Bruno et José

Les frères Mailhé nous ont dit au revoir à trois jours d’intervalle : José le 13 mai, et Bruno le 16 mai.

Les deux frères aimaient passionnément l’île de Ré. En 1946, leurs parents ont loué une maison aux Portes pour les vacances. Trois ans plus tard, ils achetaient une maison au Gillieux, à Saint-Clément, où toute la famille a pris racine. Papa, Maman et les quatre enfants, deux garçons, Bruno et José et deux filles, Line et Eve. Dans une liberté totale. Bruno et José Mailhé

A la fin de ses études de médecine à Paris, Bruno a repris le cabinet médical d’Ars-en-Ré. En tant que généraliste, il a pratiqué durant 48 années. Il a soigné trois générations du canton nord.

José n’a jamais vécu ici à l’année mais dès que possible il venait respirer l’île à pleins poumons, d’abord dans la maison familiale, puis dans sa propre maison. Là, il passait toutes ses vacances avec Hélène et Julie ses deux filles, les initiant aux grands bonheurs de l’île. Il retrouvait ses nombreux amis Rétais, qui l’avaient intégré dans leurs activités de la vie villageoise. Charmant, bon vivant, mais aussi cultivé et talentueux.

Les amis et la famille se souviennent des moments passés avec Bruno et José.

Bruno, au nom de tes amis,

Tu nous surprendra toujours. Quand on se retourne pour te chercher et qu’on t’attend, c’est parce que tu es allé tranquillement acheter le journal ou que tu es au fond du jardin.

En ce lundi soir de Pentecôte, tu n’es pas parti acheter ton journal, tu n’étais pas au fond du jardin, quel dommage.

C’était pourtant une belle journée avec un super déjeuner sur la plage, où tu as terminé la bouteille de prune du Lot.

Pour te retrouver, depuis ce lundi de Pentecôte, on tente de refaire le film pour remonter le temps. Le temps du bac où en arrivant à Ars, on passait sous les ormes couchés par le vent.

Le temps de la maison des docteurs à Ars, où, médecin connu de tout le monde dans le nord de l’île, on avait du mal à te faire boire un verre de vin, et où tu quittais les repas pour une urgence.

 

 

Bruno Mailhé

Le temps de Claude Rabanit, du Népal avec Robert et de la Ferrari. Le temps où de ta place favorite, en bout de table, tu pouvais ne rien dire du repas ou t’enflammer pendant tout le repas sur la une de Libé.

Le temps où tu essayais de nous expliquer que sur une voiture c’est mieux d’avoir une chaîne de distribution plutôt qu’une courroie de distribution. Le temps où tu nous racontais les qualifications des pilotes de Grand Prix et les détails de chaque virage des circuits. 

Le temps où on parlait des nénuphars et des poissons de tes mares dans la maison de Cajarc ou des Portes. Le temps des jardins, des persils mistigris qu’il fallait arracher avant qu’ils grainent, des fleurs oranges que n’aimait pas Dominique. Le temps du vert tendre des champs au printemps, avant que les jours raccourcissent. Le temps de l’arrivée de la première hirondelle et du départ du dernier martinet en juillet.Bruno Mailhé et Pascal Frigière

Le temps où on t’appelait la « faculté », et où tu répondais à toutes les questions ; c’était facile, tu avais lu Libé, le dernier Goncourt ou l’encyclopédie des 1000 plantes. Il n’y a que le temps de l’internet, des mails et des portables que tu n’as pas voulu accepter, tu voulais changer de monde et l’époque te paraissait sans avenir pour toi.

Ce lundi de Pentecôte, tous les efforts de Dominique n’ont pas réussi, cette fois, à te faire changer d’avis. Tu as voulu oublier la douleur de ton opération et retrouver ton frère José.

Pourtant ta soeur Line, tes enfants et tes petites filles et Dominique, plus que tout, tu les aimais. C’est à nous, maintenant de les aider et de les aimer encore plus fort.

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Pour tout cela, tu manques déjà à tous tes amis, mais tu vas surtout nous manquer tout simplement parce qu’on t’aimait très fort.

Dans son roman l’Evangile selon Pilate, Eric-Emmanuel Schmitt dit : « La seule chose que nous apprend la mort, est qu’il est urgent d’aimer ».

Pascal, Bernadette, et les autres…

Bruno Mailhé« De l’océan au Népal, de la plage du gros Jonc aux îles lointaines, du grec ancien à l’Art de la médecine, des pantalons de golf qui grattaient au manteau en fourrure de loup, du parfum des tubéreuses aux vapeurs de chevaux mécaniques, tu as goûté bien des plaisirs, tu as vécu des drames aussi.

Tu ne pouvais changer une ampoule électrique, mais tes mains délicates pratiquaient la petite chirurgie avec grâce et légèreté. Longtemps ton talent a sauvé bien des vies.

Un jour, il y a dix ans, tu en es tombé et la vie a bien failli te quitter.

Puis sportif actif, tu as fréquenté le canapé petit à petit, endolori, fatigué, accroché au téléphone des heures durant, José fixé de l’autre côté de la ligne, tous deux intarissables, passionnés, décortiquant le moindre atome d’un match de rugby ou d’une course automobile, dans la plus grande complicité.

Ces échanges t’ont-ils tellement marqué que, trois jours après que José soit parti si brutalement tu te sois précipité pour le rejoindre ? Je t’avais supplié d’attendre. Tu n’en as pas eu la force.

André a partagé avec toi les parties de pêche à Mouffette, les parties de manille coinchée avec Félonie et Camille. Jean-Michel a partagé tes études et ta vie depuis, même de loin. Robert a partagé des ascensions de hauts sommets qui te comblaient. Pascal a partagé les fêtes les plus joyeuses. Tant d’autres ont partagé avec toi tant de choses.

Beau, élégant, intelligent, sensible à l’excès, cultivé, tu es Bruno. Thanatos te pousse avec José vers les limbes. Les Dieux se réjouissent et nous pleurons ».

Line, ta soeur qui t’aime à jamais.Bruno Mailhé

 

José Mailhé« Dors mon amour, mon José, dors. La poussière d’étoile retrouvera la poussière d’étoile, et nous tournerons tous ensemble dans les espaces infinis. Dors mon José avec ta fille Julie, notre Eve, je vous rejoindrai et nous tournerons à l’infini dans la valse sans fin, avec Bruno qui viendra d’Ars ».

Ta soeur, Line.

 

« Bruno, difficile de te parler aujourd’hui, alors qu’il était si facile de t’écouter. Difficile aussi, même impossible d’accepter le grand vide de José et de toi Bruno. Avec beaucoup de pudeur, un grand merci à cette famille, grande famille Mailhé qui m’a servi d’exemple.

Bruno et José Mailhé

Merci d’avoir vécu tant de moments d’exception avec vous.

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Nos passions échangées sont inoubliables ainsi que votre aide, pour les coups durs, au moral et au physique, dans notre vie familiale.

Au revoir, dormez en paix mes deux frangins. Les Neveur ne lâcheront jamais les Mailhé. Nous vous aimons »

Jean-Louis.

 

2 réflexions au sujet de « Bruno et José »

  1. Trop d’émotion, j’en ai les larmes aux yeux ça fait remonter des souvenirs d’enfance, c’était un homme remarquable un docteur proche de ses patients à l’écoute ,je pense à sa famille, sa femme ses enfants tout mon soutient dans cette peine, belle hommage !!! une natif d’Ars

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