Gagner la régate de la Coupe du monde des Cazavants n’est pas symbolique. A l’île de Ré, chaque été depuis 51 ans, les équipages de cazavants, fans de voile, cherchent à décrocher le fameux titre.
Le 11 août 2018, dans le Fier d’Ars, Col Ant au Cap a pour la 4ème fois remporté l’épreuve après ses victoires de 2006, 2014 et 2015. Il ne lui reste plus qu’à broder fièrement une 4ème étoile sur le T-shirt rouge de l’équipage !
La coque du bateau est rouge, comme le T.shirt. Bravo à la famille Charron !
La régate 2018 a vu s’affronter quinze voiliers, douze cazavants et trois grands dériveurs. Depuis deux ou trois ans, les bateaux sont de plus en plus nombreux à participer à ce championnat mythique. 
Le 11 août, douze cazavants sont donc au départ.
Dont neuf, avec une coque polyester : Col Ant Au Cap, Panache, La Joconde, P’tit Grain, Rhéa, P’tit Moine, Pepino III, Laetitia et Yet.
Et trois en bois, dont il ne reste plus que quelques spécimens : la yole cazavant Grain de Sel, le grand cazavant, Jeannette Roger et un cazavant classique Corbejeau.
Trois grands dériveurs sont aussi dans la course, mais classé dans une autre catégorie : un Morgann Drôle I, un Aloes 18 Fier Allure III, et un bateau inspiré du Cazavant Esse 78.
Le spectacle des voiles sur l’eau est toujours magnifique, un régal pour les yeux.
La régate est organisée par le CNAR (Cercle Nautique d’Ars-en-Ré). Ce jour là, les conditions sont excellentes : pleine mer à 17h53, coefficient de marée de 103, un vent, Nord-Ouest force 2-3, et un ciel bien bleu.
Le parcours est prévu en deux tours, sauf si au dernier moment la météo se met à faire des caprices.
La ligne de départ se situe du côté du Martray. Les bateaux doivent se diriger vers la bouée verte qui marque l’entrée du chenal du Riveau aux Portes. Le premier retour se fait sur la bouée crayon du départ, que les bateaux doivent laisser à tribord. Au second tour, les bateaux se dirigent vers Lilleau des Niges, puis retour sur la bouée crayon, qui constitue l’arrivée intermédiaire entre les deux manches.
Pour la seconde manche, l’arrivée finale se fait au ponton de l’école de voile.
Le briefing avant la course est toujours un grand moment… Jean-Pierre Patrucchi, du CNAR, commissaire de la régate, doit répondre à toute vitesse aux questions qui fusent et aux nombreux commentaires des équipages.
La régate est bon enfant, mais toujours imprévisible dans son déroulement. Celle de cette année, n’a pas failli à la tradition. Le premier départ donné à 17h04, est annulé, le chronomètre du smartphone du Comité de course n’a pas bien fonctionné. Les bateaux ont mordu la ligne, alors que le coup de trompe n’était pas donné. Désolé, mille excuses, il faut recommencer… Heureusement les équipages font preuve de compréhension et de bonne humeur. A 17h13, un nouveau départ est donné. Et une heure plus tard, la deuxième manche à 18h37.
Chaque équipage classé reçoit un sac plein de cadeaux. Les lots ont été gentiment offerts par les commerçants et restaurateurs du village, que Isabelle et Bernard Gau-Verdon, membres du CNAR, sont allés solliciter.
Au classement général des deux manches, Panache, cazavant coque polyester, prend la 2ème place. C’est un habitué du Fier et chaque année il participe au championnat. Bravo donc au vice-champion 2018, et à l’équipage des familles Ducharme et De Quercize.
A la 3ème place, le cazavant coque polyester La Joconde. Il a l’habitude de prendre un bon classement. Il est reconnaissable à sa coque bleue et au chiffre 11 sur sa voile.
A la 4ème place, le cazavant P’tit Grain, coque polyester, de la famille Gaget.
A la 5ème place, le cazavant Rhea, coque polyester, skippé par Bertrand Dupic. De loin, on reconnaît le bateau à son fanion noir. Il faut avoir de bons yeux pour identifier chaque cazavant. Leurs noms sont inscrits sur la coque et pas sur les voiles, et très rarement ils portent un numéro.
A la 6ème place, le cazavant P’tit Moine, coque polyester. Lui aussi est un habitué du championnat.
A la 7ème place, la Yole cazavant en bois, Grain de Sel, de la famille Gaget. Un très beau bateau qui fête allègrement 80 ans cette année !
Lors de la remise des prix, Eric Gaget a rappelé l’histoire de ce bateau en bois. “ En 1937, mon grand-père paternel Lucien Gaget, habitait au Martray. Il a commandé une yole, armée de deux paires d’avirons, à Gaston Cazavant, qui était installé sur la cale du port d’Ars. Elle n’avait pas de mât, c’était une grosse barque, pointue aux deux bouts. La famille allait pêcher au filet devant le Martray. Une photo témoigne de la mise à l’eau du bateau, le 15 août 1938. La yole a déjà été restaurée par deux fois. Les bordés sont aujourd’hui un peu fatigués, mais 80 ans après, elle tient toujours. C’est le premier bateau construit par Gaston Cazavant. Ensuite il a réalisé les cazavants en bois dans les années 47-48. Que ceux qui en ont encore, les maintiennent en état, ça peut tenir 80 ans ! ”.
