La digue du Boutillon est à nous !

Après plus de trois années d’intenses travaux, la digue du Boutillon est ouverte au public. Voilà un joli cadeau de fin d’année 2016 aux Rétais !

Ile de Ré - Digue du Boutillon - 20 décembre 2016
20 décembre 2016.

Les travaux de reconstruction de la digue proprement dite se sont terminés début septembre. Pour autant, les aménagements autour n’étaient pas finalisés.

Je vous propose un petit retour en arrière sur les travaux de ces deux derniers mois.

LA VÉGÉTALISATION DE LA DIGUE.

Dans le langage chantier, on appelle cela le matelas végétal. Dans mon dernier post du 30 octobre, nous en étions à la pose d’une toile épaisse sur les trente centimètres d’un mélange terre/fumier.

Cinq plantes ont été choisies pour leur résistance en milieu maritime. Partons pour une petite leçon de botanique !

Ile de Ré - Digue du Boutillon - Plantations - 8 novembre 2016
8 novembre 2016.

Carex Arenaria, dite laîche des sables. C’est une graminée persistante, elle reste verte en toutes saisons.

Elle pousse bien dans le milieu sableux des dunes. Elle fleurit marron, de juin à septembre. Ses tiges souterraines sont minces, et elles rhizoment. La plante monte jusqu’à 50 cm.

 

Ile de Ré - Digue du Boutillon - Plantations - 8 novembre 2016
8 novembre 2016.

 

Frankenia, dite bruyère marine. Elle existe à l’état naturel chez nous. Elle est résistante aux embruns, sa feuille est serrée.

C’est une vivace, tapissante, couvre-sol. Elle fleurit rose en plein été. Ses rameaux atteignent 15 à 20 cm.

 

Ile de Ré - Digue du Boutillon - Plantations - 8 novembre 2016
8 novembre 2016.

 

 

Geranium Sanguineum, dit géranium sanguin. C’est une vivace couvre-sol, qui peut se développer jusqu’à 50 cm de haut.

L’espèce aime les sols secs, ses fleurs sont roses ou rouges carmin, de mai à l’automne. Sa croissance est rapide.

 

Ile de Ré - Digue du Boutillon - Plantations - 8 novembre 2016
8 novembre 2016.

 

Lotus corniculatus, dit lotier corniculé. C’est une vivace, basse.

Elle fleurit jaune orangé, de mai à septembre. Une particularité : les abeilles adorent ses sucs.

 

 

Ile de Ré - Digue du Boutillon - Plantations - 8 novembre 2016
8 novembre 2016.

 

Sedum acre, dite orpin âcre, ou poivre de murailles. C’est une vivace, adaptée à la sécheresse et aux embruns. Elle mesure 5 à 10 cm.

Elle aime le soleil et les sols ordinaires et pauvres. Vous la connaissez sûrement, elle se trouve à l’état naturel à l’île de Ré. Ses fleurs, jaunes ressemblent à de jolies étoiles.

 

Ces plantes proviennent de la pépinière Lepage, située dans le Maine-et-Loire. En amont, les espèces ont été testées. Il est sûr que pousser sur une faible épaisseur de terre n’est pas gagné d’avance. Le choix, plutôt long, a été validé par les équipes en charge des travaux de la digue.

Elles ont été mises en culture en octobre 2015, il y a un an. Début novembre les voilà prêtes à être plantées.

Les jardiniers de la digue sont les mêmes qui ont assemblé les ferrailles avant que le béton ne soit coulé. Ce sont également eux qui ont assuré l’empierrement côté mer. Ils sont polyvalents, mais c’est la première fois qu’ils font des plantations sur une digue en béton. Un labeur méthodique, qui demande de la patience…

Pendant quinze jours, non-stop, ils marquent des lignes de couleur, correspondant à chaque variété de plantes. Ils creusent et mettent en terre les godets. 1000 par jour en moyenne ! Et au fur et à mesure des plantations ils arrosent, afin qu’elles s’enracinent convenablement.

La longueur de la digue est de 700 mètres et sa hauteur de 3 mètres, ça en fait des trous et des trous. Ils gardent néanmoins sourires et bonne humeur.

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Au fil des jours, les plantes prennent racines. Déjà ressort le fétuque rouge qui a été semé précédemment. Ça pousse ! Il n’y a pas d’arrosage automatique, elles se débrouillent toutes seules.

