Qui n’a pas croisé le Magic Bus jaune sur les routes de l’île de Ré ? Depuis sept ans, il ne passe pas inaperçu, il fait même partie du paysage rétais. Les plus festifs ont utilisé ses services pour aller jusqu’au bout de la nuit, ou se rendre en groupe d’un point à un autre, en toute sécurité sans risquer de perdre des points de permis de conduire. Il a aussi transporté les enfants des centres de loisirs.
Ce bus part au Burkina Faso, Bernard Dupont, son propriétaire, en a fait don à l’association Les Amis d’Arbollé. Il s’agit du « petit » Magic Bus, celui de 16 places. Le « grand » Magic Bus, celui de 32 places, est quant à lui toujours en service, nuit et jour.
Une deuxième jeunesse attend ce véhicule. Avec 281 000 km au compteur, il est encore bien vaillant. Il sera d’une grande utilité à Arbollé, notamment pour les femmes de l’association ALFA (Association Lagem taaba des Femmes d’Arbollé). Il y a un an, elles ont créé un petit business de produits dérivés à partir du karité, beurre, savons et huile. Pour aller vendre leurs petites merveilles, elles se déplacent actuellement en taxi brousse, à vélo, voire souvent à pied en parcourant de nombreux kilomètres, avec leurs productions posées dans des paniers sur leurs têtes. Ce Magic Bus va leur alléger la tâche, et leur permettre d’élargir leur champ d’action sur toute la province du Passoré. Ce bus devrait également servir à la commune d’Arbollé pour assurer quelques transports en commun.
Bernard Dupont et René Chaussin, président des Amis d’Arbollé, relatent la genèse de ce don singulier, et l’avenir de ce Magic Bus.
Sur place les bénévoles des Amis d’Arbollé, qui partiront en séjour humanitaire en début d’année prochaine, vont réceptionner l’engin. Il leur faudra accomplir les formalités de dédouanement, ce qui laisse prévoir quelques séances de palabres en tous genres.
Hier, le Magic Bus a été chargé dans un container dans les entrepôts de la SDV Logistique Internationale, à La Rochelle. Ce fut un grand moment, lorsque le bus a été poussé à la main pour rentrer à l’intérieur du container ! Les caristes de la société SDV ont été vraiment formidables de cordialité, de patience et de solidarité. Il ont dû s’y reprendre à plusieurs reprises, le bus passait tout juste dans la largeur. J’imagine ce que sera le débarquement en Afrique. La même chose, mais dans l’autre sens, et en plus les infrastructures à Arbollé ne sont pas tout à fait semblables…
Le voyage jusqu’à à Arbollé n’est pas une mince affaire. Voyage en mer : La Rochelle – Le Havre- Anvers – Abidjan. Puis voyage en train : Abidjan – Ouagadougou. Puis voyage sur un porte-char par le « goudron », la route quoi… En gros, deux mois si tout se passe bien. J’imagine déjà l’explosion de joie à Arbollé, à l’ouverture des portes du container, avec youyous sonores à la clé ! Comme cela a été le cas lorsque les Amis d’Arbollé ont acheminé l’ambulance, offerte par le SDIS 17 en janvier 2010. Elle a déjà sauvé bien des vies.
Outre le Magic Bus, le container est rempli de dons et de matériel qu’on trouve difficilement sur place. Du para-médical, compresses, bandes, seringues à usage unique, deux tables d’examens gynécologiques, microscope, stérilisateur, matériel d’échographie… Des vêtements, 1500 tricots réalisés par les mamies rétaises pour les nouveaux-nés de la maternité et des couvertures. De l’équipement pour les cases africaines, matelas, vaisselle pour familles nombreuses. Des ballons de foot et de basket, des jeux de société, des aiguilles à tricoter et de la laine, et bien sûr des vélos et du sel de l’île de Ré. Le container lui-même a été acheté par l’association, il est destiné à rester dans le village et à être transformé en entrepôt.
L’expédition de ce container de 76 m3, douze mètres de long, coûte 12000 €. Elle n’a pu se faire que grâce aux dons, aux adhésions, lotos, ventes de gâteaux sur le parvis de l’église d’Ars-en-Ré, les portes ouvertes au stock de l’association et la subvention municipale, rassemblés au cours de l’année 2013.
Afin d’acheminer le matériel à La Rochelle, ces trois derniers jours il a fallu quelques bras musclés et pas mal d’allers-et-retours en camion de location et en voitures particulières.
Toutes ces actions créent du lien social, entre le Burkina Faso et l’île de Ré, mais aussi à l’île de Ré même. Les bénévoles se donnent sans compter. Madame Martinez est une des mamies tricoteuses. Elle raconte…