Qu’est ce qui pèse 2,740 kg ? Qui a nécessité 10 ans de travail et de recherches. Qui comporte 2,7 millions de caractères et qui se compose de 11 chapitres. Qui englobe 760 pages et 522 illustrations. Qui a été tiré à 2 500 exemplaires. Qui a été écrit par 3 principaux contributeurs, et d’autres encore, faisant autorité dans leur discipline.
La réponse est : L’histoire de l’île de Ré, des origines à nos jours. Vous l’avez sans doute compris, c’est un livre-référence qui vient de naître.
A peine édité par le Croît Vif, il remporte déjà un vif succès.
Certes, ce livre n’est pas un livre de chevet, mais pourquoi pas ! Ni un roman que l’on dévore en 24 heures. Il faut prendre son temps pour le découvrir, pour l’apprivoiser, pour comprendre comment en tirer moults informations, à partir de questions que l’on peut se poser à propos de l’île de Ré. Il est dense, c’est le moins que l’on puisse dire.
Les trois signataires du livre, Jacques Boucard, Mickaël Augeron, et Pascal Even ont mené un véritable travail de fourmis-archivistes, en vérifiant scrupuleusement toutes les informations qui y figurent.
A l’île de Ré, tout le monde connaît (ou presque) Jacques Boucard. Lorsque je m’interroge sur le patrimoine ou l’histoire de l’île, j’interpelle Jacques. Il connaît beaucoup de choses. Et quand il ne sait pas, il se rend sur place, enquête, apporte des réponses. Il est toujours curieux et en éveil. Merci beaucoup Jacques pour tout ce que tu nous fais régulièrement découvrir.
Jacques Boucard est docteur en histoires et civilisations. Il a fondé les Cahiers de la Mémoire. Il a écrit, ou participé, à tout plein de livres qui font référence : Les écluses à poissons de l’île de Ré (1980), La tempête Xynthia face à l’histoire (2011) et Xynthia, ou la mémoire retrouvée (2014).
Il est à l’initiative de cette importante publication. Il explique la genèse de ce projet à étapes : « Le projet est très ancien. En 1978, avec Pierre Tardy, nous avons pensé qu’il fallait sortir un ouvrage qui puisse remplacer le Kemmerer, lequel datait de 148 ans. Ouvrage de référence à son époque, il avait vieilli et entre-temps la recherche historique avait avancé. Pierre et moi-même, chacun de notre côté avons écrit un sommaire, puis nous les avons réuni. Nous avons constaté que pour 90 % des sujets, nous n’avions aucune information ! S’engager dans un tel ouvrage historique n’était pas envisageable. Nous avons alors lancé les Cahiers de la Mémoire. Dans chaque numéro de la revue, nous avons abordé un thème différent. Au fil du temps, nous avons cumulé des opuscules, avec pour objectif la sortie d’un livre. Pierre Tardy a été malade, puis il est malheureusement décédé. Et le projet est tombé à l’eau.
Un jour j’ai reçu un coup de fil de Pascal Even. Il était en contact avec Jean Combes, historien et maire de Saint-Jean d’Angely, lequel avait pour projet de sortir une synthèse de l’histoire de l’île de Ré. Il souhaitait constituer un collectif d’auteurs. Il a convaincu tout de suite les Editions du Croix Vif.
En 2002, l’équipe s’est constituée autour d’historiens chargés d’un ou plusieurs chapitres : Gérard Blier, pour la partie Géologie. José Gomez de Soto, directeur de recherche au CNRS, a écrit le chapitre consacré à la Préhistoire, il est la référence en la matière en Poitou-Charentes. Pierre-Philippe Robert a écrit la partie Gallo-Romaine ».
Pascal Even est paléographe, directeur en histoire moderne à Paris IV-Sorbonne. Il est aussi conservateur général du patrimoine, ex directeur des Archives départementales de La Rochelle, il est aujourd’hui directeur des Archives diplomatiques.
Il est auteur de plusieurs publications sur l’histoire locale, notamment une Histoire des hôpitaux d’Aunis et Saintonge sous l’Ancien Régime (2002).
