Sur le chantier de la digue du Boutilllon, les palplanches de protection ont été retirées fin juin. Depuis la mer, la digue apparaît maintenant sur toute sa longueur. Cependant les travaux ne sont pas encore terminés. Néanmoins, ils suivent le planning prévu.
Depuis mon dernier post, mi- mai, le dernier tronçon apparaît dans sa globalité. Cette partie de digue est particulière par rapport aux trois morceaux précédents. Elle intègre le pas d’accès, la descente à la mer, le couloir d’évacuation des eaux résiduelles, la promenade piétons, et la mise en sécurité du bout de la digue pour les promeneurs. Une tranche de travaux complexe, qui nécessite une élaboration spécifique. Tout cela est même plutôt sophistiqué, et mené de front.
Le pas d’accès. C’est par là que nous, piétons, allons pouvoir accéder à la digue depuis le parking. Et découvrir l’estran dans toute sa splendeur. Il est construit sur la même base que l’ancien, mais il est renforcé en dessous par des gabions, des caissons remplis de pierres, ceux-là mêmes qui avaient servi à remplacer le parapet explosé sous l’effet de la tempête Xynthia de février 2010.
Sur ce pas, des orifices ont été creusés pour recueillir le trop plein d’eau éventuel. Ils seront recouverts par des grilles récupérées sur l’ancienne digue.
Sur la gauche du pas d’accès, la descente à la mer est superbe. Elle est sécurisée par un petit parapet côté estran, en béton armé. Sa pente est douce, elle ne coupe pas les jambes à la remontée. Dès les palplanches enlevées, à marée haute, la mer vient lécher le bas de la descente.
L’empierrement se poursuit. Il reste encore ça et là des espaces à combler, notamment à la section du dernier rideau de palplanches. Le cimentage des pierres est long, les pierres sont posées et jointées une à une, le travail des maçons se fait dans la pente et dans l’arrondi du mur. Un travail fastidieux, méticuleux pour que tout tienne parfaitement bien lorsqu’immanquablement les vagues assailliront la digue.
Lorsqu’il pleut, il faut mettre des bâches, comme ce fut le cas le 21 juin, pourtant le premier jour de l’été.
Une fois de plus, les conditions météo n’ont pas été excellentes ces deux derniers mois. Pluie, vagues d’une force inouïe qui passent par dessus les palplanches = boue, grosse boue. Sans compter les infiltrations de la mer au travers du sol. A cet endroit, il y a beaucoup du bri, de l’argile molle. Elle colle aux bottes…
Je suis toujours impressionnée par le sang-froid de ceux qui travaillent sur le chantier dans de telles conditions.
Le couloir d’évacuation des eaux résiduelles est impressionnant, de par sa surface et sa profondeur. Tel qu’il a été conçu, l’ouvrage en béton devrait résister au temps et aux intempéries ! Des vannes sont prévues anti-retour, cela signifie que l’eau pourra s’évacuer mais ne pas re-rentrer. Les clapets définitifs seront posés à la fin de l’été. Provisoirement des tôles ont été mises en place.
Au besoin, ces clapets seront ouverts pour déverser l’eau qui s’enroulera autour de la pente du musoir, avant de repartir vers la mer. A mi-juillet, on ne voit plus du tout les palplanches en acier qui constituent le socle du musoir. Des pierres ont été joliment scellées à sa base.
Et de l’autre côté du pas d’accès, un petit muret court tout au long du contre-bas de la digue. Il sert aussi à recueillir les eaux éventuelles, en les dirigeant vers le grand couloir d’évacuation, de façon à éviter l’inondation du parking à l’arrière.
Lorsque la promenade sera accessible, elle devrait faire d’heureux piétons. Longue de 720 mètres, elle sera incontestablement un point d’attraction. A hauteur d’homme, on y découvre très bien le panorama sur l’océan. Pour le moment, le dernier tronçon est au stade des finitions sur le béton des murs.
Entre le 25 et le 28 juin, les palplanches de protection du chantier ont été retirées. Il a fallu cinq marées basses pour que l’on ne les voit plus. Pendant quatre jours, dix sept semi-remorques ont fait des allers-et-retours entre l’estran et l’entrée du chantier afin de les stocker. Chaque paquet de six hautes palplanches pèse 12 tonnes. Ce sont 500 tonnes d’acier qu’il faut maintenant évacuer. Un semi-remorque supporte deux tas de palplanches à la fois. Vous imaginez le nombre de rotations encore à faire… Fin juillet, elles ne seront plus là. Elles ont servi tout au long de ces trois années du chantier, elles ont déplacées au fur et à mesure de la construction des tronçons.
Il faut également évacuer les énormes pierres blanches en calcaire qui ont servi de consolidation de sécurité pour les palplanches. Elles aussi ont été déplacées quatre fois, pour les quatre tronçons. Elles sont actuellement acheminées à Saint-Clément des Baleines, où elles sont stockées sur un terrain du Conseil départemental. En tout, elles pèsent 5000 tonnes. On ne sait jamais, ça peut servir… Nous ne sommes pas à l’abri d’une brèche sur les vieilles digues de l’île de Ré, encore non rebâties, c’est une éventualité à laquelle il convient de se parer.
Sur ce qui sera à terme le parking, il reste encore des cailloux et de la terre. Ces matériaux vont être utilisés à l’arrière de la digue pour drainer les eaux de pluie, et renforcer la rive le long de l’accotement de la chaussée.
Pendant ce temps, des ajustements sont effectués sur la digue. Ponçage du béton, joints, finitions de maçonnerie. Comme cela a été le cas au cours de ces trois années de travaux, l’huile de coude est la matière première.
Ainsi que je vous l’ai dit plus haut, la digue n’est pas encore accessible au public. Un temps il avait été envisagé d’ouvrir juste le pas d’accès pendant la saison estivale. Mais pour des raisons de sécurité, compte tenu de la foule à cette période sur l’île de Ré, décision a été prise de surseoir.
Pour aller sur la plage et voir la digue de près, il faut contourner le rideau de palplanches qui a été laissé en place. L’accès est provisoire. Quand la digue sera terminée, il y aura des enrochements au bout de la digue, côté La Couarde.
A la hauteur du dernier rideau de palplanches le sable est très épais. Au fil des marées, il va s’étaler tout au long de la digue. C’est d’ailleurs incroyable de constater combien le sable a repris ses droits sur les premiers tronçons. Il recouvre même la risberme, l’a-plat qui coupe la digue dans son milieu, et qui fait office de brise-vagues. Déjà plusieurs amateurs de chauds rayons se sont accaparé l’endroit en transformant cette risberme en solarium !
Le 26 mai, en fin de journée, l’équipe de La Verchéenne a été réunie au grand complet autour d’un barbecue. Façon de remercier tous ceux qui oeuvrent pour la reconstruction de la digue. A tous, nous leur devons un énorme merci !
En vidéo, un court résumé de ces deux derniers mois :
Les travaux s’arrêtent le 29 juillet, ils reprendront le 22 août. De fin août à fin novembre, nous assisterons aux ultimes interventions. Les plantations seront alors faites, puis les baraquements et hangar démontés. Début décembre 2016, à nous la digue !