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Les regarder de près, c’est constater que les dommages sont importants. Il y a des trous partout. Le métal des ferronneries a rouillé, les panneaux se sont déformés entraînant la casse des vitraux.

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La deuxième phase de leur restauration a débuté fin novembre. L’entreprise Vitraux Dupuy est sur place pour les démonter.

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Le démontage se fait morceau par morceau. Les vitraux vont être apportés en atelier. Leur état sanitaire va être constaté, avant qu’ils ne bénéficient d’une cure de jouvence.

L’ÉLECTRICITÉ

L’installation électrique doit intégralement reprise. Elle était vétuste et des fils courraient sur les murs. Le travail a été confié à l’entreprise Brunet-Sicot. A terme, de nouveaux luminaires éclaireront l’intérieur de l’édifice.

Ils seront teintés dans le même ton que celui des murs et des piles. Une subtilité certes, mais qui permettra que les lumières se fondent dans les décors.

Rien n’est laissé au hasard. Il faut aussi définir les zones d’éclairage dans l’édifice. Les réunions de chantier sont parfois longues, voire très longues.

Afin que les câbles électriques soit parfaitement intégrés, et surtout quasi invisibles, les Compagnons Réunis opèrent des saignées dans les piliers, en suivant la disposition des pierres du bâti.

Ars-en-Ré - Electricité - 30 janvier 2019
30 janvier 2019.

Ces jours-là aussi, poussière blanche garantie. Elle flotte dans les airs. Terrible. J’ai l’impression d’être enveloppée d’un nuage. A voir ceux bossent ici, on sent spontanément que l’épisode n’est pas facile, ni de toute tranquillité.

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L’électricité passera non seulement dans les murs, mais aussi sous les sols. Près de la sacristie, il faut retirer les anciens carreaux pour faire des mini-tranchées. Et nettoyer les carreaux les uns après les autres.

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L’ESPACE LITURGIQUE ET LA SONORISATION

Mi-janvier, l’abbé Michel Cottereau est sur place pour délimiter le nouvel espace liturgique. La réunion de chantier consiste à définir l’emprise, la forme et la taille de la future estrade sous l’autel.

Ars-en-Ré -Espace liturgique - 14 janvier 2019
14 janvier 2019.

 

Les futurs motifs au sol doivent aussi être pris en compte, de manière à ne pas les interrompre. Il faut également réfléchir à la progression des fidèles dans l’église afin qu’elle soit plus simple qu’auparavant lors des célébrations et des cérémonies. En bref, comment allier technique, patrimoine, et vie paroissiale.

Ars-en-Ré - Eglise - Vieille sono - 27 novembre 2018
27 novembre 2018

 

Il est aussi question de la sonorisation. Elle était bien fatiguée, on n’entendait pas toujours facilement les paroles prononcées dans l’église. Et les hauts-parleurs avaient l’air de verrues sur les murs.

 

Tout comme les éclairages seront teintés pour se fondre dans l’ensemble, les nouvelles enceintes seront de couleur ocre-jaune, celle définie pour les murs de l’église.

LES BANCS

Ceux clos du vaisseau central ont été déposés par les équipes de la commune. Les planchers étaient vermoulus et les montants qui tenaient les bancs au plancher étaient totalement pourris. Les frisettes étaient bourrées de pointes, elles n’ont pas résisté au démontage.

Le devenir des bancs est posé. Seront-ils remplacés à neuf ? Seront-ils refaits à l’identique, en conservant les parties en bon état ?  L’avis de la DRAC a été sollicité.

Il y a aussi les stalles noires, ajoutées là à une période particulière de la vie de l’église. Certains bancs datent du Conseil de Fabrique, qui régissait alors la vie paroissiale.

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LES SOLS

Des essais ont été réalisés pour les motifs tournesols, que l’on retrouve à plusieurs endroits dans le vaisseau central. Le procédé de fabrication est complexe.

La réalisation des sols en mortier incrusté du vaisseau central devrait débuter fin février lorsque les vieux sols auront été enlevés.

LE LUSTRE

Lui aussi nécessite d’être rafraîchi. Il faut le descendre. Et puis trouver l’entreprise compétente pour lui refaire un look. Et attendre les devis…

ET TOUJOURS DE L’HUMIDITE…

En dépit de tout ce qui a été mis en oeuvre dans les étapes précédentes, l’humidité est récurrente dans le transept nord de l’église. Des traces de salpêtres sont évidentes. Espérons qu’avec tout ce qui a déjà été entrepris, cette humidité va calmer au fil du temps.

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A l’extérieur, il manquait quelques derniers pavés pour parfaire l’entourage de l’église. Voilà, mi-décembre 2018, c’est fini !

Si vous vous intéressez au patrimoine religieux de l’île de Ré, je ne saurais trop vous conseiller un ouvrage sorti mi-octobre 2018. Il a été conçu et réalisé par l’équipe patrimoine de la CDC.

Il est bourré d’informations très intéressantes, du Moyen-Age jusqu’à l’époque contemporaine. Il coûte 15 €. Il est distribué par Geste Editions, et vendu dans les maisons de la presse de l’île de Ré et dans les grandes surfaces.

Ars-en-Ré - Eglise - Chantier interdit au public

 

Rappelons que le chantier est bien évidemment interdit au public, pour des raisons de sécurité.

 

 

A bientôt pour la suite…

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