Les Portes-en-Ré, 24 puits en devinettes

Autrefois, dans tous les villages de l’île de Ré, il y avait des puits un peu partout. Avec l’arrivée de l’eau courante ils ont été délaissés, pour ne pas dire abandonnés.

L’association A4P (Association pour la Protection du Patrimoine des Portes-en-Ré) oeuvre à la préservation de ce qu’on appelle aujourd’hui le petit patrimoine. Dans ce village du nord de l’île, elle a recensé 24 puits communaux. Tous plus charmants les uns que les autres, ils ont bénéficié d’une restauration soignée.P1350754

Aux Portes, j’en connaissais certains. Cependant, à l’occasion du circuit mis en place conjointement par l’office de tourisme et l’association A4P, j’ai fait de belles trouvailles. Cette balade m’a ouvert les yeux sur ces points d’eau, autrefois lieux de vie.

Le 13 mai, une application sur smartphone et tablette a été officiellement lancée afin de cheminer à la découverte de ces puits. C’est tout simple : il suffit de se connecter sur l’application Ile de Ré Tour, de rechercher l’itinéraire intitulé Les Portes en Ré, l’histoire sort du puits, et ensuite de se laisser guider.

Une heure bien sympa à déambuler dans le village ! Et apprendre plein de choses via le quizz. A chaque halte, une devinette est posée sur les puits bien sûr, mais aussi sur le village lui-même.

L’appli indique : « Jusqu’aux années 60, toute l’eau potable était puisée dans des puits peu profonds. Ce petit patrimoine ordinaire avait une utilité primordiale pour les habitants du village. Sur le territoire de l’île dépourvue de rivières et de ruisseaux, l’alimentation en eau potable provenait uniquement des nappes phréatiques. De nombreux puits ont donc été creusés, tout d’abord pour la communauté sur les places des villages, puis dans les cours, les jardins et à l’intérieur même des maisons. Le mot puits provient du latin puteus, et se définit par un trou dans le sol à l’aide de pelles et de pioches pour récupérer l’eau d’infiltration ».

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Chaque puits est bien évidemment différent. Plusieurs portent encore la trace d’usure des cordes utilisées pour tirer l’eau. C’est assez émouvant, car on y sent la vie et la présence humaine. Les puits se situent au détour ou au fond des venelles. Certains sont cachés dans la végétation, d’autres ont un rebord suffisamment large pour s’y poser et discuter tranquillement à l’abri du soleil et du vent. Ah si les pierres des puits pouvaient parler, elles en raconteraient des histoires !

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Avant de lancer la restauration, l’A4P a dû recenser les puits communaux. Cela n’a pas été évident de faire la part des choses entre ceux communaux, et ceux appartenant à des particuliers. Les archives ont été consultées, la mémoire des Anciens a été sollicitée. Sur les 32 puits portingalais, 24 se sont avérés communaux. Ce travail d’investigation a pris une année. Ensuite les travaux proprement dits ont duré 18 mois. Ils ont été assurés par les employés de l’association La Verdinière et par Geoffroy Bodard, tailleur de pierre portingalais.  En amont également, il a fallu trouver des sous. Ce projet coûtait 42 000 €. Le Conseil Général, la Communauté de Communes, la commune des Portes, la Fondation du Patrimoine, la Fondation des Banques Populaires, des dons d’adhérents de l’A4P et de particuliers, ont permis de voir son aboutissement.

Flash code de l'association A4PLe numérique prend de plus en plus d’importance dans nos vies. L’appli mobile est destinée aux touristes. Mais pas seulement. Bien des habitants de l’île de Ré ne connaissent pas toujours l’histoire de leur patrimoine, il fait partie du décor de la vie quotidienne et on n’y prête guère attention. Les scolaires devraient aussi y trouver leur compte et assimiler ainsi un peu du passé de leurs aînés. En complément de cette appli de l’office de tourisme des Portes, l’A4P a créé un site internet : www.a4p-re.fr. Il répertorie les actions menées et à mener. Sur la façade de l’office de tourisme, on peut même s’y connecter au moyen d’un flash code. Quand modernité et tradition se conjuguent…

L’A4P a été créée en 1985 par Simone Benech. Son président actuel, Alain Bidard, a rappelé : « L’association a pour but de maintenir visible et en état ce qui fait la valeur patrimoniale de notre village, de prendre notre part dans le développement durable et dans la responsabilité sociétale. A ce titre, nous travaillons de préférence avec des associations de réinsertion sociale. L’A4P a mené jusqu’à lors deux grands projets : la reconstruction de la maison de la dune, et les 24 puits communaux.  Deux autres sont à l’ordre du jour : la réhabilitation de l’unique pigeonnier du village, plus que centenaire, et la reconstruction de l’écluse à poissons du Trou d’cheu ».

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Je me suis également laissée dire que les puits des Portes-en-Ré devraient faire l’objet d’un livre, qui raconterait leur histoire et les anecdotes de ces recoins de village.

En vidéo, voici les motivations de l’A4P, et un avant-goût de la balade, pour ceux qui prévoient de la faire. Il faut vraiment se laisser porter au gré de ses si jolies ruelles et venelles qui portent des noms évocateurs : venelle du Bout du monde, venelle du Rêve, venelle des Fleurs, ruelle des Saltimbanques, venelle des Rossignols, ruelle des Bergeronnettes,  venelle de la Gondole…

Et si le coeur vous en dit, d’autres puits communaux restaurés par l’A4P sont à découvrir ailleurs qu’au centre des Portes : à Trousse-Chemise, à la Rivière et aux Fontaines.

 

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