En se promenant sur la Conche, du côté du Lizay, à la frontière des communes de Saint-Clément des Baleines et des Portes-en-Ré, la petite Cabane des Fontaines se dessine sur la crête de la dune. Depuis 170 ans elle est plantée là, avec une vue imprenable sur l’océan.
On ne sait pas grand chose de cette bâtisse, il existe peu d’écrits. Cependant son histoire est intéressante.
Autrefois, elle était appelée la Cabane du Garde. Certaines familles disent la Cabane des Douaniers, d’autres la Cabane des Fontaines. Mais depuis six ans, elle est aussi Maison de la Dune.
Quatre noms pour une si petite bâtisse !
La Maison du Garde. Dans le bulletin municipal des Portes-en-Ré, daté de juillet 1997, un article signé par l’historien Pierre Tardy, en collaboration avec Anne Deniel, relève : « Cette cabane est une maison forestière qui a été établie lors du boisement de la zone dunaire entre le Gillieux et La Rivière, qui a commencé après 1840. A cette date, 21 hectares étaient prêts à être ensemencés dans cette zone. En 1849, il est écrit que l’administration a fait ensemencer d’herbage les dunes des Fontaines. En 1862, Eugène Fromentin a vu les ravins (combes) boisés dans les dunes de la Conche des Baleines derrière la maison du garde. Les vieux chênes verts, arasés par les embruns ont survécu ».
Effectivement, ici, la dune est partout vallonnée, il y a des combes, c’est le nom pour désigner les creux.
La Cabane des Fontaines. Le lieu-dit portait donc le nom de dunes des Fontaines. Ce n’est pas le fait du hasard, car ici dans le coin il y a de l’eau douce. « La combe des Fontaines descend à + 1 mètre au dessus du 0 du nivellement général. C’est dire que seule la bordure dunaire empêche la mer d’y pénétrer à marée haute moyenne. Sous la dune, le sol est de bri imperméable. On pouvait donc trouver de l’eau douce proche de la surface au fond de la combe » explique Pierre Tardy.
Le bri, c’est cette vase très compacte, de couleur bleutée, que l’on retrouve un peu partout dans les marais de l’île de Ré. C’est assez étonnant de savoir que sous cette dune il y a de la vase !
Quand il pleut beaucoup, ceux du village des Portes-en-Ré racontent que l’eau séjourne entre les chênes verts. Elle s’infiltre dans le sable, et ressurgit dans un trou au pied de la dune de la cabane. C’est pour cette raison qu’on l’appelle Cabane des Fontaines ! Cette même eau de pluie alimente aussi le Fossé doux, au lieu-dit La Rivière, ainsi bien dénommé.
Pierre Tardy ajoute : « Dunes et combes se succèdent allant vers le sud, dont celle des Joncs (des roseaux), ce qui indique que là aussi le bri imperméable est proche de la surface.
Pourquoi cette succession de dépressions si marquées sur fond imperméable ? C’est que là est le territoire édifié par la mer et le vent pour fermer la Passe Nord du golfe du Fier au cours du premier millénaire de notre ère. Passe qui était profonde car elle avait une épaisseur de 10 mètres de bri, avant d’atteindre le socle calcaire. Elle a été traversée lors du forage fait à la Ferme marine des Baleines, à 1 km au sud de la Cabane des fontaines. Cet axe de dépression se prolonge au Sud par le chenal des Villages qui débouche dans le Fier ».
La Maison de la Dune. Cette bâtisse a un long temps été laissée à l’abandon. Jadis elle a servi de rangement pour les outils des cantonniers, puis elle a été le territoire de jeux de nombreux jeunes Portingalais, et plus tard un lieu de rendez-vous olé-olé. Elle a aussi été squattée, pour être enfin mise en sécurité et grillagée.
Il y a dix ans, le 21 avril 2005, un groupe de Portingalais sous la houlette de Simone Benech, ardente défenseur de l’environnement et du patrimoine, a créé l’association A4P (Association Pour la Protection du Patrimoine des Portes), dont le but était de sauvegarder cet élément de petit patrimoine. Même s’il ne s’agissait pas particulièrement d’un chef d’oeuvre architectural, digne de classement.
La réhabilitation de la cabane a été l’acte fondateur de l’association. Il a été fait appel aux dons et à la Fondation du Patrimoine et également à la Fondation Veolia et à la Fondation Banque Populaire pour une grande part. La cabane a pu être sauvée. Jadis, son toit avait quatre pentes, pour des raisons budgétaires les nouveaux plans lui en octroyé deux. Elle a été convertie en Maison de la Dune, et inaugurée le 18 juillet 2009. Elle a alors été transformée en mini-écomusée, ouvert pendant l’été, dans lequel une exposition sur l’écosystème dunaire est présentée.
La cabane est menacée de destruction en raison de l’érosion de la dune. Ce même article de Pierre Tardy, écrit il y a 18 ans, signalait déjà : « un recul d’un mètre par an ».
L’hiver dernier, les coups de vent et les assauts de la houle ont encore quelque peu fragilisé l’assise du bâtiment. Les Anciens racontent qu’il n’y a jamais eu beaucoup d’espace entre le bord de la dune et la cabane, mais aujourd’hui il ne reste que 1 ou 2 petits mètres. Ces derniers mois, la dune s’est un peu ré-ensablée. Mais la mer, lorsqu’elle monte jusque là-haut lors des grandes marées et des grosses tempêtes, peut venir lécher les pieds de la cabane. Elle pourrait alors tomber dans le vide !
Le 16 janvier, lors des voeux de la Communauté de Communes, le président, Lionel Quillet, a offert, avec humour, à chacun des maires de l’île des cadeaux symbolisant les actions à mener dans leurs communes.
Pour le maire des Portes, Michel Auclair, il a souhaité des logements, une zone artisanale, mais en plus, et pour l’avenir immédiat …. une nouvelle Maison des Dunes. 
Une réflexion est actuellement menée, conjointement par l’équipe communale des Portes, la CDC et l’association A4P : déconstruire la cabane et la déplacer ? Et où ?
A suivre….