Vous est-il déjà arrivé d’avoir une petite fringale à minuit, en particulier une irrésistible envie d’huîtres ? à deux heures du matin peut-être ? un dimanche soir aussi ? Ou d’arriver trop tard pour faire les courses. Zut, les magasins ou les producteurs sont fermés.
Jusqu’à présent il fallait attendre le lendemain. Depuis peu, une faim d’huîtres peut être assouvie quasi instantanément. L’Huîtrière de Ré, au Martray, propose ses huîtres en libre-service. Une première dans notre île.
On ne peut qu’applaudir l’initiative de Tony et Brigitte Berthelot, producteurs. Leur établissement se situe au bord de la route départementale, avant d’arriver au virage de Foirouse, à Ars-en-Ré, au lieu-dit La Maison Neuve.
Leur libre service sera ouvert toute l’année, en hiver comme en tété.
Aller chercher ses huîtres, 24 heures sur 24, c’est hyper simple. D’abord il faut choisir, selon ses préférences, entre fines, fines de claires ou spéciales.
Pour ceux qui ont besoin d’explications, les trois variétés sont expliquées. Au gré des saisons, le distributeur comporte deux ou trois espèces. En ce moment, ce sont des spéciales et des fines, calibres n° 2 ou n° 3.
Le couple précise que le prix à la douzaine est identique à celles commercialisés dans l’établissement, auquel s’ajoute la cagette d’emballage en bois.
Les colis comportent 24, 36 ou 48 huîtres. Une fois le choix opéré, muni d’une carte bleue, il suffit de se laisser porter par les indications écrites sur la machine. Et hop, le casier s’ouvre…
S’il vous manque le couteau et le gant de protection, Tony et Brigitte ont même prévu un casier spécial ustensiles. C’est malin !
Il fonctionne sur le même principe, avec une carte bleue.
Il y a même à côté des casiers contenant des coffrets Saveurs, avec soupe de poissons, sel de l’île de Ré, rillettes de poissons, sardines à l’huile, biscuits. Pour le cas où l’on voudrait faire un cadeau, ou tout simplement se sustenter.
Le distributeur est-il toujours chargé ? Tony et Brigitte Berthelot sont connectés en permanence. A tout moment, ils connaissent la marchandise disponible. Le cas échéant, la machine réfrigérée leur envoie une alerte lorsqu’elle nécessite d’être ré-approvisionnée. Ils viennent alors rapidement remettre des bourriches.
Comment est-on sûr de la fraîcheur des huîtres ? L’approvisionnement est quotidien. Un cahier indique au client le jour et l’heure où il a été effectué. Si les huîtres ne sont pas vendues au bout de 48 heures, elles sont remises à l’eau. La température intérieure du distributeur se régule d’elle-même, entre 6° et 9°.
Cela va de soi, mais ne pas oublier de fermer la porte ! C’est un geste pour la planète.
Un numéro de téléphone est indiqué.“ Ce n’est pas notre numéro de portable personnel ! C’est le numéro pour commander, uniquement accessible aux heures d’ouverture du magasin” tient à préciser Tony.
“ Si vous êtes sur la route, ou si vous ne pouvez pas arriver à l’heure, nous pouvons enregistrer votre commande à l’avance. Nous déposons vos huîtres dans un casier dédié. Vous recevez alors un code par SMS pour ouvrir le casier ”. Ah, un vrai service supplémentaire…
Et si on veut les veut ouvertes ? C’est possible aussi. “ Vous nous les commandez, et nous les préparons. Mais vous devez régler à l’avance, pour éviter qu’elles ne soient perdues, au cas où vous ne viendriez pas ou que vous oubliez de venir les récupérer ” ajoute l’ostréiculteur.
Le libre-service a débuté il y a trois semaines. Il est officiellement proposé depuis le 1er avril. Entre temps, le couple d’ostréiculteurs a effectué les derniers ajustements en terme d’organisation, en s’appropriant le fonctionnement de la machine.
Et il a testé le principe auprès de la clientèle. Les avis sont unanimement positifs.
En vidéo, je vous propose d’entendre Tony et Brigitte raconter comment fonctionne le libre service :
Le 30 mars, ils fêtaient, avec une bonne humeur communicative, les 30 ans de leur activité et l’ouverture officielle du libre-service.
Famille, copains, partenaires, fidèles clients, employés d’hier et d’aujourd’hui, les entouraient. Une belle ambiance chaleureuse, une parenthèse rétaise avant le rush estival.
Revenir en arrière sur ces trente dernières années est pour le couple un moment d’émotion : “ En 1987, lorsque nous avons appris que la coopérative d’huîtres d’Ars était à vendre, nous avons réfléchi au moins une nuit… Sans nos parents respectifs, Jacques et Suzanne Pelletier et Roland et Paulette Berthelot, nous n’aurions jamais pu réaliser cette aventure ” les a remercié Tony.
J’apprends qu’en 1976, il y avait là un tout petit local, abritant la coopérative. A la suite de la mortalité des huîtres portugaises, elle avait été créée par les particuliers-propriétaires, concessionnaires de parcs en pierres, contraints de se fédérer. Ils étaient alors 600 adhérents.
Tony Berthelot explique comment le métier d’ostréiculteur a évolué depuis leurs débuts, la difficulté de travailler sur un produit vivant, la nécessaire adaptation aux circonstances : “ Pendant 20 ans, nous avons travaillé intensivement, essentiellement avec la grande distribution, de gros volumes, de grosses quantités. Nous étions dix permanents, et jusqu’à 40 salariés au moment des fêtes de fin d’année. A l’île de Ré il y avait des colis d’huîtres partout, au bout des champs au bout des rues, des camions venaient chercher la marchandise. Puis nous avons vu le commerce se transformer, lorsqu’il est passé aux centrales d’achat. Nous n’avions plus la compétence pour répondre, cela devenait compliqué. Tout changeait autour de nous, il y avait une demande accrue du tourisme. Cela nous a poussé à nous repositionner en optant pour le circuit court. Parallèlement nous nous sommes ré-orientés en créant la ferme découverte pédagogique. Nous avons adapté le local, et c’était reparti.
En 2008, la mortalité des huîtres a secoué la profession. Nous nous sommes posés la question d’arrêter, mais nous ne savions pas faire autre chose ! Nous avons continué. En 2010, la tempête Xynthia est arrivée. Nous avons eu énormément de chance, la mer a fait le tour de l’exploitation, et nos parcs n’ont pas été endommagés, il y avait tellement d’eau… Par contre il y avait des déchets partout.
Dans les années qui ont suivi, nous avons constaté un changement d’habitude de consommation de nos clients. Ce qui nous a amené à proposer maintenant ce libre-service, en complément de notre activité ”.
Pour marquer les 30 ans, un nouveau logo, une nouvelle signalétique, un site internet renouvelé.
Leur ferme découverte pédagogique ostréicole est une particularité de l’ établissement. Elle bénéficie du label Bienvenue à la Ferme. En 2003, elle a reçu le Prix accueil touristique de la Région. Elle accueille chaque année 6 000 visiteurs. D’avril à septembre, tous les jeudis à 18 h, l’été les mercredi et jeudi à 18 h, pendant une heure ils racontent leur métier, leur passion, et l’histoire de l’île de Ré. Et on peut aussi déguster quelques huîtres.
De surcroît, Brigitte vient de concocter un nouveau décor de visite, avec une très jolie scénographie, façon de se plonger dans les racines rétaises.
On ne peut que leur souhaiter de souffler trente nouvelles bougies.