Il ne reste plus guère d’écluses à poissons dans l’île de Ré. Ces pêcheries, en fait de grands pièges à poissons, ont été depuis le 17ème siècle, exploitées par les insulaires, qui étaient alors de véritables paysans de la mer. Les familles rétaises, détentrices de droit de pêche y trouvaient de quoi se nourrir. En outre, les écluses protégeaient également les rivages contre l’érosion en faisant obstacle aux courants marins. Après les tempêtes, il fallait boucher les brèches, réparer les claies qui font office de filtre pour le passage de l’eau lorsque la mer se retire.
Ces gestes sont toujours d’actualité, preuve en est la semaine dernière. La très grosse houle qui a secoué les rivages rétais dans la nuit du 6 au 7 janvier a aussi ébranlé les écluses à poissons.
Aux Portes-en-Ré, l’écluse du Grand Marchais, dite La Grande Ecluse, a bien souffert : quatre très gros bobos, quatre grandes brèches de 10 mètres chacune ! Jean-Noël Penaud a constaté les dégâts le 7 janvier à marée basse, vers 14 heures. La veille tout était normal, malgré les assauts de la mer, l’écluse avait bien tenu. Le lendemain, c’était le choc…, pourtant cette écluse est réputée solide.
Ce même jour, mardi 7 janvier, vers 16 heures, je suis allée sur place. Une équipe réduite était déjà à pied d’oeuvre afin de bloquer les brèches avant qu’elles ne s’aggravent trop. Le constat était imparable, jamais depuis vingt ans ils n’avaient vu cela, la houle avait été trop forte. La mer est encore forte, et il y a du vent.
Au loin, nous avons même vu des déferlantes qui bouchaient la vue sur la Vendée, c’est dire… Tout cela n’est guère rassurant même si les coefficients de marée redescendent et qu’il semblerait qu’enfin nous devrions avoir une accalmie de météo.
Il faut passer de brèche en brèche avant la marée haute suivante et assurer le minimum de sécurisation. Les pierres sont dispersées tout autour des murs de l’écluse, une claie est complètement détruite, engoncée dans les pierres.
Branle-bas de combat. Dans les jours qui ont suivi, des renforts familiaux sont venus prêter main forte ainsi que trois employés municipaux des Portes-en-Ré et Joël conseiller municipal. Solidarité ancestrale des écluses. J’y suis retournée vendredi 10 janvier en fin de journée je n’ai pas vu les dix courageux à l’ouvrage, mais j’ai constaté que ça avait déjà pris forme.
Mais ce n’est pas fini. Aujourd’hui lundi, Jean-Noël Penaud m’a raconté que déjà deux brèches ont été colmatées. Tous les jours il passe pour surveiller et continuer de bloquer les pierres. Avec les actuels coefficients en mort d’eau il n’est pas possible d’effectuer une réparation sur une longue durée car il faut disposer d’un certain temps devant soi avant que la mer ne remonte.
Il y a encore pas mal de boulot. Le week-end prochain les coefficients de marée sont favorables, mais trop tardifs dans la soirée.
C’est donc samedi 1er février, que de nouveau l’équipe de la Grande-Ecluse pourra intervenir. Si vous avez envie de prendre un bon bol d’air et si vous vous sentez d’attaque pour leur donner un coup de main, vous êtes les bienvenus. Même les petites mains sont utiles pour ramasser les indispensables cailloux qui serviront de liant entre les pierres. Les plus costauds rassembleront les grosses pierres.
A 11h47 la mer sera basse, avec un coefficient de 113. Il suffit d’être sur place à 9h30, muni de gants, de bottes et d’un seau. Vous pouvez aussi contacter Jean-Noël Penaud : 05 46 29 61 37, il vous expliquera tout cela, bien mieux que moi.
Beau travail, vraiment !
Nos amis de l’écluse de la Providence avaient bien sûr constaté les dégâts au Marchais, mais je viens de leur adresser le lien avec ce beau reportage qu’ils n’avaient peut-être pas remarqué.
Bravo pour votre blog. Il sera placé dans mes « favoris ».
Patrick JOIN-LAMBERT
Merci ! il faut que j’appelle ceux de la Providence pour savoir comment ils s’en sont sortis. Apparemment il y a eu des dégâts dans pas mal d’écluses.