Urticantes chenilles processionnaires

Ces temps-ci, en levant les yeux vers la cime des pins, vous avez peut-être vu des cocons accrochés dans les branches. Les nids des chenilles processionnaires sont de retour. Rassurons- nous, il semble que cet automne ils soient moins nombreux que l’année dernière. Il n’y a donc pas raison de trop s’inquiéter, mais la prudence reste de mise, ces bébêtes sont urticantes…Cocon de chenilles processionnaires

Au cours de l’hiver les chenilles, noires tachées de rouge, se traînent en longues files, collées-serrées à la queue-leu-leue et reliées par un fil de soie. Elles traversent les routes et les sentiers des forêts de l’île de Ré. J’ai toujours été mise en garde, avec l’interdiction d’y toucher, sous peine de se voir couvert de plaques rouges urticantes provoquant de grosses démangeaisons, voire des réactions allergiques au niveau des yeux et de la bouche, et au pire des troubles respiratoires.

Leurs corps  sont velus, les poils sont minuscules et volatiles, ce sont des soies. Qui s’y frotte, s’y pique !  Et même en marchant dessus, ou par un jour de coup de vent, leurs poils peuvent se disperser.

La semaine dernière, les Ecogardes de la Communauté de Commune ont procédé, auprès des particuliers, à une explication d’installation d’écopièges sur les troncs des pins, afin de capturer ces chenilles. « Il ne s’agit pas de les exterminer, mais elles présentent un vrai risque sanitaire pour les humains et aussi pour les animaux qui se baladent. Elles ont leur place dans l’environnement, certains oiseaux, telles les mésanges, s’en nourrissent » nous renseigne Anaïs Barbarin, responsable des Ecogardes.

N’y connaissant pas grand chose jusqu’à lors, je me suis donc intéressée au cycle de vie des chenilles processionnaires.

Cycle de vie de la chenille processionnaire du pinCes petites bêtes s’attaquent à toutes les espèces de pins : pin noir d’Autriche, pin maritime, pin parasol, pin d’Alep, pin sylvestre, et même les cèdres. Une fois l’accouplement terminé, le papillon mâle meurt, et la femelle va pondre ses oeufs, durant l’été, sur les rameaux et les aiguilles du pin. Elle pond plus de 200 oeufs. Cinq semaines après c’est l’éclosion. Les bébés-chenilles se nourrissent alors des aiguilles de pin et commencent à tisser leur cocon. De décembre à mi-avril, les chenilles descendent le long du tronc, en procession, pour s’enfouir dans la terre où elles se transforment en chrysalide. Elles peuvent rester jusqu’à trois ans sous terre. Ce qui explique que certaines années, on n’en voit pas beaucoup, cependant elles sont là bien présentes, sous nos pieds. Elles sont au chaud, en attendant de pointer le nez. Quand elles sortent de terre, elles se transforment en papillon. Le cycle recommence…

C’est donc maintenant, avant l’hiver, qu’il convient de se préoccuper du sujet, avant qu’elles ne descendent de l’arbre.

L’année dernière encore, des épandages aériens de la FDGDON avaient été réalisés dans certaines communes de l’île. Beaucoup de Rétais n’appréciaient pas le ballet de l’hélico au ras des pins, projetant dans l’air des bio-insecticides. Ce traitement était autorisé avec un arrêté préfectoral. En conformité avec le Grenelle de l’Environnement, le territoire rétais a maintenant choisi de passer à des méthodes plus douces pour tout le monde, afin de limiter la pullulation des chenilles processionnaires.

Anaïs Barbarin, Chef Ecogarde, présente le piège à phéromones

Cet été, les communes rétaises ont, une nouvelle fois, installé des pièges à phéromones. Ces pièges capturent les papillons mâles à partir d’une substance chimique qui imite les phéromones du papillon femelle. Depuis 2010, début du test, 200 pièges de ce type ont été mis en place dans différents lieux de l’île, pendant l’été. Ils sont efficaces pendant quatre mois, ils permettent de limiter l’accouplement des papillons. 

Nichoir à mésanges

 

Pour les particuliers, une première solution consiste à installer un nichoir à mésange. Ah, ça c’est sympa ! Cet oiseau est le prédateur n°1 de la chenille processionnaire, il en raffole. De même que le coucou et la huppe. Le nichoir, en bois contrecollé marin, est distribué gratuitement par la CDC, un par famille. Il faut le poser dans le jardin, le trou dirigé vers le sud, pour que le nid soit exposé à la chaleur et qu’il puisse donner ainsi toute son efficacité.

 

Ecopiège à chenille processionnaire

L’écopiège est une autre solution. Il s’agit d’un traitement curatif, et non pas préventif. A ne mettre en place que si l’on constate la présence de chenilles dans un pin de son jardin. Le principe de fonctionnement est simple : arrivée à maturité, la chenille meneuse, (eh oui, comme dans la vie, il y a une meneuse ! ), descend de la cime de l’arbre, les autres la suivent le long du tronc. Au passage la tribu rencontre le piège rempli d’un peu de terre, leur milieu naturel de repos. Croyant qu’elles sont arrivées à destination, elles sont piégées.

Pour des raisons de sécurité, un minimum de précautions sont à prendre : le piège doit être posé à au moins deux mètres du sol, afin que les enfants et les animaux ne puissent l’atteindre. Une fois la poche pleine de chenilles, on ajoute de l’eau savonneuse, et on dépose le sac dans le bac vert des déchets, après l’avoir fermé en le nouant. Le piège installé peut durer plusieurs années, il faut toutefois changer le sac tous les ans si la présence de chenilles persiste. Les demandes de recharge se font auprès des mairies de l’île.

Démonstration en images, cela nécessite quand même un peu de dextérité. L’arbre sur lequel la formation a été dispensée dans l’enceinte du Préau à La Flotte, n’est pas un pin, mais le principe est le même.


Au cas où un vieux nid vide subsisterait dans les branches, il ne faut pas le toucher, il peut être encore dangereux. Les soies restent urticantes même plusieurs années après. Il faut se protéger avec combinaison, masque, lunettes, gants, avant de procéder à la coupe. Utiliser un échenilloir pour supprimer les branches infestées puis les brûler dans un récipient.

Entre 2013 et 2014, 500 nichoirs à mésange et 400 écopièges ont été distribués. Un suivi de l’efficacité du piégeage est assuré par les Ecogardes. Les particuliers qui l’ont déjà pratiqué semblent être acquis à la méthode, preuves en sont les formulaires de retours d’expérience : les résultats sont positifs.

Nichoir et écopièges sont gratuits, il suffit d’en faire la demande auprès de sa mairie, au moyen d’un formulaire ad-hoc, ou bien directement sur le site internet de la CDC.

 

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