La Maline, la salle de spectacles de l’île de Ré, à La Couarde, va peut-être enfin faire peau neuve.
Lors du conseil communautaire du 28 mai, les élus se sont prononcés unanimement pour le projet de réhabilitation et d’extension. Les Rétais en entendent parler depuis six ans ! La maquette présentée ce jour-là a montré que les choses étaient en phase de concrétisation, même si la proposition peut encore évoluer.
Notre Maline actuelle a fêté ses 20 ans en décembre 2013. Elle est incontestablement vétuste et trop petite. « Sa configuration apparaît inadaptée pour développer une véritable politique culturelle sur l’île de Ré. L’accueil et l’accessibilité doivent également être revus pour être aux normes » a souligné Patrick Rayton, vice-président de la Communauté de Communes, en charge des bâtiments, et également maire de la Couarde.
De 600 m2, elle va passer à 1000 m2. Afin de parvenir à l’agrandissement souhaité, en 2011, la CDC a acquis le restaurant qui la jouxtait il y a quelques années,
L’équipement actuel ne dispose que d’une unique salle de 280 places. A l’avenir, il y en aura deux. Celle existante, sera dédiée aux spectacles. Elle sera entièrement repensée et passera à 300 places. Les fauteuils sont usés, et peu confortables. Y êtes-vous déjà restés assis trois heures durant ? Pas facile de s’extraire des sièges lorsque les genoux sont restés pliés sans pouvoir bouger ! Le projet prévoit que le confort du spectateur sera largement amélioré. Tant mieux… Les sièges seront fixes. La scène sera réorientée et agrandie pour accueillir les spectacles de danse. La partie technique et les loges d’artistes sont positionnées à l’arrière des gradins.
Les personnes à mobilité réduite auront accès à la salle via un ascenseur. De même les retardataires pourront l’utiliser sans déranger le début des représentations. Une sortie supplémentaire est prévue rue du Peux des Hommes.
Dans la partie basse, à gauche, une deuxième salle sera créée. Elle sera plus spécifiquement dédiée au cinéma, et comportera 120 places.
Pourquoi deux salles ? Lorsque des artistes sont en répétition ou en résidence à la Maline, l’équipe de La Maline jongle véritablement, voire fait des tours de passe-passe, entre spectacles et cinéma. Les deux salles vont pouvoir les accueillir concommitamment. Chaque année La Maline propose une cinquantaine de représentations de spectacles vivants, et 200 films sont projetés à raison de 4 à 6 séances quotidiennes.
Le hall d’accueil sera aussi agrandi. Avant les représentations, lorsqu’il y a du monde, on est bien souvent bousculé et serré, et le public déborde sur le parvis. Le nouveau hall permettra de faire également meilleure place aux expositions temporaires.
L’accès à La Maline se fera par là où se situait l’ancien restaurant. Ce local est situé dans une co-propriété. En septembre, le projet détaillé sera bien évidemment soumis aux co-propriétaires lors de leur prochaine assemblée générale, pour validation. Cette partie abritera également la structure administrative, avec des bureaux plus vastes et mieux adaptés pour l’équipe en place.
L’architecture extérieure doit s’intégrer au contexte environnant. Le bâtiment reste en retrait de la rue avec une esplanade. La hauteur ne sera pas plus haute que celle d’aujourd’hui.
Depuis 2011, date de début du projet, les étapes ont été longues et compliquées, devant intégrer une multitude de critères : architecture, fonctionnalité, environnement, personnel qui y travaille, budget… La CDC a fait appel à un programmiste pour réaliser les analyses en amont et le rapport avant la définition du cahier des charges destiné aux architectes.
Patrick Rayton a précisé : « En 2012, il a été décidé de procéder par dialogue compétitif : le projet évolue par discussions entre l’architecte et les groupements de prestataires retenus, de façon à le faire avancer par étapes successives, en tenant compte des objectifs fixés. L’outil Maline est complexe, l’aspect technique est difficile à maîtriser ».
63 candidatures de groupements d’architectes et de bureaux d’étude spécialisés ont été reçues, suite à la procédure d’appels d’offre. La Commission ad-hoc en a pré-sélectionné quatre, qui correspondaient bien au cahier des charges, qui précisait, entre autres, qu’une partie du bâtiment devait être conservée. Puis, en mai 2013, seuls deux ont été retenus pour la sélection finale.
Est venu se greffer le futur PPRL (Plan Prévention des Risques Littoraux) ! En juin 2013, le dossier a été suspendu dans l’attente des cartes de l’Etat et de celles de la CDC. Six mois après, en novembre 2014, les cartes de l’Etat (Xynthia + 60) ont considéré que le bâtiment était en zone d’aléa modéré, alors que pour la CDC il n’y avait pas de risques à cet endroit.
En février 2015, des esquisses et des maquettes ont été demandées aux deux candidats pour mieux se rendre compte de ce que serait l’ensemble du site. « Les deux groupements d’architectes ont été auditionnés, ils ont présenté des projets bien différents. En mars 2015, le choix de Commission d’appel d’offres s’est porté prioritairement sur le fonctionnement technique de l’outil et l’exploitation du bâtiment. Le projet du l’équipe composée de Blond et Roux Architectes, Architecture et Techniques, Altia et Betom Ingenierie a été donc été retenu. En outre, l’Architecte des Bâtiments de France (ABF) s’est positionné pour leur projet, même si l’autre présentait des points forts » a indiqué Patrick Rayton. Toutefois une prime de 30 000 € a été octroyée au projet non retenu, pour la réalisation des maquettes et des esquisses.
Le conseil municipal de la Couarde a déjà été sollicité pour avis. La CDC souhaite déposer le permis de construire en fin d’année 2015. « Il faudra ensuite compter huit mois pour l’instruction, les recours éventuels et le contrôle de légalité de l’Etat. Si tout va bien, au printemps 2016, les consultations pour les marchés de travaux pourraient être lancés. Et les travaux pourraient débuter à l’automne 2016. L’objectif est une livraison fin 2017 ».
Le 28 mai, l’équipe de La Maline a suivi attentivement la présentation du projet, et s’est dit ravie.
Catherine Wojcik, sa directrice affirme : « Il prend en compte le confort du spectateur, la circulation dans l’établissement, mais aussi nos préoccupations quotidiennes, la logistique de travail, le confort du personnel. Que ce soit pour la partie administration, les espaces, l’accueil pour les régisseurs maison et ceux en tournée, tout est fait pour faciliter la vie de tout le monde. C’est rare ! ».
Pour la partie bâtiments, le budget des travaux estimé à 2 950 000 € + 900 000 € pour l’aménagement intérieur, notamment la scénographie, soit un total de 3 850 000 €.
Si la nouvelle Maline voit le jour en fin 2017, six ans seront passées entre le début de la réflexion et la réalisation. Espérons qu’il ne nous reste plus que deux années pour la pratiquer en vrai. Toute l’année la salle est très fréquentée, les spectacles sont de qualité, et les derniers films sortis projetés. L’ARDC (Association Rétaise de Développement Culturel) qui gère la Maline comporte environ 1 200 adhérents, c’est dire le succès…