PPRL, des cartes pour s’informer

La mise en place du futur PPRL (Plan de Prévention des Risques Littoraux) fait encore couler beaucoup d’encre et alimente les conversations des Rétais.

 Début octobre un 4ème comité de pilotage était programmé réunissant les services de l’Etat, en l’occurrence la Préfecture de Charente-Maritime, la DDTM (Direction des Services des Territoires et de la Mer) et les élus de l’île de Ré. Plusieurs fois repoussé, il a eu lieu le 6 novembre. Ses conclusions de nouveau ont plongé esprits dans le doute et la consternation. 

Les cartes d’aléas d’eau, préfigurant le futur PPRL, sont sorties. Deux ont été portées à connaissance par l’Etat, aux maires de l’île de Ré. Elles ont été élaborées avec le Bureau d’Etudes Artélia : une carte avec l’aléa de référence, Xynthia + 20 cm et une autre avec un aléa à l’horizon 2100, Xynthia + 60 cm. Selon les écrits de la Préfecture de Charente-Maritime, elles ont valeur réglementaire.

Parallèlement la Communauté de Communes a présenté une carte prenant en compte l’élément de référence Xynthia 20 cm. Elle a été élaborée par le Bureau d’Etudes Casasagec, en étroite collaboration avec l’expert reconnu mondialement en matière de digues, Jentsje Wouter Van der Meer, par ailleurs professeur émérite à l’UNESCO.

Difficile à comprendre, difficile de s’y retrouver pour le commun des mortels. En tout cas, cela provoque bien des inquiétudes et des interrogations.

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Pourquoi ces différences de cartes ? Tout part de la circulaire du 27 juillet 2011  » relative à la prise en compte du risque de submersion marine dans les plans de prévention de risques naturels littoraux ». Elle a été élaborée après une succession de tempêtes, notamment Xynthia. Nicolas Sarkozy, alors président de République, s’était rendu à La Faute-sur-Mer et avait affirmé : « Plus jamais cela ! ».  La circulaire a ensuite été signée par Nathalie Kosciusko-Morizet, Ministre de l’Environnement. Son texte est applicable à toute la France, et pas seulement à l’île de Ré. Ce n’est toutefois pas une loi.

Une première carte, document de travail, était sortie le 11 juin 2013, elle n’avait pas valeur juridique, mais elle a toutefois servi à l’instruction des permis de construire et d’aménager, par les services de l’Etat. Elle a bloqué 150 demandes sans compter celles restées sous le coude en attendant les nouvelles dispositions.

Carte du 80/20 - source CDC

 

Depuis deux ans, les élus rétais n’ont eu cesse de dénoncer la sur-interpétation de la circulaire par l’Etat, en affirmant en parallèle le choix politique, gravé dans le SCOT, du 80/20 : 80 % du territoire de l’île de Ré est inconstructible, le résiduel encore constructible ou à aménager reste faible.

 

Une méthode forfaitaire a été appliquée par le Bureau d’Etudes Artelia pour l’élaboration des cartes de l’Etat. Elle efface les ouvrages de protection, et applique le principe de précaution maximal. Les digues existantes, pour partie refaites dans l’urgence après Xynthia, ne sont pas prises en compte dans les simulations. Elles sont considérées comme « ruinées ». Et pourtant l’Etat en a financé une bonne partie !  Travaux digues Ile de Ré

 

De plus, elles ont été reconstruites à la demande de l’Etat, à la même hauteur qu’elles étaient auparavant, en dessous du risque Xynthia + 20 cm.

Aujourd’hui dans les PAPI  (Programme d’Actions de Prévention contre les Inondations), elles sont calibrées pour un événement de type Xynthia + 20 cm mais pas pour Xynthia + 60 cm, alors que les nouvelles cartes donnent des prescriptions de constructibilité sur la base de Xynthia + 60 cm.  

Et pour les digues dites « pérennes », la modélisation prévoit qu’elles se brècheront une heure avant la montée de l’eau, partout au même moment, à tous les coins de l’île.

Quel imbroglio, c’est à en perdre son latin ! Cette sur-interprétation hérisse bien évidemment les esprits.

Voici donc, village par village, les cartes en question. Selon les couleurs, l’aléa de submersion, tenant compte de la vitesse et de la hauteur d’eau, est faible, modéré fort ou très fort. Plus la couleur est foncée, plus le risque annoncé est élevé, voire très élevé.

 

ARS-EN-RE

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LA COUARDE-SUR-MER

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LA FLOTTE

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LE BOIS-PLAGE

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LES PORTES EN RE

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LOIX

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SAINT-CLEMENT DES BALEINES

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SAINT-MARTIN DE RE

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SAINTE-MARIE DE RE

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RIVEDOUX

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D’où sort ce critère Xynthia + 60 cm, qui de surcroît ne tient pas compte des digues existantes ou à réaliser ?

