Port de La Flotte, 4 mois de travaux

Près de quatre mois après le lancement des travaux de mise de sécurité du village de La Flotte, où en est le chantier ?

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13 NOVEMBRE. C’est marée haute, le milieu du chantier est rempli d’eau. Et même beaucoup. Pour les ingénieurs, il y a là de quoi se creuser les méninges… « Un chantier sans surprise, cela n’existe pas » conviennent-ils, avec une certaine philosophie. Et celui de La Flotte qui est en soi exceptionnel, présente un gros écueil aux équipes : l’assèchement du trou, entre les palplanches de protection, est indispensable pour avancer.

A marée basse, il n’y a presque plus d’eau. A marée haute, la mer s’infiltre par en dessous et re-remplit le chantier au fur et à mesure de la montée des eaux. Tout comme dans le bassin du port lui-même, où sont encore amarrés quelques bateaux.

L’explication : il y a trois ou quatre renards, bien visibles au travers l’eau stagnante. Non, rassurez vous, ce ne sont pas des animaux qui ont fait un terrier dans le port ! Un renard, c’est le mot technique utilisé en langage technique pour parler d’un écoulement qui se développe sous un remblai ou sous la fondation d’un ouvrage, en provoquant un vide.

Les équipes sont à pied d’oeuvre pour apporterici et là des soudures complémentaires sur les palplanches. Pour colmater les passages d’eau au pied du batardeau de protection, la glaise du port est utilisée. Il faut attendre que la mer descende pour bien repérer d’où viennent ces fuites. Pendant ce temps-là, cinq petites pompes sont en action, elles avalent 150 m3 d’eau par heure. Une grosse pompe a été spécialement acheminée sur le chantier en complément : elle rejette 1200 m3 d’eau par heure… Impressionnant. Et indispensable pour mettre la zone de travail complètement à sec. Pour le moment, le fond de l’enceinte du batardeau ne se voit pas.

Le môle Est est en partie démoli et laisse constater l’épaisse terre rouge qui composait son intérieur. Les pierres de parement ont été mises soigneusement de côté. Elles seront ré-exploitées pour les finitions, ainsi que cela a été prévu.

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De l’autre côté du port, sur la promenade, les équipes de CODA progressent rapidement. Le chantier suit son cours normal. Pendant que certains continuent à forer et à installer des tubes pour la préparation du bétonnage de l’intérieur du quai, d’autres installent les panneaux de coffrage dans lesquels sera coulé le futur parapet.

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Les oies bernaches sont au loin, mais quand même proches. Elles cherchent leur pitance dans la vase. La vue sur l’estran est paisible et de toute beauté.

Cette histoire d’eau qui s’infiltre dans le port a aiguisé ma curiosité. Rentrée chez moi, je me plonge dans un petit bouquin édité en 1999 : Les Ports de la Flotte. Couverture livre Les Ports de La Flotte

J’y trouve une réponse historique et environnementale. Les auteurs écrivent : « Le port actuel est l’évolution au cours des siècles d’une dépression naturelle. Elle aurait pénétré plus longuement qu’aujourd’hui à l’intérieur des terres, et se serait étendue entre les rues des Jardins et du Général Leclerc, puis dans leur prolongement, entre les rues du Temple et de la Fontaine. Il est possible que cette cuvette ait pour origine des sources, du moins pour la partie actuellement devenue le port. A marée basse, on observe en effet, dans les vases du bassin d’échouage, des remous provoqués par des arrivées d’eau souterraines. Ces phénomènes sont plus importants en périodes de hautes eaux de la nappe phréatique, c’est-à-dire pendant l’hiver. Peut-être s’agit-il d’eau douce. C’est en tout cas le paradis des anguilles ». 

27 NOVEMBRE. Deux semaines plus tard, la physionomie du lieu a un petit peu évolué. Le chantier est boueux car la pluie est bien tombée, mais il commence à s’assécher. Le casse-tête semble en voie de résolution ! La grosse foreuse est en action pour creuser et préparer l’installation de barres de maintien du terrain. Elle descend à 11 mètres. La destruction du môle se poursuit, les gravats sont transportés sur un site proche.

 

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Côté quai, la première section du parapet est terminée.

