Samedi dernier j’ai eu l’opportunité de visiter l’intérieur du chantier de la digue du Boutillon. En effet, dans le cadre des Journées de l’ANEL (Association Nationale des Elus du Littoral), Lionel Quillet, président de la Communauté de Communes, avait convié les maires à cette visite, afin de montrer ce qui est fait à l’île de Ré en matière de défense des côtes.
Une telle visite sera proposée au public, lors d’une Journée portes ouvertes du chantier, au printemps 2015.
La reconstruction est entrée dans la seconde phase, pour de nouveau 200 mètres de linéaire. Au total, il y aura quatre phases. La dernière étant celle de la partie gauche de la digue, de forme incurvée, intégrant le pas d’accès, là où se situe actuellement le parking. Dans deux ans, fin 2016, tout devrait être terminé.
« L’entreprise est d’origine familiale, elle est basée dans le Maine et Loire. Elle est spécialisée dans le Génie Civil. Dernièrement, elle a réalisé un autre chantier majeur, celui des nouvelles portes du port de La Rochelle » a expliqué Philippe Nomballais, son président, en préambule de cette visite.
La découverte du chantier était très intéressante. Vu de l’intérieur c’est encore plus impressionnant que de le voir depuis la route ou la mer. L’humain se sent tout petit !
Les palplanches qui sécurisent l’espace de travail mesurent 12 mètres de haut, elles sont enfoncées de 5 mètres dans le sol, épaulées par 8000 tonnes de pierres, 50 à 60 tonnes par mètre linéaire. Cette sorte de batardeau mesure 250 mètres, il a fallu un mois pour le déplacer une fois la première phase terminée, en travaillant uniquement à marée basse. Les palplanches ont bien tenu l’hiver dernier malgré les assauts répétés de la houle et des tempêtes. Plusieurs fois, je les ai entendues grincer en passant sur la route, avec un bruit d’enfer lorsque la mer venait à se déchaîner !
Les pompes fonctionnent en permanence, afin de supprimer l’eau pour que le chantier soit le plus à sec possible.
Cette deuxième phase s’arrête là où subsistent encore des morceaux de la vieille digue. Elle était constituée de terre, et d’énormes pierres qui la barraient dans le sens de la largeur. Certaines de ces pierres sont encore visibles, d’autres ont été concassées pour faire le béton. Au fur et à mesure des phases de travail, la vieille digue est entièrement arasée. Ses matériaux sont recyclés directement sur place. Une fois broyés, ils sont classés en deux catégories, selon le grain, pour leur utilisation future, notamment des matériaux drainant qui serviront à réaliser le carapaçon béton par dessus la digue. Pour l’entreprise la Verchéenne, c’est une première que de procéder ainsi.
Sur la partie déjà terminée, le chemin piétonnier permet de voir la mer. La nouvelle digue est toutefois plus haute que la précédente, pour tenir compte d’un événement de type Xynthia. Le retour de vagues devrait renvoyer l’eau d’où elle vient. Du côté route, il reste à construire le caniveau qui permettra d’évacuer l’eau, si toutefois elle passe dessus, et le ruissellement des eaux de pluie. Une sorte de trottoir a été édifié, c’est là que sera plantée la végétalisation de la digue, demandée par la DREALE.
Tous les 60 mètres, deux rideaux de palplanches, appelés refends doubles, sont intégrés dans la structure. Et entre eux, tous les douze treize mètres, sont positionnés des refends secondaires transversaux à la digue. C’est sur cette structure que le béton est coulé. Un même jour, la dalle béton est d’abord coulée côté mer, puis en fin de journée côté route, afin de pas avoir de reprise de bétonnage. Les effets de dilatation ont, bien sûr, été pris en compte. Si j’ai bien compris ces explications très techniques, la digue sera solide, elle devrait tenir !
Au pied de la première partie terminée, le sable et d’épais tas d’algues sont revenus. Une bonne nouvelle…
Grâce à un système de points GPS, la nouvelle digue est positionnée au même endroit qu’était l’ancienne.
Voici quelques vidéos de la visite organisée le 25 octobre.