Un phasme est venu se poser sur la baie vitrée de ma maison. J’ai tout d’abord cru qu’il s’agissait d’une petite branche qui avait volé avec le vent et la pluie, et qui s’était accrochée. Etrange… une branche avec des pattes, ça n’existe pas…
L’insecte a la particularité de se faire discret en se fondant dans l’environnement. Il a l’art du camouflage !
Comme à chaque fois que je m’interroge sur les bestioles de notre environnement, j’ai questionné Pierre Le Gall, éminent naturaliste et par ailleurs secrétaire de Ré Nature Environnement 17 : Y en a t-il beaucoup à l’île de Ré ? A quel moment peut-on en voir. Où vit-il généralement ?
Merci Pierre pour votre réponse précise :
» Le Phasme gaulois (Clonopsis gallica) est un insecte relativement commun sur l’île de Ré. Il y est présent avec deux couleurs : soit vert et soit brun, mais il s’agit toujours de la même espèce. Commun, mais très discret, il passe très souvent inaperçu. Dans la journée, il va se poser sur un support et ne pas en bouger jusqu’à la nuit où il va se déplacer à la recherche de nourriture.
Il mange les feuilles de divers végétaux, avec une nette préférence pour les ronces, lierre, rosiers, framboisiers. S’il est dérangé dans son repos, il rabat ses pattes le long de son corps et se laisse tomber au sol où il reste immobile et prend une allure de brindille de bois mort.
La population ne comprend que des femelles. Les mâles peuvent exister mais sont extrêmement rares, seulement quelques exemplaires ont été observés en Europe. Les femelles adultes pondent quelques dizaines d’œufs durant l’été avant de mourir à l’automne. Les œufs pondus un à un tombent au sol où ils restent en attente un an, et parfois plus.
Les jeunes phasmes ont la même allure que les adultes, ils sortent des œufs au printemps puis grandissent progressivement. Pour la petite histoire, les œufs de ces phasmes ont un pouvoir de résistance absolument sans limite. Ils résistent au froid et à la chaleur, ils restent vivants après un long bain dans de l’alcool pur ou d’autres produits chimiques toxiques, ils supportent parfaitement de rester plusieurs jours dans le vide d’air, ils peuvent être entièrement recouverts d’une couche métallique sans dommage. Après tous ces traitements, les éclosions ont lieu, comme si rien ne leur était arrivé. Voilà ce que l’on peut dire de ces bestioles « .
Le phasme est effectivement resté posé toute la journée sur ma vitre sans bouger. Le lendemain matin, il était reparti vers d’autres horizons rétais. Juste le temps de prendre une photo recto, et une autre verso !
Avez-vous remarqué ces temps-ci le nombre de bestioles, insectes, papillons, fourmis, escargots, oiseaux en quantités incroyables à l’île de Ré ? Ils ont eu l’air de bien apprécier le confinement du COVID 19.