A l’île de Ré les ânes de Régis Léau sont des stars. Mais jusqu’à présent une asinerie pour les baudets du Poitou faisait cruellement défaut à leur éleveur afin qu’ils puissent se reproduire en toute sécurité et sérénité.
D’ici peu, ce sera chose faite. L’asinerie commence à sortir de terre au Bois-Plage, sur un terrain privé. Mais construire un tel bâtiment nécessite des fonds. Régis Léau reconnaît qu’il a dû emprunter 240 000 euros auprès de la banque. Ce qui est déjà une bonne petite somme !
Afin de l’aider à concrétiser son projet les Bières de Ré, à Sainte-Marie, lui ont proposé un appui. Une cuvée spéciale vient d’être créée. La bière en question porte la mention Les Ânes du Pertuis, en soutien aux ânes en culottes. La bouteille est vendue 3,50 €. Les Bières de Ré se sont engagées à reverser un don de 0,40 € sur chacune d’elle à Régis Léau.
La nouvelle cuvée fait l’objet de 20 000 bouteilles de bière brassées à l’île de Ré. Faites le calcul : 20 000 X 0,40 = 8 000 euros. Ce qui devrait financièrement soulager quelque peu l’éleveur. « La construction de l’asinerie est un gros projet » concède Régis Léau.
Loin de moi l’idée de vous pousser à la consommation. C’est bien sûr interdit, l’alcool devant être consommé avec modération. Cependant à chaque fois que vous dégusterez une telle bière, vous pourrez vous dire que c’est pour une bonne cause, une cause rétaise chère à notre coeur.
Le projet de l’asinerie est déjà ancien. L’idée a germé dans la tête de l’éleveur rétais en 1998. Mais il lui a fallu du temps et une bonne dose de persévérance afin d’arriver enfin à le concrétiser. « Lionel Quillet et la Communauté de Communes m’ont beaucoup aidé sur le plan administratif ainsi que l’ancien maire du Bois-Plage, Jean-Pierre Gaillard. Une cagnotte Leetchi lancée par un particulier l’année dernière m’a aussi permis de financer la viabilisation du lieu » remercie t-il.
Un tiers seulement du projet a pu bénéficier de subventions, notamment sur la partie agricole des hangars. Toutefois la Communauté de Communes n’a pas accompagné financièrement le projet car il est privé.
L’asinerie a dû faire l’objet d’une autorisation ministérielle. Le permis de construire a été déposé en 2017. Début juillet 2022 la structure du bâti devrait être hors d’eau. Il faudra encore prévoir l’installation d’un portal sécurisé.
Cinq boxes de poulinage + un box pour la reproduction sont envisagés.
Il y a quelques années la race des Baudets du Poitou a failli disparaître. En race pure, on compte en tout 320 individus dans le monde : 230 femelles et 90 mâles. Seulement 80 bébés naissent chaque année. L’année dernière Régis Léau en a eu quatre. Son élevage compte 20 baudets. Le lait des ânesses est particulièrement prisé, il rentre notamment dans la fabrication de savons, ce qui permet à Régis Léau d’assurer un tiers de son chiffre d’affaires. On peut imaginer le nombre de litres de lait d’ânesse nécessaires pour que tout cela soit vraiment rentable…
L’objectif poursuivi est donc bien de protéger les animaux, en particulier lorsque les ânesses sont prêtes à mettre bas. « Je vais bientôt avoir l’eau et l’électricité, mais par contre j’ai déjà la fibre optique » sourit-il. Eh oui, même l’asinerie sera à l’ère numérique ! La fibre optique a de l’importance : elle va permettre à l’éleveur d’être connecté à son téléphone portable, jour et nuit, et à des caméras afin de surveiller à distance et d’être fin prêt à rejoindre l’asinerie dès qu’un bout d’oreilles commencera à pointer hors du ventre de la maman ânesse. « J’ai bien souvent dormi dans la voiture en attendant le début de naissance des ânons. Et pour aller chercher de l’eau je suis obligé de faire trois kilomètres. C’est difficile et bien souvent j’ai été obligé de jouer avec le feu » raconte-t-il avec un pâle sourire. Pas plus tard qu’hier un ânon baudet du Poitou est né !
