Jean-Luc Pouteau, ami de Fleur de Vigne en Ré

Du 25 au 27 mai se tiendra Fleur de Vigne en Ré, aux Portes. Depuis la création de ce Salon du vin et de la gastronomie,  le sommelier Jean-Luc Pouteau apporte sa touche de professionnel qu’il est. Une valeur ajoutée incontestable pour cette manifestation.  Affiche Fleur de Vigne en Ré - mai 2017

Sa faconde et son savoir sont précieux pour l’association organisatrice du Salon, Les Portes-en-Fête. Il a été le tout premier élu Meilleur sommelier du monde en 1983.Jean-Luc Pouteau - 26 avril 2017

Demandez lui quel est son vin préféré, il vous répond : “ J’aime tous les vins. Cela dépend du contexte, avec qui on le boit et à quelle occasion ”. Mais je suis sûre qu’il a un vin chouchou. En le poussant un peu, il confie dans l’ordre : “ Le bordeaux et le champagne ! ”.

Le champagne, il l’apprécie à l’apéritif : “ C’est le vin de la fête. Il ouvre un repas, on débute avec une belle bouteille. Quand on sert du champagne à une femme, ses yeux pétillent. Ce vin les rend plus belles après l’avoir bu ”. Tout un programme…

Pour le Bordeaux il penche plutôt pour le Pauillac. Et plus particulièrement un Château Pichon Baron de 2009 ou de 2010, en accompagnement d’une côte de boeuf. Et cela va de soi, des pommes de terre de l’île de Ré sautées au beurre et parsemées de fleur de sel. Jean-Luc est un irréductible épicurien.

Que pense-t-il des vins étrangers ? Ma question doit lui paraître saugrenue : “ Je n’en bois pas souvent, je suis trop chauvin ! Je défends les vins français ! ” s’exclame t-il.

Il est un véritable puits de science, un érudit. Pourtant il n’a découvert le sujet que tardivement. Sa formation de pâtissier ne le prédestinait pas à ce métier.

“ Originaire de Mayenne, je buvais du cidre. Mon premier verre de vin m’a été offert par Maddy, j’avais 23 ans. C’était un rosé sucré, un Cabernet d’Anjou de son père qui était vigneron. J’ai aimé. J’ai ensuite épousé Maddy ! J’étais maître d’hôtel à l’auberge d’Eventard, un des meilleurs restaurant de l’époque d’Angers. Je faisais alors office de sommelier. J’étais jeune marié, mon patron m’a envoyé faire un périple d’un mois en France chez ses fournisseurs vignerons, sauf dans le Midi. Je suis revenu passionné par les vins  ”. 

Comment atteindre le podium de meilleur sommelier ? Au fil de l’interview, il lâche quelques infos notables. La transmission semble importante pour l’homme.

1ÈRE INFO : ÊTRE PASSIONNÉ.

Au début des années 70, il n’existe pas de livres consacrés au vin. Peu de journalistes écrivent sur le sujet. A part la Revue des Vins de France, rien pour se cultiver en la matière. Mais c’était déjà pas mal : “ Je lisais ce magazine de la première à la dernière page ”. Lorsque la revue a organisé le concours du meilleur sommelier de France, il s’est lancé, voulant se tester.

Depuis, il a écrit trois livres en tandem avec Nicolas de Rabaudy, éminent journaliste gastronomique. En 1985, Le savoir boire. En 1990, Le mariage des mets et des vins. En 1999, Les vins de rêvesLivres de Jean-Luc Pouteau

En 1972, alors meilleur sommelier Bretagne/Val de Loire, il termine dernier de la finale nationale. “ J’ai découvert l’esprit de ce concours. J’ai beaucoup travaillé, notamment la théorie. Ça ne tombe pas tout cuit ”. Le concours n’a lieu que tous les deux ans. En 1974, il finit 4ème. “ J’étais au bord des marches, c’est vexant. J’ai encore travaillé d’arrache-pied ”. Enfin en 1976, il décroche le titre français : “ La barre était haute. Tous les sommeliers qui concouraient étaient issus des plus grands restaurants de France ”.

2ème info pour atteindre le Graal : travailler, travailler, apprendre. et aller à la rencontre des vignerons.

Muni de son titre de sommelier de France, il rejoint l’équipe du restaurant La Marée, à Paris, Faubourg Saint-Honoré. Deux étoiles au Michelin, avec en cuisine Gérard Rouillard. Un lieu reconnu par ailleurs pour ses bouteilles prestigieuses. “ Une carte des vins fabuleuse, et une clientèle fabuleuse ” se rappelle t-il. “ J’ai choisi ce restaurant, alors que j’étais sollicité par plein d’autres. Marcel Trompier, le propriétaire, m’a accordé deux jours de congés par semaine, le samedi et le dimanche. Il savait que ma vie de famille comptait ”. L’aventure a duré huit ans, jusqu’en 1984.