Texte aléas de la circulaire du 27 juillet 2011Il émane de la circulaire. C’est l’élément pris actuellement en compte par l’Etat pour évaluer les risques de submersion à long terme (100 ans).

Ainsi pour savoir ce qu’il en retourne, il faut lire les deux cartes + 20 cm et + 60 cm.  Elles combinent hauteur et vitesse d’eau. Xynthia + 60 cm renvoie à l’inconstructibilité, voire aux prescriptions d’urbanisme, en se basant sur l’aléa long terme. Le mieux c’est d’aller voir les responsables des communes et le service urbanisme pour s’informer précisément, un tableau croise les différents critères. 

Le risque submersion doit être incontestablement être pris en compte, mais tout apparaît bien draconien et illogique.

De son côté, depuis le 1er octobre, après un transfert de compétences, la CDC instruit sur sa carte Xynthia + 20 cm. Elle tient compte du retour d’expérience Xynthia, des ouvrages existants et de possibles défaillances, les hauteurs de digues sont à + 20 cm, telles pré-définies par l’Etat dans le cadre des PAPI.

 

Conférence de presse Dominique Bussereau-Lionel Quillet - 14 novembre 2014Lors d’une conférence de presse, donnée le 14 novembre, Dominique Bussereau, président du Conseil général de Charente-Maritime a déclaré : « Je souhaite manifester la solidarité du Département de la Charente-Maritime sur le PPRL tel qu’il est proposé aujourd’hui par l’Etat pour l’île de Ré. Après Xynthia, Nicolas Sarkozy, président de la République en visite sur les lieux, a dit : Plus jamais cela. Des zones noires ont été décidées, des maisons rasées. On l’a vu par la suite, des zones noires sont devenues jaunes. A l’époque j’étais membre du gouvernement, Jean-Louis Borloo était ministre de l’Ecologie, j’étais en désaccord, j’ai été au bord de la démission, je l’ai dit publiquement à ce moment là. Autant j’ai trouvé que l’Etat avait remarquablement réagi dans les opérations de sauvetage, dans la mise en oeuvre des moyens, dans la mise en sécurité des populations, autant j’ai trouvé qu’il était dans un principe d’exagération. Cela s’est traduit par la circulaire de juillet 2011, qui a durci tellement les choses qu’aujourd’hui on arrive à des absurdités. Le Département de la Charente-Maritime s’est lancé dans la maîtrise d’ouvrages de lutte contre la submersion. J’ai créé une Mission littoral, avec entre autres la réflexion sur la gestion de ces digues. On est devant un paradoxe. L’Etat dans le PPRL qu’il propose à l’île de Ré ne tient pas compte des ouvrages que nous avons construits et que nous allons construire ».

 

La doctrine de l’Etat peut-elle évoluer ? Le contexte n’est guère favorable. Ces dernières semaines les inondations dans le sud de la France ont été dramatiques. Le verdict du procès de la Faute-sur-Mer est attendu pour mi-décembre. Il est probable aussi que bon nombre de dossiers de demandes de permis de construire ou d’aménager vont se retrouver devant les tribunaux, car le contrôle de légalité de l’Etat s’exerce sur la base de Xynthia + 60 cm. La procédure de révision du PPRL de l’île de Ré va également faire l’objet de réunions publiques organisées par madame le Préfet dans l’île.

Quelles conséquences pour l’île de Ré ? Les professionnels, en particulier ceux du canton nord, sont vraiment très inquiets. Qui oserait envisager des projets sur un territoire où il est quasi impossible de maintenant faire quoi que ce soit ? Les Rétais, les jeunes comme les moins jeunes, s’attendent à des répercussions sur la vie permanente, même à court terme. Il est vrai que l’argument économique et social n’a absolument pas été pris en compte dans les raisonnements. L’île de Ré n’est pas qu’une île de riches et de nantis, comme malheureusement son image le laisse supposer. Il y a des gens qui y vivent en toute simplicité, à l’année, et qui veulent continuer à y vivre et travailler. Mais comment faire, si tout est figé, si tout est bloqué ?

Avant que le PPRL ne soit formalisé, il reste encore bien des étapes et des obstacles à surmonter. C’est vraiment long ! Nous en sommes cinq ans après Xynthia ! Et ce n’est pas fini.

 

2 réflexions au sujet de « PPRL, des cartes pour s’informer »

  1. Toujours très intéressés par vos différents communiqués ou reportages sur la vie de notre île. Les cartes qui se superposent sont très bien pour comparer celles de l’état et celle de la CDC, mais pourquoi pas de carte pour la commune de Saint Clément ! Un oubli ?

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