Mickaël Augeron est maître de conférences en histoire moderne et contemporaine à l’université de La Rochelle. Il dirige les formations Patrimoine et Tourisme.
Il a rédigé ou coordonné une quinzaine d’ouvrages dont Les Huguenots et l’Atlantique (2 volumes en 2009 et 2013) et La Rochelle, l’Aunis et la Saintonge face à l’esclavage (en 2012).
« Nous avons travaillé à partir de la documentation que nous avait laissée Pierre Tardy à travers les Cahiers de la Mémoire, et même parfois à partir de pièces manuscrites inédites.
En outre, plusieurs personnes ont travaillé sur des points particuliers figurant dans des encadrés, qui agrémentent et coupent le fil du texte : Julia Dumoulin-Rulié, directrice du musée Ernest Cognaq. Pierre-Emmanuel Augé, il travaille aux Archives départementales. Christophe Bertaud, il travaille aux Archives de la Chambre de Commerce. Albert-Michel Luc, il a fait sa thèse sur les naufrages en Aunis, et notamment ceux sur l’île de Ré. Jean-Louis Mahé, responsable du fond patrimonial à la médiathèque de La Rochelle. Jean Renaud, universitaire à Caen, linguiste et originaire des Portes-en-Ré ».
Toutes ces prestigieuses signatures sont gages de la qualité éditoriale qui a animé l’équipe…
La forme du livre actuel n’est pas celle que les auteurs avaient imaginée en 2002. Jacques Boucard nous fait rentrer dans les coulisses de sa réalisation : « Le livre, tel que nous l’avions conçu, ne comportait pas autant d’images. En quelques années les techniques d’impression ont fantastiquement évolué grâce à l’arrivée du numérique. Editer un ouvrage en couleurs avec beaucoup de documents ne coûte aujourd’hui pas plus cher qu’en noir et blanc.
Les 522 illustrations sont en majorité des documents inédits ou peu connus. L’iconographie du livre est riche. Grâce à l’aide apportée par le musée Ernest Cognaq, qui possède un abondant fond documentaire, notamment des cartes du 17e et 18e siècle, et grâce au fond patrimonial de la médiathèque de La Rochelle et aux Archives départementales. Nous avons aussi fait appel à Julie Guitard, qui a réalisé les cartes à l’intérieur de l’ouvrage.
Les cartes postales sont issues de collections personnelles telle celle, très étoffée, d’André Diedrich. François Blanchard, photographe, a aimablement et gracieusement autorisé la reproduction de ses photos, dont celle de la couverture du livre. Grâce à ces partenaires, que nous remercions, nous avons pu limiter le coût des droits de reproduction »
Quand on feuillette l’Histoire de l’Ile de Ré, on se rend bien compte de tout cela. Même si les textes sont denses, ils sont agrémentés d’illustrations qui complètent les informations. L’ouvrage est accessible dans sa lecture, et pas du tout ennuyeux.
Il est vendu 45 €. C’est déjà un coût, mais finalement si vous divisez son prix par le nombre de pages, ce n’est pas grand chose ! Non, bien sûr ce calcul n’est pas à faire ! Le livre est à la fois un investissement, une reconnaissance du travail mené depuis 30 ans par les auteurs, et quand vous le touchez c’est un morceau de patrimoine rétais que vous avez en mains.
Jacques Boucard parle d’un prix de vente prévisionnel qui aurait pu être de 100 ou 110 € si Lionel Quillet, président de la Communauté de Communes n’avait pas dit banco lorsque Jacques est venu le trouver. « Je tiens à remercier la CDC sur les pré-achats qu’elle a effectués. Cela nous a permis de sortir l’ouvrage, et de caler un prix plus raisonnable. Ceci a aussi déclenché la participation du Département et de la Région. Sans les collectivités publiques, nous n’aurions pas pu éditer cet ouvrage.
En plus, le président de la CDC a accepté que ce livre bénéficie du label Pays d’Art et d’Histoire. C’est la première fois. C’est important pour nous, car c’est la reconnaissance de la qualité du livre par rapport à son territoire. C’est aussi un élément important lorsqu’on le présente ».