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Voir ce port ainsi à nu, avec ces pierres et ces pieux de bois, m’émeut. Je pense à ceux qui l’ont construit à la main. Je me replonge dans le livre de l’histoire du port de La Flotte. Voici ce qu’il est écrit : « De ce bassin, les Anciens avaient fait un mouillage protégé : les talus naturels des rives furent sans doute remplacés, comme c’est généralement le cas, par des quais constitués de pieux de bois fichés dans le sol. Derrière ceux-ci étaient disposés horizontalement des madriers destinés à retenir les terres.

L’habillage de la chaussée était réalisé à bon compte, en employant simplement des galets servant de lestage aux navires qui, en provenance des Pays du Nord, venaient s’avitailler en sel et eaux de vie sur nos côtes aux XVe et XVIe siècles. Ces pierres de lest ont ensuite été remplacées par des blocs équarris, manufacturés, appelés pavés du Canada, dès la création du Québec, c’est-à-dire au tout début du XVIIe siècle. Comme tous les ouvrages de bois soumis à l’action périodique de l’eau de mer, les quais se sont progressivement détériorés malgré les réparations qui ont dû être effectuées, si bien qu’au début du XVIIIe siècle le port est signalé ruiné.

La Flotte - Phare - 18 décembre 2015Vers 1765, l’intendant de Louis XV, Gabriel Sénac de Meilhan, décida de remettre le havre en état, en utilisant cette fois la pierre de taille pour les parements verticaux et bordures, et les pavés et pierres de lest pour le revêtement des chaussées. Il fit protéger de la houle du nord ce bassin sensiblement rectangulaire par deux petites jetées de pierre. Il créa un petit bassin annexe. Régulièrement entretenus, les quais ont été refaits en 1865, pour la partie occidentale, et en 1877 pour la partie orientale. Au début du XIXe siècle, on décida de créer un avant-port. Pour cela, un môle, épousant la forme d’un S, fut édifié en grosses pierres de taille, comportant parapet et bittes d’amarrage, entre 1840 et 1843. Il fut complété par une tour de 9 mètres de haut abritant une lanterne à feu fixe en 1848 ».

11 DECEMBRE. Dans le port, de grosses barres de fer ont été fichées en hauteur. Elles maintiennent le terrain et évitent la poussée du sol, qui est quand même bien haut. Le remblai semble meuble, cependant il y a de grosses pierres à la base. Une pelle les décaisse. Nous en sommes à la phase de préparation du terrassement. Une nouvelle étape délicate, à en juger la précision des interventions des machines. Les pompes d’assèchement sont activées en permanence.

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Côté quai, la deuxième partie du parapet est bien avancée. Les éléments de coffrage sont prêts pour y couler le béton. Au bord de la promenade, le travail de ferraillage en amont suit son cours habituel. Au total, il y a 470 mètres à protéger.

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Et toujours, mesdemoiselles bernaches, dévorant la vase. Elles ont l’air d’apprécier.

18 DECEMBRE. Oh ! Ce matin l’enceinte du port a pris une toute autre physionomie. On commence à voir où tout cela va aller, cela ressemble à une immense cuve. Grosse activité. La foreuse a été descendue au coeur du chantier pour introduire des gros tubes, des clous, comme disent les techniciens. Encore un mot que je ne connaissais pas… Ils permettront l’ancrage du futur môle. De part et d’autre du chantier, un mur a été édifié. Ce n’est pas le définitif, c’est une base sur laquelle viendra se superposer la suite. C’est un élément supplémentaire de solidité.

Les équipes travaillent avec de hautes bottes, il y a encore de l’eau, de couleur marron.

La pelle finit de gratter les gravats. Le sous-sol semble dur. Il reste encore un peu de gros débris, à déposer dans le camion.

Malgré tous les aléas rencontrés, le planning est globalement tenu. Avant Noël le fond du chantier sera bétonné. Ensuite, il va y avoir une pause pendant les fêtes. Début janvier, le chantier repartira.  

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Et côté quai, ça suit toujours son cours. Le rythme est soutenu.

Voici une petite vidéo pour découvrir, en images animés, les travaux de ces dernières semaines :


Pour fêter Noël, même la grue flottaise s’est parée d’une guirlande !
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Rendez-vous bientôt pour la suite du reportage.

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