Arnô Raposo, sculpteur éclairé

Dans son atelier, situé dans le village artisanal de Loix, Arnô sculpte. Il peint aussi. Son talent s’exprime sur ses supports de prédilection : le bois, la terre, le plâtre.

Muni de plusieurs cordes à son arc, cet artiste diplômé de l’Ecole Boulle, fait peu à peu son chemin. Installé depuis à peine un an, il est déjà comme un poisson dans l’eau dans le village. Quand on parle de lui, les mots viennent : inspiration, légèreté, lumière, discrétion…

Arnô aime sculpter le bois des arbres fruitiers. Son préféré est le noyer : « J’aime sa couleur. Au niveau de la subtilité qu’on peut obtenir en sculpture, c’est celui avec lequel on peut aller le plus loin. C’est un bois agréable à travailler, qui prête bien aux détails ».

Dernièrement il a exposé à l’office de tourisme de Loix. Sous ses doigts, les manches des fourches, réalisées à partir de branches de buis ou de planches de noyer, prennent des tournures délicatement ouvragées. Certaines s’élancent vers le ciel tels des visages de personnages d’église. D’autres se parent d’éléments aériens et poétiques, des branches sauvages, dans l’esprit land-art. A chaque manche une histoire, que Arnô se fait un bonheur de raconter. Ses oiseaux essaient d’attraper une grenade, la fourche leur sert d’aile, le corps est savamment travaillé dans le bois.

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La terre est une autre facette de son talent. Il réalise des modelages, à partir desquels il fait des tirages en résine ou plâtre, qu’ensuite il patine. Ou bien il cuit la terre avant de l’émailler.

En fait, Arnaud a deux métiers, mais qui se fondent l’un dans l’autre. Son origine portugaise le mène vers l’azulejo : une technique sur carreau de céramique, née en Italie, que l’on retrouve aussi au Mexique et en Espagne, et même jadis chez les maîtres Flamands. « Azulejo, ne vient pas du mot azul, bleu, comme souvent on le croit. C’est un mot qui vient de l’arabe, il signifie pierre polie.  La technique consiste à peindre sur de l’émail cru. Le pigment, dans l’épaisseur de l’émail, donne une profondeur à la matière et une sensation de relief dans la couleur. Ldessin est comme un croquis à main levée, une sorte de premier jet, c’est ainsi que je travaille. J’utilise le manganèse, un pigment, un oxyde métallique, de couleur aubergine, que je dilue ou que je sur-épaissis, la couleur devient alors noire et elle crépite. L’azulejo est ombre et lumière, comme la sculpture. Cet art a été développé au Portugal, où les carreaux sont utilisés en extérieur » dévoile l’artiste.

Il va chercher ses carreaux bruts dans une petite entreprise artisanale de Vendée, très ancienne. Il les cuit dans un four portugais, à précisément 985°. Ils les transforme en numéros de maisons. Voire en plaques de rue, comme celle qu’il a offerte à la commune,  elle sera prochainement posée à Loix à l’entrée du Chemin du Renard, une ruelle qui existe déjà. Pour Arnô ce cadeau est une référence-clin d’oeil à son nom de famille : Raposo signifie Renard en portugais. Ses azulejos peuvent aussi prendre la forme d’une grande carte de l’île de Ré, associant 24 carreaux. Ils peuvent aussi s’intégrer dans un mur, au sol, ou sur un plan de travail, dans un but décoratif.

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Poussez la porte de son atelier. Il vous montrera la harpe, sculptée dans le bois d’un poirier, avec laquelle il a obtenu son Diplôme des Métiers d’Arts en 2010. C’est une copie d’une harpe de Naderman, dessinateur de cet instrument de musique en 1777, de style Louis XVI, dont il apprécie le décor champêtre. Les détails des pavots sont magnifiques. Une autre de ses premières oeuvres, également présentée pour son diplôme, est en papier mâché. Incroyable ! Elle s’élève vers le haut. « Il s’agit d’une succession de pas à franchir afin de se détacher de ses souvenirs douloureux, de sa mémoire parasite. Elle monte vers le ciel jusqu’à en donner le vertige ». Il a encore bien d’autres jolis mots pour en parler, je vous les laisse découvrir lorsque vous le rencontrerez. 

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Arnô réalise également des copies de style. Ces derniers temps, il s’est attelé à un retable gothique flamboyant, sur bois. « Il représente la vie sur terre, l’enfer est symbolisé par deux dragons et le paradis par des fenestrages ». Merci Arnô, j’ai enrichi mon vocabulaire d’un nouveau mot. Fenestrage est le mot utilisé par les sculpteurs d’ornement pour dire vitraux« Sculpter des copies est aussi pour moi un exercice d’entraînement, comme un danseur classique ferait ses gammes chaque matin. Cela me permet d’apprendre encore et encore, de saisir les subtilités des sculpteurs anciens ».

Arnô donne aussi des cours de sculpture sur bois et sur terre et des cours de dessins, dans le cadre des ateliers, relayés par l’office de tourisme de Loix. Ces ateliers sont destinés aux enfants comme aux adultes. Il se prête volontiers à l’exercice. Lors de la fête du village artisanal en mai dernier, je l’ai vu apprendre aux uns et aux autres à écrire dans le plâtre, il en est sortie une oeuvre communautaire.

Découvrons-le dans son atelier, en train de préparer ses gouges avant de finir une merveille de petite porte de jardin, en noyer… comme il se doit.

Arnô sculpte depuis l’âge de 15 ans. Sa signature est bien reconnaissable, elle est en soi une petite sculpture.

Ses coordonnées : Village artisanal de Loix – Tel : 06 25 90 35 56 – Mail : arnoraposo@gmail.com – Facebook : Arno Raposo

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