Fragiles crapauds pélobates de l’île de Ré

Depuis trois ans les pélobates cultripèdes de la forêt du Lizay, entre Saint-Clément et les Portes, font l’objet d’une attention particulière. Oh comme ils sont petits ! Quelques 7 ou 8 cm, pas plus…

De couleur jaune-vert, taché de brun, ils ont de petites excroissances dures sur les pattes postérieures, appelées couteaux qui leur sert à creuser un trou pour s’enfouir dans le sol à 10-15 cm de profondeur.

Crapaud pélobate - Photo CDC Ile de Ré/S.Baudoin
Photo CDC Ile de Ré/S.Baudoin

Les pélobates rétais habitent entre le virage de la Solitude à Saint-Clément des Baleines et le hameau de Rivière aux Portes.

Du milieu jusqu’à la fin de l’hiver, c’est la période de reproduction. Ils se déplacent de la forêt du Lizay…

….et ils se dirigent de l’autre côté de la route départementale. Là, un peu plus loin, ils vont trouver de l’eau douce dans les zones marécageuses et ils vont s’y reproduire. Chanceux pélobates cultripèdes ! Ces zones humides sont inscrites sur la liste des sites protégés RAMSAR depuis 2003.

Il y a très longtemps, pour se rendre aux Portes, on empruntait un chemin. Les pélobates n’étaient pas vraiment dérangés. Aujourd’hui leur prédateur est essentiellement la voiture. Comment fait ce petit animal, en particulier la nuit lorsqu’il traverse ? Il n’a pas de lumière sur son dos pour se signaler aux automobilistes ! Alors il se fait écraser. Splash….

Le pélobate cultripède est une espèce menacée, inscrite sur la liste des espèces protégées. Il faut savoir que la plus grande population de la façade atlantique se trouve ici, à l’île de Ré. La population estimée de ces petites bêtes est chez nous de 500 individus.

Un jour entre Saint-Clément et les Portes nous verrons peut-être des tunnels pour que les pélobates puissent sereinement traverser la route. Le projet de crapoducs, viaducs pour crapauds, est envisagé par l’équipe des écogardes de la Communauté de Commune afin de sauvegarder l’espèce.

Mais auparavant il faut opérer des recensements de population et déterminer précisément les lieux de passages les plus fréquents.


L’année dernière, de février à début mai 2021, les écogardes ont mené une première opération de sauvegarde d’amphibiens.

Un filet de 800 mètres de long a été installé le long de la piste cyclable, en bordure de la route.

160 seaux-pièges ont été posés. Les rainettes à ventouses passent par dessus. Une branche permet aux hérissons et aux mulots de sortir sans problème. Mais les petits pélobates, eux, restent dans le seau.

Tôt le matin, de 4 à 7 heures, 57 bénévoles se sont activement relayés pour épauler les écogardes. Un suivi quotidien a été opéré. Les équipes ont assuré le relevage des seaux, noté l’identification des espèces, le sexe, ils les ont compté. Puis ils ont transféré tout ce petit monde de l’autre côté de la route au plus près des marais.

En 2021, 1 100 amphibiens ont été recensés, dont 15 pélobates cultripèdes. C’est vraiment peu… La sécheresse du printemps et un peu de froid pendant l’hiver pourraient expliquer le pourquoi de si petites prises.

Crapaud pélobate - Photo CDC Ile de Ré/S.Baudoin
Photo CDC Ile de Ré/S.Baudoin

Cette année, l’opération est renouvelée du 15 février au 25 mars. Les écogardes de la Communauté de Communes ont besoin de renforts ! Cette action a également pour but de diffuser la culture scientifique auprès des Rétais et de nous sensibiliser à la protection de la biodiversité. 

Deux équipes, constituées d’un(e) écogarde et d’un(e) bénévole vont de nouveau inspecter les seaux chaque matin. Plusieurs bénévoles de 2021 sont d’ores et déjà prêts à rempiler. Le fait de se lever très tôt n’est pas un frein. Ils ont trouvé un grand intérêt à participer ensemble à ce sauvetage. L’année dernière, le plus jeune avait 13 ans, il est venu 9 fois !

Si le coeur vous en dit et si vous êtes disponibles, vous pouvez vous aussi devenir bénévoles pour ce suivi scientifique. Il n’y a aucune obligation à venir tous les jours, participer une fois ou deux c’est possible. Fabienne Le Gall (06 27 51 66 08) et Simon Baudouin (06 27 51 66 23), Ecogardes de la Communauté de Communes, attendent vos appels pour vous inscrire. Ils précisent que le protocole peut être aménagé s’il fait trop froid ou s’il pleut ou vente trop.

Suivi scientifique pélobates - 10 mai 2021

De premiers bénévoles sont déjà venus il y a quelques jours. Ravis d’avoir déjà contribué l’année dernière, les voilà toujours prêts !

Le suivi des pélobates devrait se poursuivre sur encore deux années avant d’aboutir au bilan scientifique de cette opération. Il est financé par l’écotaxe intercommunale.

La présence des pélobates à cet endroit de l’île de Ré a été confirmée lorsque la Communauté de Communes à procédé à l’inventaire de la biodiversité qui avait été restitué en 2016.

Mais déjà en amont, à la fin des années 90 deux Villageois (de Saint-Clément), Christophe Penot qui travaillait alors à la Réserve Naturelle, et Nicolas Vrignaud naturaliste sur l’île de Ré, avaient repéré quelques individus. Ils l’avaient signalé à Jean-Marc Thirion, herpétologue, spécialiste des reptiles et des amphibiens lequel a commencé à monter un suivi scientifique. « A cette époque, on s’intéressait bien plus aux oiseaux qu’aux grenouilles et aux crapauds qui étaient un peu les parents pauvres. On voyait bien qu’il y avait des batraciens qui traversaient la route, mais personne ne se posait la question de qu’elle en était l’espèce. Et puis on ne voit que très rarement, les pélobates. Le seul moment où ils croisent des humains c’est quand ils traversent et quand on les retrouve écrasés » raconte Christophe Penot.

Désormais à nous tous de faire attention à ces fragiles petits pélobates cultripèdes !

Crapaud pélobate - Photo CDC Ile de Ré/S.Baudoin
Photo CDC Ile de Ré/S.Baudoin

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