3ème info pour passer à la vitesse supérieure : être un pro du service.

“ Le sommelier n’est pas que réservé aux vins. Il fait partie d’une équipe, au service du client. Dans un établissement tout le monde est sur le même bateau. Le sommelier n’est pas là pour étaler sa science, mais pour conseiller le client. Bien sûr il existe des bouteilles à des prix élevés, mais aussi des vins de qualité à des prix raisonnables ” dit-il.

Jean-Luc Pouteau aime son métier, et ça se sent. “ Je me suis éclaté. Etre sommelier, demande du doigté et de la psychologie. Etre polyvalent, connaître les mets, savoir comment le chef a élaboré ses plats, les ingrédients qu’il y a mis, les saveurs, afin d’apporter le meilleur conseil. C’est un métier où les relations humaines sont importantes. Les clients fidèles vous font confiance. En plus, le grand public connaît de mieux en mieux le vin. La presse, les médias ont justement vulgarisé le sujet, et Internet a amplifié ”.

4ème info pour s’affirmer dans le métier : voyager dans les régions, découvrir les nectars. Goûter pour se faire sa propre opinion. ET TRANSMETTRE.

Médaille de Jean-Luc Pouteau - Meilleur Sommelier du Monde en 1983 -En 1983, il décroche le titre de Meilleur Sommelier du Monde, à Bruxelles, “ en buvant et en dégustant beaucoup ”.

Ce concours, organisé par l’ASI (Association de la Sommellerie Internationale), a lieu tous les trois ans. “ C’est comme un coup de crosse qui vous tombe sur la tête… Marcel Trompier était très fier. Je suis passé dans l’émission télé de Jacques Martin, Incroyable mais Vrai, et là tout s’est enchaîné d’un seul coup ! ”.

Il est invité pour être membre du jury de la prochaine désignation qui aura lieu dans deux ans, à Anvers. Actuellement le titre est Suédois. Ils ne sont que douze, dans le monde entier à faire partie de cette élite du vin.

Une page se tourne lorsque Gaston Lenôtre l’engage pour devenir responsable des achats des vins de son groupe. Un grand groupe qui va des restaurants gastronomiques, Le Pré Catelan et Le Pavillon Elysée, à l’activité de réceptions, en passant par des boutiques en France et à l’étranger. Japon, Brésil, Allemagne, Etats-Unis. “ Gaston m’a envoyé dans ces pays. Tu connais le goût de nos clients, tu choisiras les vins en fonction. Il m’a donné carte blanche ”. Il y reste jusqu’à la fin de sa vie professionnelle, en 2010.

ll y a sept ans, il a créé une cave, à Franconville, au nord de Paris. L’enseigne  porte son nom. Des cours d’oenologie y sont dispensés. Ses deux enfants, Laetitia et Jean-Christophe, ont pris la relève. “ Par la force des choses, ils ont eu le virus. je continue à les aider ”. Il a aussi déposé sa marque.

5ème info POUR se souvenir des vins consommés : écrire les mots des différentes dégustations.

Jean-Luc Pouteau - mai 2015

 

“ J’ai une mémoire à tiroirs ” avoue-t-il. “ Je me souviens de ce que j’ai goûté il y a 3, 5 ou 10 ans, car je reprends régulièrement mes notes. Ce qui me permet de rentrer mes connaissances dans le cerveau ”.

 

 

Jean-Luc Pouteau habite à l’année à La Couarde. Il a découvert l’île de Ré en 1964. Il traversait alors avec le bac pour aller faire du camping. Peu à peu, le virus rétais a inoculé les veines de la famille. De fil en aiguille, une maison louée l’été à la Couarde a fait place à la construction d’une autre.

Quand bien même à la retraite de son métier de sommelier, il reste actif. Il est sollicité de partout. Mine de rien, il officie depuis 41 années dans ce métier.

Il teste des vins pour les magasins Leclerc de la Région Parisienne. Deux fois par an, il s’envole au Japon. Le mois dernier, c’était la 53ème fois qu’il s’y rendait. Un temps, il allait souvent au Maroc et en Russie.

