Le Canot de sauvetage, bientôt tout beau

A Saint-Clément des Baleines, le Sémaphore a été construit en 1863, du temps de Napoléon III, et tout à côté, le Canot de Sauvetage en 1869. Ces prochaines semaines l’abri du Canot de Sauvetage va bénéficier d’une importante restauration. Saint-Clément des Baleines - Canot de sauvetage - octobre 2014

Etanchéité du toit, rejointement de la voûte, changement des tirants oxydés, tous ces travaux de remise en état de l’abri du canot de sauvetage vont être réalisés le mois prochain. C’est vrai que le bâtiment en a grandement besoin !

La DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer), propriétaire du bien, a alloué un budget de l’ordre de 25 à 30 000 € pour la réfection. Parallèlement une convention sera signée entre Saint-Clément des Baleines et l’Etat, charge à la commune rétaise d’assurer la gestion, le suivi de l’entretien et la mise en valeur de l’édifice, et ce, pour une durée de onze ans, soit jusqu’au 31 décembre 2025.

L’équipe municipale prépare une exposition permanente de photos d’époque qui sera installée sous la voûte. Une signalétique, à partir de la zone du phare des Baleines, indiquera comment se rendre au Canot de Sauvetage et, à terme, lorsque la future digue des Doreaux sera refaite, un chemin piétonnier fera le lien avec ce bâtiment.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

C’est un de mes endroits préférés dans l’île de Ré, j’adore m’y arrêter en passant dans le coin. Il a gardé son authenticité, même si au fil des ans il s’est beaucoup détérioré. Autrefois des casiers à homards y étaient entreposés. Parfois je fais un détour, de jour comme de nuit,  juste pour le plaisir d’y contempler la mer. De jour, par beau temps, c’est magnifique. Le soir, le coucher du soleil y est unique. Par gros temps, ce n’est pas la même chose, les livres d’histoires de l’île de Ré le racontent bien.

 

Dans l’ouvrage écrit par Germaine Mailhé, Evénements remarquables de la vie rétaise, on peut lire :  « En 1852, le syndicat des sauniers avait été créé. En 1869, ce fut au tour des sauveteurs de s’équiper : les naufrages continuaient de se faire, nombreux.

La Société Centrale de Sauvetage des Naufragés fut fondée en 1865 par Rigaut de Genouilly, amiral, sénateur, ministre de la Marine et des Colonies. Elle fut reconnue d’utilité publique. A l’aide de souscriptions annuelles, de quêtes, de ventes de charité, de concerts et de legs souvent fort importants, elle équipa la côte française de canots et d’engins qui permettaient de nombreux sauvetages.

Au Grignon, à Chanchardon, il n’y avait rien. Les sauveteurs étaient obligés de porter des canots soit du port d’Ars, soit du chenal du Martray. Ainsi en 1852, il avait fallu requérir un voiturier pour transporter un canot depuis le port d’Ars au Jard, soit deux kilomètres. Venir par mer avec un canot des Baleines (où se l’on se servait alors de la jetée bâtie pour la construction des phares pour mettre les canots de sauvetage a l’eau), demandait quatre heures d’efforts surhumains.

Depuis 1862, des terrains avaient été achetés à gauche du Sémaphore des Baleines pour la construction d’un abri. Les sauveteurs de la paroisse de Saint-Clément reçurent un canot, en 1869. Ce matériel étant fourni par la Société nationale, les embarcations étaient toutes semblables. Trois qualités remarquables les rendaient particulièrement toutes semblables : elles étaient insubmersibles, se vidaient automatiquement de leur eau, se redressaient lorsqu’ils chaviraient. Elles contenaient dix hommes, un patron, et un sous-patron.

Ainsi furent donc les canots de sauvetage de Saint-Clément. Il y en eu successivement deux : le Gabiou-Charron puis l’Armand-Forquenot. C’étaient les noms attribués par de généreux fondateurs de la Société nationale : Forquenot était ingénieur des constructions navales ;  la veuve Charron, de Marennes, avait constitué la Société sa légataire universelle (1 500 000 F représentait une somme importante), à la condition qu’on donne à des canots le nom de sa fille Gabiou Charron.

