Si vous appréciez les ânes, c’est le moment d’aller découvrir la nouvelle exposition temporaire que le musée Ernest Cognaq propose depuis quelques jours. Une expo charmante, intéressante, et de surcroît fort drôle.
Au début du 20e siècle, l’animal participait au dur labeur sur les bosses de marais et dans les vignes.
Aujourd’hui, il est devenu un emblème de l’île de Ré. Il figure sur toutes sortes d’objets, achetés comme souvenirs ou cadeaux.
Ils sont plusieurs à avoir apporté leur patte à la mise au point de cette expo originale et créative. La scénographie est soignée, les illustrations directement peintes sur les murs sont joyeuses, les textes délivrent beaucoup d’informations, des images nous font plonger dans un passé pas si lointain que ça.
« Têtu comme un âne. S’il y a bien une expression erronée concernant l’âne, c’est celle-ci. L’âne n’est pas un animal têtu, c’est un animal réfléchi » indique un panonceau. Oui, on veut bien le croire ! Quand il ne veut pas avancer, il a sans doute une bonne raison… Néanmoins, il est dit docile et au pied dur.
Pourquoi et comment les Rétaises sont-elles venues à habiller leurs ânes lorsqu’elles allaient dans les marais salants et dans les vignes ? A leurs dépens, elles avaient constaté que les moustiques et les herbes de l’île ne sont tendres ni avec les humains ni avec les animaux. Les vieux vêtements : tabliers, jambes de pantalons et bras de chemises, ont contribué à la légende de l’âne en culotte, telles que les cartes postales d’époque les figurent. Autant de photos, autant de témoignages de ce passé révolu, mais qui plaît tant.
L’expo rend aussi hommage aux compagnons de labeur, comme le cheval de trait ou le boeuf.
On y apprend aussi ce qu’était une basse de vendange, un tonnelet de bois aplati sur un des côtés pour s’adapter au flanc de l’animal et fixé sur le bat. Les textes sur les murs racontent des anecdotes, telles les traversées en bac, au retour des foires du continent où l’on achetait les ânes rustiques pour les travaux des vignes et des marais. Et encore une foultitude de choses…
Le 6 avril, jour du vernissage, Julia Dumoulin-Rulié, directrice du musée Ernest Cognaq, a commenté :
« Le thème de l’âne était intéressant à traiter pour le musée. A l’île de Ré, cet animal a été principalement présent au cours du 19e siècle. Dès le début du 20ème siècle, on le voit apparaître sur les cartes postales. Il fait partie du type rétais.
A travers l’évolution de l’âne sur l’île, tous les grands bouleversements qui ont marqué l’île se retrouvent en filigrane. Après la seconde guerre mondiale, la décroissance des activités agricoles et l’essor du tourisme, ont fait que sa présence physique est devenue de plus en plus rare. Alors que parallèlement l’âne figure sur les documents d’iconographie que le musée a classés.
On doit à la famille Léau la réapparition de l’âne à la fin des années 70, avec l’élevage des baudets du Poitou installé dans les remparts de Saint-Martin. Certains ont même été primés. C’est un important travail de sauvegarde qui a été mené, car la race a failli péricliter. Sur le continent d’autres éleveurs, l’association la SABAUD, et l’Asinerie de Dompierre-sur-Boutonne sont animés de la même passion. Ces ânes ont une belle sature. Le mariage entre les baudets du Poitou et Saint-Martin est une union très harmonieuse. Ils participent à l’image de la ville, ils y trouvent là un environnement propice à leur développement. Pourvu que cela dure, car aujourd’hui les ânes sont un peu victimes de leur succès ».
Prunelle accueille les visiteurs. Dès l’entrée, elle vous saisit dans sa véracité. Cet âne est un spécimen naturalisé, aimablement prêté par le muséum d’Histoire Naturelle de La Rochelle.
On a envie de la caresser, mais non… Il est rappelé de ne pas la toucher et de ne pas nourrir ses congénères dans les remparts de Saint-Martin, sinon risque de mort. C’est malheureusement ce qu’il est arrivé, ces dernières semaines, à Sirène, une des ânesses de Régis Léau, qui en plus était pleine.
L’éleveur rétais s’est dit ému et flatté de se retrouver au musée :
Aujourd’hui ses ânes assurent des promenades dans le parc de la Barbette à Saint-Martin, et on les voit pâturer sur les glacis des remparts.
Si vous envie d’une bonne partie de rigolade, n’hésitez pas à passer vos visages dans les trous d’un fac-similé d’époque. Tirez-vous le portrait, afin de plonger dans l’ancien temps.
Pour découvrir l’exposition, c’est tout simple, il suffit de suivre les pas de l’âne. Elle est en place jusqu’en septembre 2016.
Et si vous avez envie d’en savoir encore plus sur le Cheptel rétais du XVe au XXe siècle, un dossier spécial des Cahiers de la Mémoire vient d’être édité à l’occasion de l’expo du musée. Jacques Boucard a retrouvé des textes écrits par Pierre Tardy, à partir des recherches que l’historien avait faites dans les archives de l’île de Ré. Un document passionnant, illustré, et instructif. Cet opuscule, véritable collector, est en vente au musée Ernest Cognaq.
En parallèle de l’exposition, le musée organise des ateliers destinés aux familles et aux enfants. Voici le programme des prochains jours :
Effectivement, comme il est écrit dans l’expo : A star is born !