Depuis 20 ans les bibliothèques de l’île de Ré se donnent rendez-vous chaque automne. Il n’y a encore pas longtemps, la manifestation s’intitulait Fête des Bibliothèques, lorsque l’événement était organisé dans toute la France. Il n’existe plus aujourd’hui nationalement, cependant la Fête a perduré à l’île de Ré, elle porte désormais le nom de Rendez vous du livre. Aux bibliothèques rétaises se joignent le Musée Ernest Cognacq, l’association Ré Clé Ré, La LPO (Ligue de Protection des Oiseaux), le Collège des Salières et l’Association de Développement Culturel (ARDC) – La Maline, laquelle assure par ailleurs la coordination générale. Cette année, la Bibliothèque Sonore de La Rochelle était nouvellement présente.
La 20ème édition a pris place samedi 11 et dimanche 12 octobre, au Bois-Plage, la manifestation change de commune tous les ans, en alternant nord et sud de l’île. 
Les quatorze associations avaient donc invité chacune un auteur. Bonne ambiance, bons échanges, bonnes discussions, bons contacts avec le public… Les ateliers destinés aux enfants n’ont pas désempli, tout comme les conférences des auteurs.
Le dimanche matin, j’ai animé une rencontre avec les quatorze auteurs, autour d’un apéritif littéraire dont le thème en était : « 20 ans », puisque la manifestation a tout juste 20 ans. Que faisiez-vous à l’âge de 20 ans ? Comment vous projetez-vous dans 20 ans ? Il y a 20 ans, où étiez-vous ?…. Autant de questions, autant de réponses très intéressantes, les auteurs ayant merveilleusement joué le jeu de cette rencontre informelle et amicale, très enrichissante pour tous, et remplie d’anecdotes-pépites de vie.
Luc Bériot, auteur invité du collège les Salières de Saint-Martin a écrit un texte quelques minutes avant de rejoindre la table ronde. Le voici, je l’en remercie :
« Texte écrit à l’occasion de la vingtième édition du Rendez-vous du Livre en la très sainte Terre de Ré, le dimanche 12 octobre de l’An de Grâce 2014, à 10h49, juste avant de recevoir une citation à comparaître au kir littéraire de Maryline…
Vingt ans, bien sûr… Mais où se cachaient ces vingt ans ? Où étaient ceux de ce temps-là ? Et puis, parmi toutes les allusions, les images, tous les clichés, au-delà des romances, des passions, des références, est arrivé un personnage. Ce personnage, c’est l’écrit Vingt. Bien sûr. Il y a également l’écrit trente, l’écrit quarante, mais le plus connu demeure l’écrit Vingt. Peut-être parce qu’un livre a toujours vingt ans, en cela qu’il se situe à la charnière d’un avant et d’un après. L’avant où l’on se contentait presque de lire notre existence, dans l’insouciance du jour le jour, et l’après où, de multiples façons, l’on se doit de commencer à écrire son histoire. Et l’écrire jusqu’au bout. Voilà pourquoi nous sommes tous des écrivains et que nos vingt ans sont immortels ».
Pendant la table ronde, Michel Fruchard, Portingalais, s’en est donné à coeur joie. Très souvent, on le voit griffonner sur son carnet au cours des réunions rétaises. Dimanche matin, il s’est visiblement bien amusé avec ses dessins gentiment caricaturaux.
Une dame a particulièrement attiré mon attention le dimanche après-midi, Madame Marguerite Dupeux, centenaire. Accompagnée de son fils, Gérard, elle saluait les nombreuses personnes qu’elle connaissait et qui ne manquaient pas de venir lui parler, quelque peu émus de la voir ici.
« Mon grand-père, qui était né en 1840 et décédé en 1924, a créé la première bibliothèque coopérative. Mon père Raymond, maire du Bois, a repris la suite. Lorsqu’il est décédé subitement, il avait 67 ans. Je me suis sentie obligée reprendre le flambeau, puisque j’avais l’habitude de le remplacer quand il avait des réunions. Et ça a duré 40 ans, avec l’aide de plusieurs dames du village » racontait-elle. Marguerite Dupeux est toujours une passionnée de lecture, en dépit de problèmes de vue, elle lit quotidiennement à l’aide d’une loupe.
Le 20ème RV du livre a été bien apprécié. Ainsi que le soulignaient les élus de l’île de Ré le samedi matin en inaugurant la manifestation, « la vie associative est très dynamique dans notre territoire ! ». Ils ont bien sûr applaudi le travail collectif pour aboutir à un tel événement, et reconnu l’attachement des communes à leurs bibliothèques, présentes dans tous les villages de l’île. Le maire du Bois-Plage qui accueillait la Fête, Jean-Pierre Gaillard, rajoutait également : » A tous ceux qui disent, qu’à l’époque du numérique, de l’image virtuelle, des tablettes, le livre est mort, je leur réponds, rien ne vaut un livre ! ».
