Vive les femmes !

Aujourd’hui 8 mars, c’est notre journée, à nous les femmes.

Elle a été officialisée en 1977 par l’ONU. Chaque pays de la planète est invité à célébrer cette journée dédiée aux droits des femmes. Occasion de revendiquer l’égalité et de faire un bilan sur la situation des femmes dans la société.

Au Burkina Faso, ce jour est férié.  Il fait l’objet de nombreuses animations. A Arbollé, un match de foot géant oppose les hommes aux femmes, un cross humanitaire est organisé ainsi que toutes sortes de réunions et conférences.

En 2011 et 2012, le thème était « Donner la vie sans périr ». Cette année, il est « Entreprenariat féminin et croissance économique ». Un tissu de pagne est spécialement créé, dans lequel la population coud un vêtement qu’hommes et femmes portent se jour-là.  Des petites pochettes bien sympas sont aussi fabriquées.

Au cours de leur dernier séjour, le mois dernier, les Amis d’Arbollé ont pu se rendre compte combien le thème de l’entreprenariat était bien choisi. Les femmes, opiniâtres, se regroupent en associations, montent de petites entreprises, trouvent des solutions via le micro-crédit, cultivent des jardins pour vendre leurs productions. D’année en année, elles prennent leur destin en mains, en essayant de générer des revenus.

Pour exemple, l’association ALFA, Association Lagemtaaba des Femmes d’Arbollé. Elle existe depuis dix ans. Les femmes viennent de monter un business de karité, épaulées financièrement par l’Ambassade des USA. Elles ont investi dans une presse afin de proposer des produits dérivés qu’elles vendent pour le moment sur le marché :  baume à lèvres, crème pour le corps, savon, produit de nettoyage… L’activité se porte bien, elles aimeraient maintenant avoir un local à elles.

En images, voyons comment ça se passe :

Fruits et coquilles des noix de karité sont broyés ensemble avec un pilon. Ils deviennent une poudre rouge.

Un feu est allumé dans un bidon.

La poudre est mise dans un autre bidon, lui-même posé au-dessus du feu. Elle est chauffée pendant 1/4 d’heure pour la torréfier légèrement.

La poudre devient une pâte qui ressemble à du chocolat.

Elle est versée dans des moules-cylindres. Ils sont empilés par le haut de la presse.

Le pressage est activé avec une pompe à mains. Il faut plusieurs pressions pour arriver à extraire l’huile.

L’huile coule à travers les trous, le long du cylindre. Pour obtenir un litre, 5 kgs de poudre sont nécessaires.

En se solidifant l’huile prend une couleur blanchâtre. C’est ça le beurre de karité !

Tout est récupéré. Entre chaque plaque, il reste un résidu sous forme de galette. Il est utilisé pour l’alimentation animale et la combustion des feux. Il évite d’aller chercher du bois en forêt. C’est une solution pour remédier à la déforestation.

Depuis cinq ans, le micro-crédit s’est beaucoup développé. ALFA compte 174 adhérentes, issues de 36 villages différents. Elles se réunissent  régulièrement, par ateliers. Demander un crédit est tout un rituel. Pour le signaler, les femmes lancent leur chaussure dans le rond du cercle. Les prêts varient entre 10 et 40 000 FCFA, soit  entre 15 et 60 €.

L’argent des femmes leur appartient en propre pour développer leurs projets. Il n’est pas celui de la famille. C’est un plus, qui leur assure une certaine indépendance et une émancipation économique, qu’elles ne pouvaient pas imaginer il y a encore quelques années. Un particulier Rétais leur a avancé 2000 €, sous forme de prêt. Il va les aider à assurer un premier fonds de roulement.

Faire pousser des légumes est une gageure dans ce pays où la sécheresse succède à la mousson. Au jardin de Gansé, les Amis d’Arbollé ont apporté des graines de France.

Malheureusement le trou d’eau est rempli d’alluvions et plus rien ne pousse, le jardin est misérable alors que l’année dernière la récolte était prometteuse. Inlassablement, elles vont chercher de l’eau avec des arrosoirs, des seaux ou des bidons.

Et malgré tout, elles gardent le sourire. Certaines font 30 kms à pied, par jour,  pour travailler.

Par contre, au jardin d’Arbollé tout est ok. La reconstruction du récupérateur d’eau s’est avérée utile, et ça pousse bien. En janvier et février, c’est la période du début des oignons.

Ces femmes fond preuve d’un courage exemplaire

Au bord du goudron, torréfiage du beurre de cacahuètes

Corvée d’eau au puits

Tissage de sacs à partir de plastiques de récupération

Quelques images souvenirs

Des visages qui ne laissent pas indifférent.

Comme il se doit, on arbore le pagne de l’année

Blandine, jour de la finale de foot de la CAN – Etalons du Burkina 0 – Aigles du Nigeria 1

Et pour terminer, une note de gaité. En plein centre ville de Ouagadougou, les soutiens-gorges, d’occasion, sont vendus … par les hommes.

Afin de pouvoir continuer les actions, des dons déductibles des impôts, peuvent être faits au profit de l’association Les Amis d’Arbollé. Elle est agréée humanitaire et d’intérêt général. Contact : René et Flavie Chaussin, tel : 05 46 29 22 94.

Un grand merci à René et Blandine qui m’ont confié leurs photos du dernier séjour afin de réaliser ce post.