Sur ce matelas végétal viendront très certainement s’intégrer d’autres graines, apportées naturellement par le vent ou déposées par les oiseaux. D’ici quelques années, la flore de la digue aura sans doute évolué.

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LE MURET DE RETENUE DES EAUX

Mi-novembre, en arrière de la digue, côté parking, un muret est construit. Son rôle : récupérer les eaux pluviales et les embruns marins éventuels. Ces eaux seront évacuées via un système de vannes en bout de digue, côté pas d’accès.

C’est une drôle de machine qui reçoit le béton, profile le muret et le lisse. Le travail est rapide. Mais encore une fois, comme cela a été le cas tout au long de ce vaste chantier, la finition est manuelle, à la truelle et à la pelle.

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LES VANNES ET LA PASSERELLE DE SÉCURITÉ

A l’extrême gauche de la digue, les vannes seront ouvertes pour chasser les eaux de récupération vers la mer, en cas de nécessité. C’est le gestionnaire de la digue, en l’occurrence la Communauté de Communes, qui en aura la charge, une fois la digue officiellement livrée.

Il va falloir composer avec le sable qui s’accumule, qui repart et qui revient, au fil des coefficients de marée et du vent. C’est incroyable d’ailleurs de voir l’évolution du sable, qui n’en fait qu’à sa guise…

Une passerelle permet d’accéder au pied de la vanne. Elle sera fermée au public, puisque utilisée par les équipes de sécurisation de l’ouvrage.

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DU CÔTÉ GAUCHE, UN TALUS D’ENROCHEMENTS

Les dernières palplanches sont évacuées fin novembre. Elles ont servi à protéger le chantier pendant les travaux, du côté de la plage du Moulin Brûlé. Désormais, cet accès est définitivement fermé, l’ancien chemin n’existe plus.

Pour terminer la digue, un talus d’enrochement se met en place en prolongement des protections déjà faites au Moulin Brûlé, dans l’urgence lors de la tempête de janvier 2014. Un empierrement, en gros cailloux blancs, fera barrage aux assauts de la mer, qui tape bien à cet endroit quand elle est déchaînée.

Une bêche, une tranchée, est profondément creusée dans le sable pour y intégrer les blocs de pierre. Géotextile et cailloux filtrants sont ensuite positionnés au fond du trou, afin de stabiliser les roches de calcaire blanc. En profondeur les enrochements sont à 3,50 m, et en surface ils sont de 4 mètres. Ça laisse de quoi venir, même si le sable bouge.

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Effectivement, il est aisé de constater que le sable a reconquis la plage du Moulin Brûlé. En deux ans, il a recouvert presque entièrement les rochers. On ne voit quasiment plus leurs crêtes qui étaient à vifs il y a encore peu de temps.

Le chantier a sans doute bouleversé l’espace alentour, les palplanches et les gabions qui protégeaient le chantier ayant fait épis. Dans les semaines futures, tout cela va se stabiliser. Néanmoins il sera intéressant d’observer le comportement de ce site.

Et  également, le musoir de la digue s’ensable et se désensable au gré des flots.

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LE TERRE-PLEIN

Une bonne épaisseur de terre, récupérée de l’ancienne digue, a été apportée et mise en place par dessus le sable. Les engins ont damé le sol. Le 21 décembre, des clôtures en bois sont scellées dans le béton afin d’encadrer le lieu. Seuls les piétons et les vélos peuvent y avoir accès.

Avant la reconstruction de la digue, il y avait là des tables de pique-nique. Elles seront réimplantées dans ce petit espace sauvage. A coup sûr, la végétation naturelle va à reprendre ses droits.

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LE PAS D’ACCÈS ET LES BATARDEAUX DE SÉCURITÉ

Le grand pas est l’endroit privilégié pour accéder à la digue et à la mer. En haut, des batardeaux ont été installés pour le cas où nous serions en alerte submersion.

D’un côté des batardeaux s’empilent manuellement les uns sur les autres. Et pour condamner le haut du pas, une sorte de longue porte en acier, peinte en rouge. Elle mesure douze mètres, elle pèse deux tonnes. Il n’y a pas que La Flotte qui dispose d’une porte de protection, le Boutillon aussi !

La mer n’a qu’à bien se tenir avec de telles défenses complémentaires. Il est à espérer qu’elle ne serviront pas souvent.

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Des reprises ont été faites ici et là sur la digue, des joints notamment. Ces petites anomalies avaient été signalées, lorsque les équipes ont, une nouvelle fois, fait le tour de la digue pour s’assurer que tout était OK.

