C’est maintenant à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso, que les barbares se sont attaqués vendredi 15 et samedi 16 janvier.
En perpétuant un carnage sur la terrasse d’un café-restaurant et dans un hôtel du centre ville, une attaque contre un convoi de la Gendarmerie nationale, et un enlèvement d’un couple d’octogénaires d’Australiens au nord du pays, ils veulent imposer leur chaos, ils font régner la terreur. 30 morts et une cinquantaine de blessés civils, c’est le bilan de cette horreur…
Très vite, sur les réseaux sociaux burkinabé un message a circulé, tel un cri :
C’est un choc pour le Pays des Hommes intègres, et pour ceux qui aiment cette petite enclave d’Afrique de l’Ouest, située à 6 000 km de chez nous. Le Burkina compte 18,5 millions habitants, il est enclavé entre le Mali, le Niger, le Bénin, le Togo, le Ghana et la Côte d’Ivoire, dans la région du Sahel.
Je pense très fort à tous ceux, atteints par les balles de ces cinglés de terroristes, à leurs familles et à leurs proches. Je pense au peuple burkinabé, pour lequel une telle tragédie est inédite.
Aujourd’hui, et plus encore qu’hier, je me sens Burkinabè. Solidaire de ceux qui vivent à leur tour ce que nous connaissons en France.
Le Burkina Faso n’avait vraiment pas besoin de cela !
Le 31 octobre 2014, la population a réussi à chasser le président, en poste depuis 27 ans, qui voulait s’accrocher encore et encore au pouvoir. L’insurrection populaire a fait 28 morts et des centaines de blessés. Au terme d’une année de Transition, des élections démocratiques devaient se tenir. En septembre 2015, un putsch mené par le général commandant le Régiment de la Sécurité Présidentielle a voulu mettre à mal le processus démocratique en cours. La population a résisté une nouvelle fois. Ce coup d’Etat raté a encore fait 11 morts et 270 blessés.
Un nouveau président et de nouveaux députés ont été élus le 29 novembre 2015. Le monde entier a salué le parfait déroulement de ces élections. Le pays aspire à la paix, à l’envie d’avancer, à se construire un avenir. 46 % de la population a moins de 14 ans.
Je vous souhaite d’aller un jour à la rencontre des Burkinabè. Ils sont toujours dignes, malgré la pauvreté. Souvent joyeux, et toujours curieux d’apprendre.
Deux associations de l’île de Ré oeuvrent activement pour ce pays : Les Amis d’Arbollé depuis 35 ans, et l’association Kader depuis 18 ans.
René Chaussin, président des Amis d’Arbollé est consterné. Outre son implication dans l’association, il connaît bien l’Afrique de l’Ouest pour y avoir travaillé en tant que coopérant de 1966 à 1970.
« Je suis sidéré par cette violence, dans ce pays si calme. La population est attachante, il est facile d’avoir des relations humaines de qualité, et toujours avec le sourire. Ce qui me désole c’est que le Burkina va devoir maintenant compter avec ce nouveau paramètre : l’insécurité à ses frontières. Arbollé se situe à 80 km au nord-ouest de Ouaga, sur la nationale 2 qui va vers le Mali. La population est indirectement touchée par ces événements. Plusieurs nous ont immédiatement appelé pour nous rassurer et nous dire que ça allait, malgré l’émotion générale qui a suivi l’attaque. Un de nos amis a envoyé un mail qui me touche beaucoup :
Quelque soit la méchanceté,
Quelque soit la lâcheté,
Quelque soit la haine,
Quelque soient les crimes,
Quelques soient les attentats,
Quelques soient les prises d’otages,
Quelques soient les manoeuvres,
Rien ne viendra à bout de notre intégrité,
Rien ne nous fera peur,
Rien ne freinera la marche glorieuse de notre vaillant peuple,
Rien ne changera le cours de notre histoire écrite du sang de nos martyrs,
Rien nous fera regretter notre passé,
Rien n’entâchera nos acquis démocratiques,
Nous sommes et nous resterons Burkinabè.
La patrie ou la mort, nous vaincrons toujours!
Vive le Burkina Faso!
Que Dieu bénisse et protège le Burkina Faso! »
Mireille Baril, présidente de Kader, elle aussi connaît bien le Burkina Faso. Chaque année elle s’y rend :
« Ce peuple est toujours serein. Il a toujours prouvé qu’il sait gérer les événements calmement, et il a une bonne analyse des faits. Comme il a su le faire pendant la tentative du coup d’Etat. J’ai entièrement confiance en ce que le Pays des Hommes intègres reste soudé. J’ai eu des nouvelles des uns et des autres. Il n’y a pas de panique, alors que les événements sont monstrueux. Le Burkina est un pays des plus pauvres du monde, et il n’est malheureusement pas épargné de la folie ambiante. Ils n’ont pas besoin de cela ».
Le président de la République, Roch Kaboré, RMCK comme les Burkinabè le nomme, a pris ses fonctions il y a deux semaines à peine. Il a décrété un deuil national de trois jours à compter de ce dimanche 17 janvier 2016.
Sur les réseaux sociaux, le mouvement Balai Citoyen a appelé à rester debout pour toujours.