P’tit brin d’osier deviendra arbre. Cette plante a toujours fait partie du paysage de l’île de Ré, cependant aujourd’hui on n’en voit plus beaucoup, il ne semble plus être à la mode. Il y a encore quelques années, il y en avait partout, dans les jardins et dans les champs, me racontent les Anciens.
Guy Bougeois de Saint-Clément des Baleines parle bien de cette plante. Je comprends maintenant mieux son adaptation aux sols rétais : il lui faut un territoire humide pour pousser. « C’est un saule. L’osier est gourmand d’eau, il est idéal pour boire l’eau du terrain. Là où l’eau stagne l’osier ne meurt pas. Dans les terrains secs, on peut l’arroser cela ne va pas le fatiguer ! ».
Plusieurs variétés existent : le rouge, le vert et le jaune. Les Anciens savaient marier ces couleurs dans les paniers qu’ils confectionnaient et qu’ils utilisaient dans leur vie quotidienne : la bazenne pour transporter le sel sur les bosses des marais ; la gorbeuille, de forme ronde, indispensable aux pêcheurs de poissons dans les écluses ; la manoque, son fond plat la rend stable, on la pose sur la pierre, avant de se mettre à genoux pour aller dénicher, dans leurs trous sur le flanc des roches, les crabes que l’on nomme les chancres-rochers.
« Il y avait des osiers partout, parce qu’ils étaient utiles. Mon père en avait planté au bout de chaque rang de vigne. A la place de la ficelle, il se servait d’une tige d’osier pour lier les sarments en fagots. Les transporter ainsi était plus facile. Ensuite il mettait un fagot dans le feu pour faire cuire le poisson et la viande ».
L’osier se taille chaque année, une fois que ses feuilles sont tombées, donc dès fin novembre et jusqu’à mars. Si vous souhaitez confectionner des paniers, n’attendez pas, décembre est la bonne période pour couper car les tiges sont fines et souples. « C’est mieux que le roseau. L’osier se plie, et tourne bien autour des branches de tamaris que nous utilisons en guise de structure des paniers » explique Guy Bougeois, qui en hiver confectionne des paniers rétais. On vient d’ailleurs souvent lui demander conseil pour les réaliser.
Après la submersion provoquée par la tempête Xynthia en 2010, le sel a asséché les sols et brûlé la végétation, les osiers ont bien souffert, beaucoup sont morts.
Il y a deux ans, j’ai planté deux petits brins d’osier. Ils ont rapidement pris et ils sont devenus de beaux arbustes. Actuellement et jusqu’en janvier, c’est la bonne période pour en faire pousser. Il faut couper 20 cm de tige environ, en vérifiant que la partie qui sera dans la terre, 10 cm, porte bien au moins deux noeuds, car c’est à partir des noeuds que les racines repartiront. Faire un trou dans le sol, arroser, et hop c’est fait ! Au printemps de nouvelles branches se formeront.
Certains opteront pour poser la tige dans un verre d’eau, et dès que les radicelles seront bien sorties, au bout d’un mois à peu près, l’osier sera prêt à planter.
« Si le pied n’est pas taillé régulièrement, l’arbre peut monter jusqu’à quatre mètres. Il faut faire un choix, soit le garder ainsi, soit le tailler pour utiliser les tiges. Mais dans tous les cas, il faudra lui donner une forme ».
En vidéo, démonstration de taille.
Cette plante ne demande pas d’entretien particulier, elle est facile. Elle est jolie, en plein hiver elle apporte une touche de couleur dans le jardin. Ses branches peuvent s’avérer utiles. De surcroît, elle est bien dans la tradition rétaise.