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TROIS AUTRES ACCÈS À LA DIGUE

Outre le grand pas, deux passerelles avec escalier ont été installées pour monter sur le haut de la digue. Accessibles depuis le parking, elles sont situées à mi-chemin sur le corps de l’ouvrage. Elles ont été conçues, fabriquées et peintes, dans les ateliers de La Verchéenne, l’entreprise en charge du chantier.

Par contre, nous ne pourrons pas accéder à la mer par des escaliers, ainsi que c’était le cas autrefois. Côté mer, les escaliers sont excessivement raides, en raison de la courbure du saut de vague de la nouvelle digue. A plusieurs reprises, lors de mes reportages successifs, j’ai un peu eu le vertige… Les portes ne sont désormais accessibles qu’au gestionnaire de l’ouvrage, si besoin était. Leur étanchéité a été soigneusement étudiée.

Et sur la partie droite de la digue, du côté de l’épi du Martray, une rampe en béton permet un autre accès, bien tranquille, pour les piétons.

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Mi-novembre, les automobilistes sont informés que la circulation routière se fait en alternance. Ça y est, le démontage des barrières de sécurité débute. Tant mieux, cela veut dire que le parking va prendre forme, et que nous sommes dans l’ultime phase. Les accotements commencent à se profiler.

C’est fou comment, depuis plus de trois ans, les herbes se sont enchevêtrées dans les plots du bord de la route.

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LE PARKING

Une fois débarrassé des baraques de chantier et des engins, le parking paraît gigantesque. Des cailloux, récupérés de l’ancienne digue, ont été une nouvelle fois broyés et filtrés, pour se transformer en matériau de revêtement. Et la finition, comme d’habitude, se fait à la main et au râteau.

Pour garer les voitures, il va falloir faire attention. Parallèlement à la route, un fossé plutôt profond empêche le stationnement tout le long de l’accotement. Début janvier, des petites clôtures en bois devraient être installées par l’équipe du conseil départemental, qui gère les routes de la Charente Maritime.

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L’accès au grand parking se fait depuis le bas du pas de la digue. Des portiques et de grosses pierres blanches ont été posées, afin de circonscrire le site.

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Pendant des deux derniers mois, la météo a été fluctuante. Début novembre, un gros de coup de vent a cassé net les pieds des pylônes avec drapeaux que l’entreprise La Verchéenne avait posés en bout de digue. Du sable et des algues sont passés par dessus le retour de vague. Mais bien moins que ce que nous avions connu par le passé avec l’ancienne digue, laquelle était moins haute que la nouvelle.
Lorsque la météo est calme, c’est un grand plaisir que de flâner en haut de la digue. Ce week-end de Noël et ces jours-ci, beaucoup de monde s’y promène déjà.

La digue est désormais bien à nous !

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Il reste encore en place un bâtiment de chantier. Quelques ultimes finitions seront entreprises après les Fêtes.

Et la digue du Boutillon sera vraisemblablement officiellement inaugurée fin janvier.

Ile de Ré - Digue du Boutillon - Parking - 22 décembre 2016
22 décembre 2016. 

Voici de quoi vivre en vidéo les derniers travaux de la digue du Boutillon.


C’est le dernier film que je poste au sujet du chantier. Pendant plus de trois années, j’ai suivi ce chantier de bout en bout avec grand intérêt.

J’ai beaucoup appris. J’ai découvert des métiers que je ne soupçonnais pas, et j’ai surtout constaté un investissement humain incroyable. J’ai souvent été scotchée par l’implication des équipes. Je les ai vus travailler par tous temps, dans le froid, dans le vent, sous le soleil brûlant. Et même la nuit. J’ai vu ceux qui avaient la responsabilité du chantier, hommes et femmes, se concerter en réunion afin de trouver des solutions face à l’imprévu, se poser des questions, contourner les problèmes. Ils peuvent tous se sentir fiers du travail accompli.

Un énorme merci à tous ceux qui m’ont autorisée à faire ces reportages au fil des semaines, afin que je puisse les partager avec vous.

Pour terminer, je vous adresse une photo qui me rappelle de très très mauvais souvenirs. C’était le 2 mars 2010, soit deux jours après la tempête Xynthia. Pauvre vieille digue, elle était entièrement scalpée !

Digue du Boutillon apr!ès Xynthia - 2 mars 2010
2 mars 2010.

 

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