150 ans de Casadesus

Un livre intitulé tout simplement « Les Casadesus » vient de sortir. Toutes les familles, quelles qu’elles soient, ont sûrement des histoires étonnantes à raconter. Mais là il s’agit d’une famille exposée aux feux de la rampe dont l’aventure a débuté au milieu du 19ème siècle. Une famille aux talents artistiques gravés dans les gênes.

Livre Les Casadesus - juillet 2022

Vous le savez certainement Les Casadesus ont un lien fort avec l’île de Ré. Gisèle Casadesus, comédienne et sociétaire de la Comédie Française, repose dans le cimetière d’Ars-en-Ré auprès de son mari Lucien Probst, lui même acteur. Beaucoup dans le village se souviennent également de son frère, Christian Casadesus, homme de théâtre. Il était toujours à vélo, vêtu d’une vareuse bleue, et il aimait particulièrement les discussions autour d’une table, toujours la même, à gauche de l’entrée du Café du Commerce.

Frédérick Casadesus - juillet 2022

C’est Frédérick, le fils de Christian, qui raconte aujourd’hui 150 ans d’une saga familiale d’artistes.

L’auteur est journaliste et chroniqueur radio. Lire son livre c’est comme entendre une émission de radio historique. « J’ai le goût de la musique des mots » convient-il. « Ma mère était chanteuse de cabaret rive gauche, j’ai une oreille musicale de ce côté familial aussi ! C’est vrai que je vise à ça, à une écriture musicale ». Ah oui, cela se perçoit réellement…

Frédérick Casadesus vient mardi 19 juillet pour une matinée de dédicaces chez Ars Presse, place de l’église, de 10 h à 13 heures.

Dès la première page, le ton est donné : « Voici l’histoire d’une famille française, donc d’origine étrangère, aimant la République avec passion, les trois couleurs avec fidélité. Les Casadesus vivent de musique et de théâtre depuis plus de cent cinquante ans. Gestes fauves, murmures, cavalcades en coulisses, tirades sous les poursuites, chaque génération s’efforce de porter sur scène sa contribution ».

A la fin de l’ouvrage il indique les noms des « personnages par ordre d’entrée en scène », dont nous suivons les pérégrinations au fil des pages.

Le rideau s’ouvre en 1812 sur le couple fondateur de la dynastie : Francesco Casadesus et Antonia Picañol. Ils habitent Figueras, en Catalogne espagnole. Ils ont trois enfants, dont les prénoms seront francisés sur les actes de naissance. L’histoire racontée au travers des quelques 200 pages du livre est aussi le propos d’une d’intégration. Un sujet vraiment d’actualité aujourd’hui… « Nos aïeux ont vraiment chercher à s’intégrer, et bien souvent ils ne savaient pas comment se situer. Ils sont attendrissants car ils ont vraiment voulu devenir Français » ajoute Frédérick.

La lignée d’artistes se construit sous nos yeux de lecteur. Au sujet de l’arrivée de Rosa Maria et de sa fille Francesca à Paris en 1830 l’auteur écrit :  » La folie du spectacle déborde les rues, fait naître mille théâtres, au point que la Seine et la scène se confondent. L’antique ville politique est devenue la cité des plaisirs. Rosa devient costumière au Châtelet. De là vient la vocation de sa fille. Francesca découvre le théâtre, le ver est dans le fruit… La fille de Rosa Maria se laisse tenter, devient l’une de ces créatures exposées sur la scène comme à la ville… Son heure de gloire semble avoir été de jouer les soubrettes auprès de Sarah Bernhardt à l’occasion d’une tournée en Egypte ». Puis naît Luis, qui « se rêve un destin de musicien ».

La suite vous la découvrirez. L’installation dans les arrondissements du nord de Paris, devenus au fil des années le bastion de la famille. L’apprentissage de la musique : « Aux garçons le violon, qui permet de se produire au dehors, aux filles on apprend le piano, de réputation bourgeoise, qui reste à l’abri des mauvaises vies ». Et l’étonnante destinée de tous, jusqu’à la génération actuelle.

Chacun des neufs enfants de Luis et de son épouse Mathilde et de leurs descendants fait l’objet d’un chapitre. « Il ne s’agit pas du portrait de chaque individu, c’est l’histoire collective d’une famille » précise l’auteur. Au chapitre dédié à Henri, un des fils, il est de nouveau question d’intégration : il a rencontré et épousé Marie-Louise, dont la mère était juive et russe, ils auront alors deux petits enfants : Christian et Gisèle. C’est dans ce chapitre que l’on apprend les raisons de leur venue à l’île de Ré et l’attrait que ce petit territoire insulaire a eu sur eux.

Le livre a mûri dans la tête de l’auteur durant vingt années. « Il a une charge symbolique et affective forte. Un jour j’ai trouvé la clé, en structurant le plan, et ensuite je n’avais plus qu’à écrire ! » dit l’auteur avec humilité.

Christian Casadesus, le père de Frédérick, souhaitait raconter cette saga familiale connue et reconnue. « Lorsque j’ai mis le point final, j’ai été submergé par l’émotion, car effectivement c’était le projet de mon père, mais il n’a jamais abouti ».

Voilà un hommage à une famille, bien documenté, passionnant et plaisant à lire !

Photo Famille Casadesus - DR
Photo : D.R.

Le livre est édité par Les éditions du Cerf. Il coûte 20 euros.

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