Après avoir publié l’article sur l’enseigne de l’usine de soude de varech à Saint-Clément des Baleines, Agathe Aoustin, chargée de mission inventaire au service Patrimoine de la Communauté de Communes, m’a apporté quelques informations complémentaires à propos des usines qui existaient en bord de littoral au nord de l’île de Ré.
Un dossier succinct existe aux Archives départementales sur une autre usine : celle établie en 1865 par le sieur Mercier-Bocard.
Le document est extrait de la délibération du Conseil d’Hygiène et de Salubrité Publique, en date en 4 mars 1865. Il convient de noter qu’à cette date Ars et Saint-Clément étaient encore une seule et unique commune.
» Monsieur le Président soumet ensuite au Conseil les pièces relatives à la demande formée par le sieur Mercier-Bocard demeurant au Griveau (Ars) à l’effet d’être autorisé à établir sur la côte Ouest de la commune d’Ars, en face du village du Gillieux, une usine pour la fabrication de la soude de varech.
Bien que le projet ait soulevé un grand nombre d’opposition de la part des habitants de la susdite commune, attendu que la fumée de varech en combustion, épaisse et grasse, s’élevant difficilement au dessus du sol, oxyde les ferrures des habitations qu’elle atteint et communique une odeur nauséabonde aux fruits, herbages, céréales et vignobles sur lesquels elle se répand. Le Conseil est d’avis qu’il y lieu de faire droit à la demande du sieur Mercier-Bocard, mais à la condition expresse que cet industriel ne s’écartera pas des engagements qu’il a pris par sa lettre en date du 8 avril 1861 adressée à M. le Préfet du Département, c’est-à-dire que l’usine en question sera placée à plus de 700 mètres des habitations, sur la langue de terre appelée la Bréchée de la Grande Salle et qu’elle ne fonctionnera que quand les vents souffleront de l’Est au Nord pour que la fumée soit chassée vers la mer « .
Le terrain où cette usine a été installée figure avec un point rouge sur la carte ancienne. Il existait deux usines à soude à proximité : celle de Monsieur Pentecôte et celle de Monsieur Massé.
Apparemment ces informations ne semblent pas pas concerner l’enseigne qui a été restaurée par le Musée Ernest Cognacq. Le nom des propriétaire indiqué est Mélié et Bernard, elle aurait tourné de 1901 à 1914 et elle fournissait de l’engrais marin.
Imaginez-vous ce que devait être cette concentration d’usines de soude de varech en front de mer, à la fin du 19ème siècle. Entre odeur nauséabonde et nuisances environnementales…