Le livre est préfacé par Lionel Quillet. « L’histoire de l’île de Ré est passionnante. Elle permet de comprendre toute la fragilité et la complexité de ce territoire, en quête d’un équilibre permanent entre développement et préservation de l’exception insulaire. Elle explique en grande partie l’existence d’une identité forte, encore bien vivante aujourd’hui. Cet ouvrage constitue un outil formidable pour la diffusion et la valorisation de notre territoire. Je vous invite, à le découvrir sans attendre ».
Lors du lancement officiel, le 9 avril, dans les locaux de la Communauté de Communes à Saint-Martin, la joie et une certaine forme de fierté, bien légitimes, se lisaient sur les visages.
L’ouvrage est édité par le Croît Vif, maison d’édition charentaise. François Julien-Labruyère a rapidement donné son accord. Puis Frédéric Mantienne, nouveau directeur, a repris le bébé : « Beaucoup de fées se sont penchées sur cet ouvrage. Il faut saluer l’important travail collectif quant à l’organisation du livre, et notamment la coopération éditoriale, grâce à l’appui apporté par la CDC, la Région et le Département. Et aussi grâce au collectif d’auteurs, car je sais la difficulté d’harmoniser le travail de nombreuses personnes pour arriver à un niveau de cette qualité. C’est un beau résultat, dont le Croît Vif s’enorgueillit ».
Ce livre n’est pas destiné à rester bien au chaud sur un rayon de bibliothèque. En tout cas, c’est le souhait des co-auteurs. « Des pistes de travail sont ouvertes » disent-ils. Ils aimeraient que des étudiants ou d’autres chercheurs s’en emparent, afin d’en connaître encore plus de l’histoire de l’île de Ré. Car, même si le territoire est petit, il y a encore beaucoup, leur semble-t-il, à découvrir.
Mickaël Augeron, l’un des trois co-auteurs souligne : « Ce livre a mis beaucoup d’années pour être publié. Nous avons validé tous les contenus scientifiques qui avaient jusqu’à présent édités sur La Rochelle et l’île de Ré. Nous nous sommes aperçus, qu’au fil des générations, bien souvent les auteurs recopiaient des contenus et donc recopiaient des erreurs. Nous sommes allés aux Archives, nous avons vérifié toute l’information qui se trouve dans le livre. Ce sont des milliers de pages anciennes qui ont été parcourues. Et nous avons ajouté des pans de recherche qui étaient méconnus sur l’île de Ré. Ce livre est aussi un instrument de travail. Des pistes ont été ouvertes. J’espère qu’il sera utile et qu’il donnera envie à des étudiants de partir sur d’autres horizons en matière de recherches, et donc d’autres diffusions par la suite ».
Effectivement, cela n’a pas dû être une mince affaire pour en arriver là.
Pascal Even, autre co-auteur, a remercié Jacques Boucard. « Vous n’imaginez pas ce que c’est pour un directeur de publication de coordonner un tel travail ! C’est grâce à la constance et la ténacité de Jacques que nous avons le plaisir de vous présenter ce livre. Des moments historiques mériteraient d’être encore développés. C’est un paradoxe pour les chercheurs de devoir s’arrêter, faute de temps de dépouillement des archives. je suis certain que ce n’est qu’un début pour une meilleure connaissance de l’île de Ré ».
Je vous propose de voir en vidéo, ce lancement « historique » :
Bravo et merci beaucoup à eux tous. Achetez ce livre, égoïstement pour vous-même, ou bien pour l’offrir à la famille ou aux amis. Il est destiné à tous ceux qui aiment et s’intéressent à l’île de Ré, de ses origines à nos jours.
Comme je vous l’ai dit, l’ouvrage se vend comme des petits pains. Tant mieux ! Je pense que les 2 500 premiers exemplaires n’y suffiront pas et qu’il devra obligatoirement ré-édité lorsque ceux-ci seront épuisés… ce qui ne saurait tarder.
Demain matin, dimanche 24 avril, Jacques Boucard fera une dédicace à Sainte-Marie, à la Maison de la presse place d’Antioche. Et mardi prochain 26 avril au matin, à Rivedoux, à la Maison de la Presse près de l’école. D’autres dédicaces sont bien sûr à venir.