Loïc Picart et Loïc Abisset sont sauniers à Ars-en-Ré. Quand la météo n’est pas clémente et qu’ils ne peuvent donc pas tirer de sel, à quoi occupent-ils leurs journées ? Ils récoltent des graines de moutarde sur les bosses de leurs marais salants…
L’année dernière la récolte de sel n’a pas été bonne, celle des moutardes sauvages s’est révélée bien meilleure. D’un contretemps négatif, les deux Loïc en ont fait un événement positif. Leurs premiers pots de moutarde, 100 % rétaise, viennent de voir le jour.
Les vieux Rétais ont toujours su utiliser ce que la nature leur offrait. Les Anciens n’étaient pas riches, ils exploitaient tout ce qu’ils trouvaient sur place. Sur les chemins qui longent les marais salants les moutardes poussent, naturellement, en quantité. Ils appelaient ces plantes des choux noirs.
Jadis, ils utilisaient un cofineau, un récipient rond et profond, dans lequel ils broyaient les graines avec un boulet de canon. Un vrai boulet de canon, de ceux récupérés après la guerre gagnée contre les Anglais, est-il raconté encore aujourd’hui. Ils utilisaient la farine de moutarde pour faire des cataplasmes, un excellent remède pour dégager les bronches et soigner les coups de froid.
Au printemps, le jaune de la fleur est un enchantement pour l’oeil et pour l’odorat.
La moutarde de l’île de Ré est particulière, elle est noire. Sa variété est dite : brassica negra. « La graine est forte et riche, très typée » indiquent les deux hommes. Elle est différente de la moutarde jaune que l’on trouve habituellement dans les produits agro-alimentaires.
La moutarde noire existe un peu partout en France, mais je me demande si Continuer la lecture de La moutarde des Pères Loïc, rétaise et sauvage