Ainsi que je vous l’avais raconté dans mon dernier post de la fin de l’année dernière, les travaux de la digue du Boutillon sont entrés dans leur quatrième et dernière phase.
Celle-ci est différente des trois autres. A ce bout, la forme de la digue est un peu arrondie. Le pas d’accès est à reconstruire, tout comme le musoir, c’est-dire l’extrémité de l’ouvrage. Un couloir d’évacuation des eaux de franchissement est également en préparation.
Semaine après semaine, l’évolution est bien visible.
Le musoir, c’est donc l’extrémité de la digue. Je fais la savante, en parlant du musoir, mais j’avoue que jusqu’à peu je ne connaissais pas ce mot !
C’est un endroit de la digue particulièrement vulnérable. Rappelez-vous dans quel état il était, il y a encore quelques mois. Complètement ravagé par les vagues, la houle, et les gros galets qui viennent cogner dessus en permanence, il avait été colmaté à de nombreuses reprises. Il faisait pitié.
Le musoir du Boutillon est construit à la fois sur le sable et sur la roche. Sa ré-édification demande une attention tout à fait spéciale.
Le grand pas d’accès. C’est là que les amateurs de grand large viennent admirer la mer et rêver d’horizons lointains.
C’est à partir de ce point que pourra se faire la promenade sur la digue. Il y aura une autre entrée, mais de forme différente, à l’autre extrémité opposée. 700 mètres séparent les deux accès. Cependant celui-ci, dit Pas du Boutillon, sera le principal.
Un cheminement vers la plage est prévu sur la gauche, en descendant le long du musoir.
Le couloir d’évacuation des eaux de pluie et des eaux de franchissement est encore un tout autre sujet.
Des trous, au pied du chemin de la promenade du haut de la digue, sont répartis tout au long de l’ouvrage, afin de laisser passer les éventuels surplus d’eau inévitables. Cette sorte de couloir va permettre d’évacuer le trop-plein, pour qu’il se déverse ensuite dans la mer.
Vous avez quand même peut-être pu constater, comme je l’ai fait, lors du coup de vent de la semaine dernière, que la mer franchissait beaucoup moins la nouvelle digue qu’auparavant. Le nouveau retour de vagues, semble-t-il, produit son effet… Il y avait un peu d’embruns, mais pas d’énormes paquets de mer qui traversaient la route départementale, ainsi que c’était le cas avant. Tant mieux ! La mer est joyeusement passée par dessus les raides palplanches du chantier en leur tapant dessus, mais beaucoup moins sur le nouvel ouvrage.
Ce couloir circule juste derrière le grand bâtiment provisoire, là où sont stockés engins et matériels.
Lorsque les pelles ont creusé les anciennes fondations, il y avait à cet endroit beaucoup de sable. J’ai une pensée émue pour les Anciens Rétais qui avaient construit les fondations de leur digue. Lorsque tout se découvre ainsi, c’est l’archéologie de la digue ancienne qui apparaît, dans ses strates les plus secrètes.
On ne peut pas dire que les conditions météo actuelles sont idéales à cette époque de l’année pour la reconstruction de la digue. Même avec une température clémente, entre le 8 décembre et le 19 janvier, nous avons eu quelques grands moments de pluie. Et surtout un vent de folie pendant les douze premiers jours de janvier, en parallèle de la montée progressive des coefficients de marée.
Ces deux derniers mois sur le chantier, l’heure est à la séquence boue. Les bottes, sont non seulement obligatoires, mais indispensables. La boue colle, le sol est complètement détrempé et mou, les pieds s’enfoncent. Et pourtant les pompes sont activées en permanence.
Pendant la période des Fêtes, le chantier a été interrompu entre le 18 décembre et le 4 janvier. Au retour, il y avait deux mètres d’eau dans l’enceinte. Les pierres de maintien des palplanches en portent encore la trace.
La nature se révèle surprenante. A la reprise du chantier, sous l’effet de l’activation des pompes, le sable s’est travaillé naturellement. L’aspiration a fait apparaître de drôles de toupies, dessinées de magnifiques spirales, un peu partout. Je n’ai encore jamais vu cela ! Ouh que c’est beau !
Ce même jour, des concrétions de petits vers sont apparues, sorties des cailloux de sous-couche de la future digue.
Une semaine plus tard, une odeur de vase vous saisit les narines…
Le chantier habituel suit son cours pour la partie digue, proprement dite. Les étapes se succèdent : pose de géotextile, concassage et tri des cailloux de l’ancienne digue, profilage de la nouvelle digue, installation des parafouilles (des mini-plaplanches) en pied de digue, dépose des petits gravillons, des gros gravillons, de la sous-couche de béton de protection, mise en place de planches pour faire les réservations des futures palplanches intermédiaires du corps de la digue…
A chaque étape, je suis toujours ébahie par l’intervention humaine et minutieuse sur un tel ouvrage. Le râteau, la pelle, la truelle, font partie du quotidien du personnel.
Des tests de compactage ont été menés. La nouvelle digue est un vrai mille-feuilles de couches successives. Ces essais, d’une profondeur de trois mètres, permettent de vérifier si toutes les couches ont été bien été compactées.
Si vous avez envie de voir l’évolution du chantier de la digue du Boutillon en vidéo, voici quelques séquences tournées en décembre 2015 et janvier 2016 :
Rendez-vous dans quelques semaines. Nul doute, nous découvrions encore d’autres évolutions de ce chantier.
Et si l’envie vous prend d’aller vous balader sur la plage du Boutillon, il suffit de suivre le chemin et de tour faire le tour des palplanches par l’extérieur….