Il a remercié le CNAR “ un lieu auquel la famille est très attachée. Mon grand-père maternel, Jean Ballaresque, en a été un des fondateurs. Longue vie aux membres…”.
Le président du CNAR, Pierre Moreau, a remis à Marie-Jo Gaget une aquarelle de l’artiste peintre Canard, représentant le fameux Grain de Sel.
A la 8ème place, Pepino III, un cazavant polyester, bateau de la famille Carloni. On le reconnaît de loin à son liston jaune et à sa voile marquée 000. Chaque année, il est fidèle au championnat. Il participe vaillamment, sans chercher l’exploit, juste le fun.
A la 9ème place, Corbegeau, cazavant en bois. Ce bateau date de 1967, il a donc 51 ans. Autrefois il a appartenu à la famille Bellet, il est aujourd’hui le bateau de Sabine Franel.
Les cazavants en bois que l’on peut encore voir sur le plan d’eau du Fier se comptent sur les doigts des mains. Ces embarcations nécessitent un entretien particulier. L’hiver dernier de nombreux passionnés sont allés admirer de près Corbejeau, posé sur la cale du port d’Ars, lorsque sa coque rouge a fait l’objet d’une belle rénovation.
Le cazavant Yet, coque polyester, a souvent été en tête. Il aurait dû logiquement faire partie des premières places du classement. Mais non, il est disqualifié pour, à deux reprises, n’avoir pas viré la bouée du bon côté. Dommage, la récidive ne paie pas… Il a déjà été champion du monde en 2000.
Le cazavant coque polyester, Laetitia est lui aussi disqualifié. Il a omis un tour dans la seconde manche… C’était sa première participation à la régate. Michel Marbeuf, son nouveau propriétaire, l’a trouvé il y a quelques mois sur internet et il est allée le récupérer à Vannes. Avec sa voile rouge, il est bien identifiable.
Le seul grand cazavant en bois, Jeannette Roger, amarré à la Patache aux Portes, a abandonné au cours de la seconde manche. Il prenait pas mal d’eau par le puits de dérive, son point faible. Le bateau est pourtant bichonné, chaque hiver, par la section rétaise de BTLG.
Dès le départ, les écarts se sont creusés. Les premiers réalisent les manches en 40 minutes. Les derniers en une heure. Il est vrai que les bateaux en bois sont plus anciens, plus lourds et vont moins vite. Mais tous les équipages s’amusent bien et apprécient ces moments bien sympas !
Ils étaient trois dans la catégorie grands dériveurs.
Un Aloès 18, gagne la 1ère place. Son nom : Fier Allure III. C’est la toute première fois qu’il participe à la régate. Il mesure 5,50 mètres. Le bateau file vite, très vite. Il est en contreplaqué expoxy, à bouchains, avec des renforts de coque en carbone. Son mat est en aussi carbone. Ce bateau été conçu par l’architecte naval, Antoine Mainfray. Une petite série, construite près de La Rochelle, a d’ores et déjà été lancée il y a deux ans.
A la 2ème place des dériveurs, un Morgann. Son nom : Drôle 1. C’est sa première participation, Romain Villeneau l’ayant récemment acquis. Sa coque profilée, de couleur bleu ciel, glisse magnifiquement dans l’eau.
A la 3ème place, dans la catégorie dériveurs, un bateau inspiré du cazavant, ESSE 78. “ Quand notre vieux Cazavant, qui s’appelait déjà ESSE 78, a rendu l’âme, nous avons récupéré tout ce qu’on pouvait, et nous avons fait fabriquer un nouveau bateau par Jacques Audoin. Il l’a transformé en faux cazavant, mais en vrai régatier ! ” a expliqué M. Lucas, son propriétaire, à la remise des prix.
En vidéo, voici quelques images des départs des deux manches et de l’anniversaire des 80 ans de la Yole cazavant, Grain de Sel :
Pour le bon déroulement de la régate, plusieurs bénévoles s’étaient mis à la disposition du club, en particulier pour les marques fixes de passage de bouées. Quant à la sécurité, elle était assurée par Margot monitrice au CNAR, assistée de Pierre, sur le Zodiac.
Ce même jour, exceptionnellement, avait également lieu le Rallye du Fier. L’épreuve est ouverte à toutes sortes d’embarcations. Il n’y a pas de classement. Néanmoins, chaque participant doit rapporter des “ trophées ”, posés par le CNAR à différents points du Fier.
Des cordelettes ont été mises sur une bouée flottante au chenal du Riveau, aux Portes. Ça, c’est relativement facile… Par contre des galets estampillés 2018 ont été placés sur le sable de la mini plage du Martray, ce qui signifie qu’il faut descendre de son embarcation, puis monter sur la digue, plutôt raide, avant de pouvoir les récupérer. Une épreuve ludique, mais sportive…
Onze embarcations ont concouru. Deux Laser, quatre TOPAZ 14, un Tofinou, un 420, un cazavant, et deux paddles. Le départ a été donné 1/4 d’heure après celui de la première manche de la régate des Cazavants et grands dériveurs.
Le 11 août, il y avait du monde sur l’eau ! Pas seulement pour concourir, juste pour le plaisir, ou bien pour venir saluer et encourager les participants aux deux régates.
Rendez-vous l’année prochaine !
