Echouage de vélelles sur les plages rétaises

Le week-end dernier, d’étranges bestioles sont apparues sur plusieurs plages du nord de l’île de Ré, à Saint-Clément et à Ars notamment.

Ile de Ré - Vélelles - 1er décembre 2019

C’est quoi ça ?

J’ai interrogé Pierre Legall, naturaliste, biologiste et océanographe, et par ailleurs secrétaire de Ré Nature Environnement 17.

Voici sa réponse : « Il s’agit de colonies d’hydraires (animaux cousins des anémones de mer) dont le nom est la Vélelle (Velella velella) adaptée à la vie en haute mer où elles flottent en immenses bancs. La partie triangulaire forme une voile qui prend le vent, ce qui déplace les animaux. Si elles arrivent sur nos plages en ce moment, c’est à cause des vents d’Ouest prolongés (ceux qui apportent aussi les paquets de cocaïne) ».

Ile de Ré - Vélelles - Photo : E.G. - 1er décembre 2019

Même si elles ne sont pas dangereuses, mieux vaut ne pas y toucher. « Ce sont des animaux dont le contact avec des peaux sensibles peut parfois entraîner des boutons et des démangeaisons » ajoute le biologiste.

Ile de Ré - Vélelles - Photo : E.G. - 1er décembre 2019

« Elles sont présentes sur toutes les mers du monde, donc celles qui viennent sur Ré arrivent juste d’en face, donc du Golfe de Gascogne. On en voit très régulièrement sur l’île, parfois quelques exemplaires, parfois par milliers, tout est fonction des vents dominants d’Ouest. Généralement quand elles se sont échouées sur les plages, elles meurent très vite. Parfois elles peuvent être reprises par la marée et dispersées ».

A ma question : S’enfouissent-elles en arrivant sur nos plages ? Pierre Legall répond : « Elles sont totalement incapables de s’enfouir dans le sable, mais par contre le sable peut les recouvrir quand il est déplacé par la mer. Parfois elles peuvent être reprises par la marée et dispersées« .

C’est pour cela que certains ont eu la chance de les voir. Après, c’était trop tard ! Perso, je n’en ai pas croisé une seule, même en étant allée l’après-midi même sur les lieux.

Drôles de bêtes. Ah oui, elles ont l’air de petit radeau. Leur nom scientifique est Velella, du latin « velum » = voile.

Ile de Ré - Vélelles - Photo : E.G. - 1er décembre 2019

Le site internet Doris (Données d’observations pour la Reconnaissance et l’Identification de la faune et de la flore Subaquatiques) nous fournit des explications complémentaires :

  • Ces organismes vivent en surface, à l’interface eau-mer.
  • Un épisode de grand vent peut néanmoins rapprocher ces colonies des côtes, où elles finissent par s’échouer en grand nombre.
  • La vélelle est planctonophage et se nourrit en capturant les micro-organismes du plancton, grâce à des polypes pêcheurs nourriciers qui sont suspendus en cercle sous le disque.
  • La vélelle est en principe inoffensive pour l’homme. Si ses cnidocytes sont redoutables pour les proies du zooplancton, ils le sont beaucoup moins pour la peau humaine. Cependant, après avoir manipulé une vélelle, même échouée, il faut veiller à ne pas porter les doigts à la bouche ni aux yeux. Certaines personnes plus sensibles (notamment les enfants) peuvent présenter de sérieuses irritations.
  • La vélelle est un organisme qui peut parfois pulluler de manière importante. Les bancs de vélelles peuvent s’étendre sur des dizaines de kilomètres et leur densité peut atteindre localement une centaine d’individus au mètre carré. 
  • Ces pullulations auraient été constatées beaucoup plus fréquemment ces dernières années et en de nombreux endroits à l’échelle du globe ; le réchauffement climatique en serait peut-être une cause. En comparaison, au XIXème siècle, les vélelles étaient considérées comme très rares.

Merci aux amis qui ont gentiment accepté de publier leurs photos sur le blog. Et merci à Pierre Legall pour ses explications.

Et vous, avez-vous été témoins de telles arrivées de vélelles ?

Deux questions m’ont été posées après avoir publié ce post hier :

  • « C’est gros comment ? ». Dans une main, la vélelle paraît petite et fragile.
Ile de Ré - Vélelles - Photo : E.G. - 1er décembre 2019
  • « Qui les mange ? ». La réponse est sur le site DORIS :  » Les vélelles servent de nourriture aux poissons-lune (Mola mola), ainsi qu’à des gastéropodes, la janthine (Janthina sp.), et le nudibranche Glaucus atlanticus« .

A ces deux questions, j’en rajouterai une autre : Pourquoi sont-elles venues par milliers s’échouer à l’île de Ré ? Il semble que de telles observations aient été déjà faites chez nous en novembre.

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