Le canot fut mis sous l’abri imposant comme un arc de triomphe, bâti aux frais de la Société nationale. Posé sur un chariot, il était toujours prêt de gagner la côte au point indiqué.Plaque commémorative - Canot sauvetage de Saint-Clément des Baleines

Si un navire se trouvait en danger un coup de canon donnait l’alerte. Avec la même célérité que les pompiers pour le feu, l’équipage embarquait et, à force de rames, dans les lames déferlantes, gagnait le navire en détresse. Le sauvetage fini, les hommes, trempés, épuisés,regagnaient la côte au plus près, au plus facile. Quand la mer était basse le problème restait souvent sans solution.

Si peu de mots ne peuvent traduire les sorties héroïques des sauveteurs de nos côtes. Nous voulons dire combien cette race de lutteurs fit d’efforts pour se sortir de la misère où les circonstances, l’incompréhension les enfonçaient ».

 

Avant la construction l’abri du Canot de Sauvetage, il y a eu bien des naufrages au large des Baleines.

Dans le n° 13 des Cahiers de la Mémoire, consacré à la vie maritime à Ars-en-Ré au XIXe siècle, on peut relever ces lignes à propos de l’organisation des postes de secours pour le sauvetage en mer : «  Le 5 avril 1864, le Préfet fait connaître que l’administration supérieure s’occupe de faire établir des postes de sauvetage sur les pointes de la côte offrant le plus de dangers à la navigation et que trois de ces postes doivent être placés à l’île de Ré : au Gillieux, Ars et Rivedoux. Elle demande en outre que soit crée, s’il y a lieu, une société de sauvetage et que le conseil vote une allocation pour aider cette création. 

Là où la population est assez nombreuse, la navigation fréquente et les dangers éloignés de la côte, la Société Centrale établit une station de canot avec un équipage de 12 hommes, 10 qui arment les avirons, le patron qui est à la barre et le sous-patron qui se tient à l’avant.

La station du canot des Baleines comprenait deux équipages de douze hommes et un comité de six membres. Beaucoup étaient des cultivateurs qui possédaient des bateaux pour la récolte du petit sart et savaient se servir d’un aviron. Sur l’annuaire de 1893 on relève la composition du comité : Giraudeau-Babeuf, Guignard, Giraudeau-Boudaud, Lagor-Enet, Guignard, Penaud. L’alerte était donnée par un coup de canon et signalée par un drapeau noir hissé au sémaphore. Le bateau monté sur son chariot aux larges roues en fer, douze hommes prenaient place, prêts à la manoeuvre. L’équipe de terre poussait le chariot pour mettre l’embarcation à l’eau, remontait le chariot et restait en poste de réserve pour attendre le retour du canot et effectuer les manoeuvres inverses.

Lorsque le sinistre avait lieu trop loin des Baleines, le canot mettant trop de temps et l’équipage s’apaisant en efforts inutiles, l’embarcation était acheminée par la route par attelages de boeufs ou de chevaux, et dans les derniers temps par un camion. Un exercice d’entraînement avait lieu chaque trimestre, un jour de semaine (rémunéré), correspondant à une pleine mer de 10 heures pour permettre une sortie complète n’excédant pas la matinée.

Trois canots de sauvetage furent successivement utilisés Gabiou-Chéron I, Gabiou-Chéron II et Armand-Forquenot.

Les Allemands ayant démoli l’abri pendant la guerre, l’Armand-Forquenot fut remisé sous un hangar au Gillieux, puis fut vendu à la démolition.

Le dernier équipage était commandé par Léonce Massé et Edmond Giraudeau ».

Ce diaporama nécessite JavaScript.

 

Comme je vous l’ai signalé, la commune de Saint-Clément des Baleines prépare une exposition permanente. Si vous avez des cartes postales ou des photos anciennes, vous pouvez joindre Thierry Bréal, conseiller municipal en charge de cette mission. Son mail : t.breal@saintclementdesbaleines.com – Tel : 05 46 29 42 02

Laisser un commentaire