Régis Léau aimerait que six à huit bébés baudets naissent chaque année à l’île de Ré. Actuellement sur sept ânesses pleines, seules trois arrivent à terme.
Un hangar va également sortir de terre pour mettre enfin à l’abri le foin pour le conserver dans de bonnes conditions. Ce foin sera un revenu supplémentaire dont l’éleveur pourra également tirer profit. Régis Léau n’est pas du genre à se plaindre pour autant, mais on sent bien que la vie d’éleveur passionné par ses animaux n’est pas chose aisée.
Bien-être animal, amélioration de l’élevage et meilleure organisation sont donc les mots associés au projet. « A terme j’aimerais montrer ce qu’est l’asinerie à des classes vertes, en visite normées » poursuit l’éleveur, qui avec l’arrivée de ce nouveau bâtiment reprend espoir et confiance. L’année dernière le drame d’un de ses ânes retrouvé égorgé et éventré dans les douves de Saint-Martin avait vraiment assombri son moral.
Les Bières de Ré ont prévu d’accompagner Régis Léau pendant deux années. « Mais s’il le faut, nous irons au-delà. Le but c’est que l’asinerie tourne » souligne Vincent Norguet, directeur de l’entreprise.
« Depuis que certains savent qu’une bière est dédiée à l’asinerie, ça a déjà créé une certaine émulation. On pense que je suis devenu brasseur ! » s’amuse Régis Léau. Non, ce n’est pas le cas… Cependant Ionut Herchea, le brasseur des bières de Ré, a mis l’éleveur à contribution en l’associant à la création du produit. De quoi est-elle composée ? De malt d’orge et de houblon, des produits 100 % régionaux. Avec un tour de main et un équilibre de torréfaction dont ne connaîtrons pas le secret bien évidemment. Cette bière a une jolie couleur ambrée, un p’tit goût caramélisé et rafraîchissant. Hummm….
Depuis maintenant cinq ans, les Bières de Ré ont décidé d’apporter leur soutien à des projets rétais. La bière dite associative porte le nom générique « les Ânes du Pertuis ». Cela était-il prémonitoire pour la suite ?
En 2017-2018, l’association de l’écluse Mouffette à Saint-Clément des Baleines avait bénéficié d’un apport total de 5 400 euros permettant de réparer leur vieux tracteur Clarence. En 2019 ce fut le tour de la SNSM (Société Nationale des Sauveteurs en Mer) : elle a reçu un chèque de 3700 euros.
Nous souhaitons tous que le nouveau projet « Anes en Culottes » soit un vrai succès. Plus il y aura de sous dans la cagnotte de Régis Léau, plus vite son élevage se développera.
Je n’étais pas passée à la Brasserie des Bières de Ré à Sainte-Marie depuis quelque temps… Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir de nouveaux équipements dans l’atelier qui jouxte le magasin : dix cuves de 2000 litres, quatre de 4 000 litres. L’outil de production est impressionnant ! Les Bières de Ré vont produire près de 200 000 litres cette année, qui sont vendus presque en totalité à l’île de Ré et dans le pays rochelais.
Depuis 2011, date à laquelle une nouvelle équipe l’a reprise, l’entreprise a beaucoup évolué. Elle est désormais engagée dans le respect de l’impact énergétique. Les sacs de toile, dans lequel est livré le malt, sont donnés à l’entreprise Ecomer à La Rochelle afin d’être recyclés.
La brasserie a obtenue une médaille d’or au Salon Nouvelle Aquitaine pour la bière brune, la Stout au café, et six médailles d’argent pour des bières spéciales. Et au Concours Général Agricole de Paris en mars 2022, une médaille d’or sur l’Ambrée bio et une médaille d’argent sur la Blanche bio.
Tchintchin donc ! Toujours avec modération bien sûr….