Le Pygospio elegans du Boutillon

A votre avis, qu’est ce que c’est ?Ver de vase - Boutillon - 5 janvier 2015

Lorsque mardi dernier je suis allée faire des photos à la digue du Boutillon, Monsieur Morisseau, responsable du chantier, m’a montré une étrangeté au pied du futur ouvrage.

Des sortes de concrétions sont sorties du sol, telles des stalagmites. Elles sont friables comme du verre, et de surcroît creuses.

 

Pendant quinze 15 jours, au moment des  fêtes, le chantier a fait une pause. Lorsqu’il a repris,

il y avait deux mètres d’eau dans l’enceinte des palplanches de protection. Une fois le périmètre asséché, ces choses étonnantes sont apparues.

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Qui peut répondre à cette question ? J’ai immédiatement consulté les spécialistes locaux de la biodiversité : Ré Nature Environnement.

Voici la réponse de Pierre Le Gall :

« C’est une bonne colle pour les biologistes à laquelle je vais tenter de répondre.
Ces « concrétions sorties du sol » sont en fait de simples tubes construits par des vers polychètes sédentaires. Beaucoup d’entre eux agglomèrent des grains de sédiment pour construire des tubes dans lesquels ils vivent en permanence.

Normalement totalement enfouis dans le sol, ici, une légère érosion en a dégagé la partie supérieure. Preuve que ces tubes sont habités, la petite tache blanchâtre qui les coiffe presque tous et qui correspond aux rejets que le ver effectue lorsqu’il est actif (particules sédimentaires non digérées, et crottes).
Ces vers peuvent former de très denses peuplements au seul niveau qui leur convient pour vivre, ce qui est manifestement le cas ici. Dérangés, ils peuvent reconstruire un nouveau tube. Donc si l’on considère que le peuplement a été dérangé par les travaux, ils peuvent se réinstaller dans un milieu qui n’est pas forcément le leur, mais où les conditions restent partiellement acceptables pour une survie.
Alors qui sont-ils ? La réponse n’est pas évidente car la détermination de ces animaux implique d’en avoir des échantillons pour examiner leurs structures (soies, tentacules, palpes, . . .).  Alors je vais faire une supposition en regard des niveaux concernés sur la plage, la forme des tubes, la densité manifeste du peuplement et de mon expérience : Pygospio elegans ».

Voilà un joli nom : Pygospio elegans. Merci Pierre. J’ai appris quelque chose aujourd’hui… Le mystère semble ainsi être levé !

J’ai tenté d’en mettre un au fond de mon portefeuille pour montrer la découverte. Ça n’a pas été une bonne idée. Je n’ai retrouvé que des particules émiettées, comme des petits bouts de coquillages. C’est dire la fragilité de cet animalcule.

« Le problème du prélèvement est le suivant : le tube n’est pas suffisant pour aller trouver le nom de l’espèce. C’est donc le ver lui-même qui est nécessaire. Or si le tube dépasse de quelques centimètres la surface du sable, le ver lui-même est en général très profond et très fragile », ajoute le biologiste.

J’en ai parlé autour de moi. Plusieurs pêcheurs à pied en ont déjà vu sur l’estran : « Quand il y en a beaucoup, on dirait des petites cathédrales ».

 

Rassurons-nous. Le ver n’est pas dans la digue du Boutillon ! Depuis, l’endroit a été recouvert par les matériaux de construction. Ces petits vers vont aller faire leur nid ailleurs. Comme l’indique Pierre Le Gall, ils s’adaptent…

Déjà, sur le premier quart de la reconstruction de la digue du Boutillon, les équipes du chantier avaient constaté la présence de ces curiosités de l’univers marin.

2 réflexions au sujet de « Le Pygospio elegans du Boutillon »

  1. Bonjour Maryline,
    Pour prélever un  » tube  » la solution consisterait – peut-être – à le vaporiser avec un vernis quelconque ou tout produit durcisseur (sous-couche sur plâtre avant papier peint ? Une bombe de vieille laque ? )pour durcir l’extérieur et après séchage le déposer précautionneusement sur un lit de coton ou mousse dans une boite ???

    Bien cordialement,

    1. Merci pour le conseil, c’est une idée… Je verrai mardi prochain en allant au Boutillon, si les vers sont encore là. Ça m’étonnerai car le chantier avance. Ces vers se sont infiltrés dans les sous-couches de cailloux, et peut-être que dans la semaine les ouvriers les ont recouverts de matériaux. Amicalement.

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