Dernièrement je vous ai parlé de la reconstruction de la digue de Saint-Clément des Baleines et de la future installation d’une porte et des murets au port de La Flotte. Ces ouvrages vont être édifiés dans le cadre du PAPI de l’île de Ré (Programme d’Action de Prévention des Inondations).
Un troisième projet est dans les tuyaux : l’aménagement des défenses dans la partie Est du village de Loix.
A Loix, pendant la tempête Xynthia du 28 février 2010, l’ensemble du dispositif de défense contre la mer a été submergé. Le village est même resté isolé quelques jours du reste de l’île de Ré : Loix n’était plus une presqu’île, mais était redevenu une île, comme au Moyen Age ! Les digues, qui n’appartiennent à personne, se sont avérées totalement défaillantes, leur entretien ayant été délaissé au fil des ans.
La mer a inondé plusieurs maisons sur une hauteur d’un mètre et plus. Elle aussi submergé les digues de marais situées à l’Ouest, lesquels marais ont fonction d’espace tampon pour ralentir l’eau. Fort heureusement, les deux zones de submersion ne se sont pas rejointes. Plusieurs maisons ont été déclarées en zones noires, dites zones de solidarité, quatre d’entre elles ont été rasées après un rachat à l’amiable par l’Etat.
Des études ont été menées par le cabinet Egis Eau. Elles ont conclu à la nécessité d’améliorer le rôle de protection anti-submersion des digues de Loix, et notamment de refaire 4 km de digues existantes sur la partie Est du village, en sécurisant parallèlement les vannes et les clapets afin qu’ils puissent pleinement jouer leur fonction.
Sur le secteur de la Fosse de Loix cinq tronçons seront confortés. Afin de parfaire le dispositif un renforcement des levées sera opéré pour assurer en complémentarité protection et frein à la mer. Ceci répond à une logique de casiers : pour le cas où l’eau arrive et submerge la digue, les levées permettent un remplissage en cascades, en ralentissant ou bien en bloquant l’eau, ce qui laisserait une marge de temps et de manoeuvre pour faire face à une telle situation. Tout dépendrait quand même bien sûr de l’importance du franchissement de la mer ou même l’éventualité de brèches dans la digue. Si la mer arrivait, elle envahirait donc d’abord les marais et ensuite les terres.
Pour la digue du cul de l’âne, longue de 500 mètres, qui part du port, et pour la digue de la petite Tonille, longue de 1 145 mètres qui la prolonge, des enrochements de type calcaire sont envisagés. Ces digues seront également rehaussées. Dans l’urgence, quelques mois après la tempête, la petite Tonille avait déjà été sécurisée, ses talus avaient été confortés avec de l’enrochement calcaire et ses brèches avaient été colmatées. Une partie de l’édifice en béton avait été repris.
La digue de la grande Tonille mesure 650 mètres. Les talus de la première partie sont en enrochements calcaires, il ont été stabilisés après Xynthia. La seconde partie est en béton. A cet endroit, la mer peut taper fort. La digue sera rehaussée et enrochée avec de la diorite, des grosses pierres de couleur noir-bleu.
Sur le haut de la plage de la Tonille, il existe déjà des protections en enrochements dioritiques végétalisés. Un talus complémentaire d’enrochements sera créé, intégré à la plage sans toutefois trop l’empiéter, ceci afin de la protéger contre l’érosion.
La digue du Grouin Nord est bien exposée à la houle et au vent. Ici ça peut cogner dur. Au moment de Xynthia, cette petite digue s’est totalement écroulée, les galets ont traversé la route. Des enrochements en diorite seront posés sur 195 mètres.
Trois levées de terre constituent des protections dites de « second rideau » : le merlon du fossé des Martineau, la levée de terre de la ferme marine et la levée de la Tonille. Ces trois levées seront rehaussées pour résister à des aléas de tempête type Xynthia, et étanchéifiées par un remblais sur le talus, côté mer des ouvrages. Leur longueur cumulée est de 2130 mètres. En cas de rupture de digue, les merlons seront là pour protéger le village.
Lors de Xynthia la mer est aussi passée par le port, qui s’est avéré un point faible de tout le système. Une quatrième levée de terre, totalement nouvelle, sera édifiée dans le secteur Ouest du moulin à marée. Elle sera constituée d’un rideau de palplanches dont la partie émergée mesurera en moyenne 1,08 m de hauteur. La longueur de la levée prévue est de 216 mètres. Une porte anti- submersion sera mise en oeuvre afin de conserver l’accès par la passerelle en bois qui rejoint la piste cyclable vers La Couarde.
En plus, pour contrer le risque et empêcher le franchissement de l’eau, il est envisagé de créer une ceinture anti-submersion démontable, qui ne gênera pas l’activité de la cale de mise à l’eau actuelle. La place du port devrait également être réhabilitée, avec l’installation d’un muret de protection de 65 cm de haut. Néanmoins, le dossier reste encore à finaliser.
Tout ceci constitue encore un autre grand chantier en perspective… Les travaux sont estimés à 5 400 000 €. Comme pour tous les PAPI de l’île de Ré, l’Etat prend en charge 40 %, la Région Poitou-Charentes 20 %, le Conseil Général 20 % et la Communauté de Communes 20 %. Ils devraient débuter fin août 2015. Ils seront réalisés en deux temps : d’abord les digues, et ensuite les levées pour tenir compte de la saison printanière de nidification des oiseaux. Au total, il y en aura pour neuf mois.
De même que pour Saint-Clément et La Flotte ce projet fait l’objet d’une enquête publique de déclaration d’intérêt général (DIG). Jusqu’au 18 juillet, chacun peut donc aller s’exprimer sur l’intérêt, soit par lettre, soit en écrivant sur le registre prévu à cet effet à Loix. Ou bien même rencontrer le commissaire enquêteur qui assurera une permanence le 17 juillet 2014 de 10 h à 13 h à la mairie de Loix.