Mais c’est la Chine qui aujourd’hui est son terrain de jeu. Trois ou quatre fois par an, il y séjourne quinze jours. Pour une société chinoise, déjà propriétaire de trois châteaux bordelais, il apporte ses conseils. Une sélection de six vins portent sa photo et sa signature. Pour le Salon de Shengdu, une manifestation immense et réputée, plus grande que Vinexpo à Bordeaux, des portraits de lui de 5 mètres de haut balisent la route de l’aéroport. “ Je suis comme un demi-dieu là bas ! Dans le métro de Shanghaï, un film sur moi est même diffusé ” s’amuse t-il. Cela pourrait le rendre orgueilleux. Mais non, une juste reconnaissance hors de nos frontières.

Lancez Jean-Luc sur la Chine, il vous raconte, la façon de consommer le vin là-bas. “ La tradition veut qu’on le boive cul sec. Hommes, comme femmes. En vous regardant droit dans les yeux et en disant Gānbēi ! A votre santé ! ”.

Infatigable découvreur, le sommelier continue à se balader dans les vignobles français. Sa dernière pépite : “ Un Castillon, Château d’Aiguilhe. Un vin fabuleux, meilleur que certains grands crus classés de Saint-Emilion. Je m’intéresse également beaucoup aux vins du Languedoc, la région est pleine de nouveaux viticulteurs ”.

Il a mis pour la première fois les pieds au Salon Fleur de Vigne en Ré aux Portes, à titre personnel, en 2008 l’année de sa création. “ Quand j’ai rencontré Marilyne Hernandez qui l’organisait, je l’ai engueulée. Elle donnait à boire dans un verre à coudre ! ”. Une histoire que l’intéressée confirme, en éclatant de rire avec tendresse. 

Depuis, la complicité entre les deux est évidente. Jean-Luc est devenu l’ambassadeur, le conseiller et l’ami de la manifestation. “ Ce Salon est charmant, intime. Les vignerons prennent le temps de discuter avec les clients, heureux de retrouver leurs fidèles adeptes. Nous nous entendons tous très bien, et ça se sent. Marilyne est dynamique, joyeuse, elle ne se prend pas la tête ”.

Pour la 9ème édition, de nouveaux producteurs seront là : Saumur, Bergerac, Minervois, Fleurie, Madiran… 36 exposants au total.

Chaque année, en amont du Salon, une vingtaine de bouteilles de ces producteurs sont testées. Autour de Jean-Luc Pouteau, toujours exigeant à juste titre, quelques Rétais amateurs de vins.

Le 26 avril, 22 bouteilles ont été passées au crible par le petit groupe, et de son côté le sommelier en goûté six de plus. Fleur de Vigne en Ré - Tests vins - 26 avril 2017

A la suite de ce test, chaque année, un livret des Coups de coeur de Jean-Luc Pouteau est édité. Voici, en avant-première la sélection 2017. Parmi cette liste plusieurs Coups de foudre, dont un qui est “ un vin que les femmes adorent quand les hommes l’ont bu ”. Ahh… quel est-il dans cette liste ?

Pour ma part, à Fleur de Vigne en Ré, je suis ses Coups de coeur les yeux fermés. Et je n’ai jamais été déçue.

 

Fleur de Vigne en Ré 2017 - Cuvée exceptionnelleCette année une cuvée spéciale Fleur de Vigne en Ré a été créée par Jean-Luc Pouteau. Impossible pour le moment d’en savoir davantage. A part qu’il s’agit d’un assemblage, dont il va falloir deviner les cépages qui la constitue. Chut…, Jean-Luc Pouteau et Marilyne Hernandez veulent garder la surprise de son goût.

Elle sera présentée dès le premier après-midi du Salon, le jeudi 25 mai, au moment de l’inauguration. En quantité limitée, cette cuvée ne sera néanmoins pas vendue.

 

Vous l’aurez compris, Jean-Luc Pouteau est très occupé. Mais toujours élégamment disponible pour vous parler de vins.

Jean-Luc Pouteau, placomusophile - 26 avril 2017Depuis trois ans, il consacre aussi beaucoup de temps à sa dernière passion, la placomusophilie. Il collectionne les plaques de muselet des bouchons de champagne. Devenu gros collectionneur, il en a déjà rassemblé  plus de 30 000.

 

Et puis, il cultive son potager de La Couarde. Un autre de ses dadas : voir pousser haricots verts, radis, tomates, salades, pommes de terres et courgettes. “ Manger ce que l’on produit, c’est important. Ces légumes ont une saveur exceptionnelle ”. Le goût, encore le goût, toujours le goût.

Jean-Luc Pouteau - 19 mai 2017

Rendez-vous à Fleur de Vigne en Ré, dans la salle des marais de la Prée, aux Portes, du jeudi 25 au samedi 27 maiLes Portes -Jean-Luc Pouteau - mai 2015

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